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Il n’y a aucune forme d’autorité à laquelle l'on peut faire confiance. On ne fait pas confiance au gouvernement, ce qu’il faut faire, c'est contester son autorité, on doit lui demander de se justifier et s’il ne le peut pas, on doit le démanteler. N. Chomsky

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Billet de blog 25 avril 2020

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Il n’y a aucune forme d’autorité à laquelle l'on peut faire confiance. On ne fait pas confiance au gouvernement, ce qu’il faut faire, c'est contester son autorité, on doit lui demander de se justifier et s’il ne le peut pas, on doit le démanteler. N. Chomsky

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Plaidoyer pour une démocratie directe - Part 2: les docteurs réactionnaires

Dans ce deuxième volet de Plaidoyer pour une démocratie directe, nous continuons notre progression dans les dédales de la pensée des docteurs réactionnaires ‘libéraux’ et néolibéraux qui n’ont de cesse d’entraver l’avènement de la démocratie directe.

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Il n’y a aucune forme d’autorité à laquelle l'on peut faire confiance. On ne fait pas confiance au gouvernement, ce qu’il faut faire, c'est contester son autorité, on doit lui demander de se justifier et s’il ne le peut pas, on doit le démanteler. N. Chomsky

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Lorsqu’il veut décrire notre système politique, Bernard Manin dans son livre « Principes du gouvernement représentatif »(2) parle plutôt de régime de gouvernement représentatif, et pour Loic Blondiaux : « La méfiance organisée à l’égard du peuple caractérise le gouvernement représentatif, cette forme politique dans laquelle une aristocratie élue au suffrage universel revendique pour elle la légitimité d’agir. »(3)

Jacques Rancière énumère ainsi les règles définissant ce que nos gouvernements représentatifs et ce que l’on considère comme le minimum pour se déclarer démocratiques : « des mandats électoraux courts, non cumulables, non renouvelables ; le monopole des représentants du peuple sur l’élaboration des lois ; l’interdiction aux fonctionnaires de l’État d’être représentant du peuple ; la réduction au minimum des campagnes et des dépenses de campagnes et le contrôle de l’ingérence des puissances économiques dans les processus électoraux. »(7) Originellement pensé pour éviter à ceux qui aime le pouvoir de s’en emparer, cette liste peut nous faire mourir de rire, lorsque l’on connait les travers du fonctionnement de l’État, du gouvernement et des élus locaux, et Rancière qui n’est pas dupe, nous dit : « élus éternels, cumulant ou alternant fonctions municipales, régionales, législatives ou ministérielles et tenant à la population par le lien essentiel de la représentation des intérêts locaux ; gouvernements qui font eux-mêmes les lois ; représentants du peuple massivement issus d’une école d’administration ; ministres ou collaborateurs de ministres recasés dans des entreprises publiques ou semi-publiques, partis financés par la fraude sur les marchés publics ; hommes d’affaires investissant des sommes colossales dans la recherche d’un mandat électoral ; patrons d’empires médiatiques privés s’emparant des médias publics ».

Pour Rancière : « Nous vivons dans des États de droits oligarchiques », qui permet l’accaparement de la chose publique « par une solide alliance de l’oligarchie étatique et de l’oligarchie économique », un pouvoir où les élections y sont libres et où « les urnes n’y sont généralement pas bourrées et l’on peut s’en assurer sans risquer sa vie ». Il résume en diagnostiquant le malaise de nos pseudo-démocraties comme les maux liés à l’insatiable appétit des oligarques, qui mettent tout en œuvre pour nous « détourner de nos passions démocratiques vers les plaisirs privés qui nous rendent insensibles au bien commun. »(7)

Lorsque je pense à la démocratie directe, je pense instinctivement à cette réflexion de Bertold Brecht :

« ceux qui prennent la viande de la table enseignent le contentement
ceux à qui les impôts sont destinés, exigent un sacrifice
ceux qui mangent à leur faim, promettent des moments merveilleux aux affamés

…ceux qui conduisent le pays dans l'abîme disent qu’il est trop difficile de diriger un pays pour les gens ordinaires. »

Illustration 1

La leçon de Brecht est ici instructive, pourquoi continuer à faire confiance en des gens qui se prévalent être nos représentants et qui n’ont eu de cesse de nous mener à des guerres, des catastrophes humanitaires, des génocides, la misère économique et sociale, des crises sanitaires et économiques, et finalement la destruction de notre habitat. Qu’est-ce qui nous pousse à penser qu’ils sont plus aptes à faire de la politique que les citoyens eux-mêmes, de mener les affaires d’une ville, d’une nation. Pourtant, les exemples ne manquent pas pour prouver qu’ils sont des incapables.

Eh bien, d’énormes efforts on était mis en place pour sans cesse dévaloriser la plèbe et Brecht avait bien isolé ce processus lorsqu’il nous dit que : les hommes de pouvoirs « qui conduisent le pays dans l'abîme disent qu’il est trop difficile de diriger un pays pour les gens ordinaires. »

Pourtant c’est bien l’argument ultime de nos politiciens et des détracteurs de la démocratie directe, qui est de dire que le peuple est incapable de se gouverner. Cette condescendance actuelle de l’oligarchie politique et économique n’est pas nouvelle, de tout temps les élites qu’ils soient religieux, aristocrates, bourgeois ont participé de ce dénigrement du peuple qu’ils ont toujours considéré comme la populace, dont certaines catégories n’étaient même pas considérées comme des personnes, mais plutôt comme des bêtes - ici nous pensons aux aborigènes de tous pays, à certaines catégories de personnes vivant dans les pays colonisés par l’occident.

Le dénigrement des masses populaires par nos élites politiques et économiques est certain et il a toujours une place importante dans le discours de nos politiciens aujourd’hui. Mais avant de considérer comment nos élites participent de cette trahison et de ces calomnies, nous allons voir comment s’insèrent ces détractions dans la pensée de John Locke, qui est considéré comme le père du libéralisme tant politique qu’économique.

La pensée de John Locke s’inscrit à la Restauration anglaise qui prend place vers 1660, ses écrits s’échelonnent de 1667 à 1693, et pourrait se résumer ainsi : réduire les fonctions et le pouvoir de l’État à la protection et la garantie de l’individualisme, individualisme auquel on a ajouté l’adjectif possessif. L’individualisme possessif, c’est l’autonomisation des droits des individus qui « rejoint et participe de celle de la propriété privée », auquel s’ajoute la protection de cette propriété par un tiers arbitre. Le tiers arbitre pour Locke étant le pouvoir politique, qui a le devoir de se charger de « régler tous les litiges et punir les contrevenants » aux abus concernant la propriété. (8) À savoir que dans propriété Locke englobe aussi bien la propriété privée -l'esclave étant à ses yeux une propriété - que la liberté, et l’existence de l’individu elle-même.

La propriété privée est un point important qui nécessite clarification pour nous autres occidentaux élevés dans le contexte des dernières 250 années d’économie capitaliste. La propriété privée telle qu’on la comprend maintenant n’a pas toujours été définie telle qu’on l’entend actuellement. Tout d’abord, un point important est que la propriété individuelle ou privée se déploie sur l’abolition des droits féodaux. Au premier abord et sans connaissance des rouages de la propriété féodale, on pourrait penser que tout a était pour le mieux, mais une approche comparée nous montre que l’avènement de la propriété individuelle à largement permit la dépossession de la terre à un large pan de la société civile, et plus particulièrement comme nous pouvons l’imaginer la partie la plus pauvre de la société.

Cette dépossession, qui apparait en France au 18e siècle et qui prendra toute son ampleur dans la moitié du 19e siècle, advient avec la promotion des clôtures qui manifesteront « la séparation du propre et du commun, du privé et du public »(6) , alors qu’auparavant une telle distinction n’était pas clairement possible, car ces concepts s’interpénétraient et interdises les enclos.  La terre dans la propriété féodale, avant l’introduction de la propriété privée était soumise aux usages et coutumes et empêchaient les terrains d’être la propriété absolue et exclusive de personne. Ainsi, le droit coutumier français et le rapport de la paysannerie avec les biens fonciers niaient l’idée de propriété exclusive. Il n’est donc possible à personne de faire ce qu’il souhaite de son terrain, car comme nous l’explique Pierre Crétois dans son livre : le Renversement de l’individualisme possessif : « dans le droit coutumierles individus se partagent divers droits sur les mêmes terres…et…les droits divers que l’on partage sur les terrains sont indépendants de tout droit de propriété absolu et exclusif ». Il était donc impossible de considérer qu’un terrain était à quelqu’un à l’exclusion de tous les autres.

Nous ne développerons pas cet aspect, car il n’est pas le sujet direct de cette émission, mais il nous permet de donner un contexte à la promotion du droit à la propriété chez Locke, qui veut affranchir les individus – en tout cas certain comme nous le verront – aux exigences de la vie civique et récuse tout fondement non-individuel du droit, permettant à certains individus d’imposer aux autres leur personnalité juridique.(6)

Cette situation théorique et temporelle de Locke étant faites, et pour la poursuite de notre sujet à savoir de dédain et la condescendance à travers laquelle les élites traitent le peuple dans sa possibilité à poursuivre son destin politique pour l’avènement de la démocratie directe, l’attitude de Locke nous apporte un certain éclairage.

Homme qui défendait et sanctifiait la possession individuelle de la propriété dans son aspect le plus strict, Locke défendait des idées, qui comme on peut l’imaginer défendait ses intérêts. Il était propriétaire d’exploitations agricoles et ses terres lui rapportées une revenue de 240 pounds à l’année, il possédait des investissements dans le commerce de la soie, dans le commerce des esclaves, et autres commerces à l’étranger, ainsi que de l’argent dans des prêts à courts termes et hypothèques. Vers 1694, il prit également des actions émises par la Banque d’Angleterre et possédait 1500 pounds de ressources non placées. Son patrimoine à sa mort s’élevait à 20 000 pounds, ce qui le plaçait dans les hautes sphères de la société de l’époque parmi les aristocrates, chevaliers, barons, gentlemen, administrateurs, personnes de lois et marchants, en résumé l’oligarchie économique et intellectuelle de l’époque. Nous pouvons le classer dans la catégorie des « commerçants philosophes » où Voltaire, qui avait 10 ans à la mort de John Locke, aimait se ranger - Il était d’ailleurs, comme Locke, impliquait dans le commerce de la traite des esclaves.

Dans la société conservatrice de John Locke, la classe ouvrière, les plus pauvres et les indigents, en réalité toutes personnes qui n’avaient pas de propriétés personnelles et qui dépendaient d’un emploi ou de la charité faisaient bien partie de la nation, mais n’étaient pas membres à part entière du corps politique et ne pouvaient pas s’en réclamer. Ils n’avaient pas de droits civils et politiques. Locke partageait ces convictions. Parce que l’époque considérée le chômage non pas dû à des causes économiques, mais à la morale dépravée des plus pauvres, les élites économiques étaient encouragées à exploitation cette main-d’œuvre et les juges de paix de la transformer en travail forcé. La multitude de forçats envoyait dans les colonies en Australie était une bénédiction pour les classes dirigeantes et à permit l’installation de l’Angleterre dans le pays austral à moindres frais. Les enfants de plus de 3 ans étaient considérés comme un poids pour la société, et étaient envoyés au travail.

En 1697 Locke écrit : « le chômage n’est rien d’autre que le manque de discipline et la corruption des mœurs. »(9) Pour Locke, le peuple est un problème de politique nationale, un objet sujet à l’administration, plus qu’un citoyen à part entière. Locke écrit : « celui qui emploie ses mains à la bêche et la pioche, n’a pas l’usage de sa tête pour des réflexions sublimes et peut seulement comprendre de simples propositions, et de petites réflexions sur la vie courante, s’ils dépassaient cela, nous en serions étonnés. »

Ainsi, Locke conclut que le peuple « ne peut être laissé à la seule supervision des lois de la raison ou de la nature, il est incapable de suivre des règles de conduites et de vivre une vie rationnelle. Il faut donc la rigidité des ordres pour l’amener à l’obéissance et au travail. » (9)

« Lors de la Restauration anglaise, les droits civils et politiques du peuple disparaissent du paysage, et l’idée pour l’élite économique et politique – qui est souvent composée des mêmes personnes – de l’insuffisance morale de la majorité du peuple est élevée au statut d’orthodoxie économique, dit autrement : d’une réalité économique intrinsèque à leur nature. Ainsi, le traitement de la main d’œuvre avoisine celui du traitement des esclaves dans les colonies. » William Petyt résume ainsi la vision qu’ont les élites politiques et économiques sur le peuple par: « Le peuple est la commodité la plus fondamentale et précieuse, à travers laquelle on peut extraire la main d’œuvre pour la création tous types de commerces, conquêtes et domination. Ce capital brut et indigeste doit être sous la suprême autorité qui saura l’encadrer, la gérer et la façonner pour faire fructifier son travail, avec plus ou moins davantage. »(9)

La société 17ème siècle, considère le peuple comme sujet de l’État, mais ne lui accorde pas l’appartenance à l’appareil d’État, ce qui signifie que le peuple est sujet à toute la panoplie de l’appareil judiciaire de l’État. Il était admis que « la mauvaise administration du peuple ne consistait pas à le laisser dénué de subsistance, mais à permettre à cette détresse de se muer en révolte. »

Deux siècles après Locke la situation n’avait guère changé, dans la moitié du 19ème siècle le degré l’exploitation du peuple avait atteint son paroxysme. Pour le philosophe Domenico Losurdo : « Toute la critique de Marx est dans la déshumanisation du peuple dans la société capitaliste. » La dépossession démocratique poursuivait son chemin et les diverses révolutions populaires que connut le 19ème siècle pour rétablir la donne démocratique apportée par la Révolution française n’arrivèrent pas à endiguer la poursuite d’un capitalisme sauvage. Le peuple était redevenu une entité qu’il fallait subjuguer, pour assouvir ses désirs de rentabilité et de profits.

Qu’en est-il du 21ème siècle ? Les questions de la souveraineté du peuple semblent être restées dans ses balbutiements, et l’avancée fulgurante des technologies n’y a rien changé. Bien au contraire la dépossession démocratique a favorisé la mise à profits et le détournement des avancées technologique et des ressources naturelles du bien commun vers les intérêts privés. Il reste que les élites politiques et économiques eux non plus non pas évolués, ils sont toujours limités par cette faiblesse d’esprit des possédants, à l’image des limites de Locke, pour pouvoir s’extirper de l’impasse du ‘self-made-man’ et du mythe du mérite et de la force d’esprit fabriquer par un ego disproportionné. Ils ont comme le dit Jacques Rancière, la haine de la démocratie, mais encore plus du peuple. Cette haine du peuple se manifeste dans les lois de réforme du travail et de chômage mis en place par le gouvernement de Macron, où à l’image de la société de Locke les plus précaires sont jugés responsables de leurs conditions et incapables de se prendre en charge, il faut donc les contraindre à n’importe quel travail et dans n’importe quelles conditions.

Cette attitude ne diffère pas de celle des élites du temps de Locke, une bienveillance teintée de mépris ou en réalité la bienveillance se résume à promouvoir les intérêts propres à l’élite dirigeante.

Une figure représentative de ces énarques qui clamait sa présomptueuse droiture et intégrité, mais qui se révélera nauséabondes, est celle de Raymond Barre. Premier ministre sous Giscard que celui-ci considéré comme le meilleur économiste de France, il était aussi un cumulard, professeur d’université, commissaire européen, député, maire. L’homme qui se présenté à ces concitoyens comme la rigueur en personne, qui parlait de combattre la fraude fiscale, qui n’avait pas de cesse de condamner les chômeurs qui était pour lui de simples fainéants, se construisait une villa dans une opération immobilière vérolée, où il a été soupçonné d’avoir tapé dans les fonds secrets du gouvernement pour la construire. Il avait dissimulé 6 millions 800 mille euros en Helvétie, sans jamais la déclarer au fisc, 14 fois plus que le ministre du Budget de Hollande, Jérôme Cahuzac. L’enquête de ces malversations est à ce jour enlisé dans les procédures juridiques, sans réelle volonté d’arriver à une conclusion. 

Malheureusement, les exemples de politiciens et businessmen véreux sont monnaie courante maintenant, et qui plus est par le passé où dévoiler de telles affaires n’était même pas envisageable, la liberté de la presse n’existant pas.  Ces élites qui clament leur vertu et qui pensent que les gens ordinaires sont trop ignorants pour diriger un pays, on dévoyait le sens même de ce qu’est la démocratie, et n’ont de cesse d’empêcher son avènement. C’est le devoir du peuple, comme citoyen, de reprogrammer la mise en place de la démocratie directe et la mettre à l’ordre du jour. 

Pour finir, nous ferons un petit rappel : la révolution américaine a été faite par des propriétaires terriens. Dans les 36 premières années de la ‘démocratie’ américaine, tous les présidents étaient des propriétaires d’esclaves. Pour Losurdo : « l’abolition de l’esclavage ne pouvait pas être la pensée de propriétaires de propriété privée, mais d’intellectuels qui n’étaient pas propriétaire et qui étaient enclins à penser l’universalité, c’est-à-dire pouvoir penser le concept de la liberté pas seulement pour une communauté réduite, mais pour toute la communauté. Ainsi, à cause de l’existence de l’esclavage dans la société américaine de l’époque, l’universalité qui fait son apparition dans la révolution américaine n’a pu devenir complète que dans la Révolution française, qui seule abolit l’esclavage en 1793-1794 – notons que Napoléon Bonaparte l’a rétabli en 1802.

La république, issue de la révolution de 1789, développe la démocratie où les Montagnards et Robespierre mettent en place la souveraineté du peuple. En 1795, elle sera révoquée par le Directoire – la république dictatoriale. En 1799, au lendemain du coup d’État de Napoléon Bonaparte suivra le processus de révocation de cette souveraineté, la souveraineté du peuple est volée par la dictature, et est formulée par Cabanis, qui était en faveur de ce coup d’État, et qui la décrit en ces termes : « tout se fait pour le peuple et au nom du peuple ; rien ne se fait par lui ni sous sa dictée irréfléchie ... le peuple est souverain, mais tous les pouvoirs dont sa souveraineté se compose sont délégués », la démocratie se réduisant à l’élection des représentants. (10)

Pourtant, « Robespierre se réfère systématiquement à la Déclaration des droits de l’homme et précise que la Déclaration est la feuille de route des pouvoirs législatifs et exécutifs, les citoyens pouvant grâce à elle contrôler si la politique menée par ses commis est conforme aux principes qui sont énoncés dans le texte. Dans le préambule de la déclaration on y lit:

« Les Représentants du Peuple français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, ont résolu d'exposer, dans une Déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'Homme, afin que cette Déclaration, constamment présente à tous les Membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs ; afin que les actes du pouvoir législatif, et ceux du pouvoir exécutif, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés ; afin que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution et au bonheur de tous. »

Ce préambule sera amputé dans le projet de Déclaration que tentent de faire passer les Girondins en 1793 avant d’être démis de leur mandat, puis par les Thermidoriens qui en 1795 vident la Déclaration de sa substance, qu’ils jugent « anarchique ». La même année, Jeremy Bentham qui réside en France, le fondateur de l’utilitarisme des piliers du néolibéralisme, le dénonce comme « le langage de la Terreur » qui est à l’œuvre dans la Déclaration de 1789. Pour ses contemporains, celle-ci possède donc une dimension subversive qui ne vise pas uniquement l’Ancien Régime, mais aussi l’idéologie propriétaire et le capitalisme qui vont s’épanouir au XIXe siècle. »(11)

C’est Jean-Jacques Rousseau qui avait introduit l’idée que la souveraineté doit toujours résider dans le peuple, et qu’elle lui est inaliénable. Après la rédaction de ses manuscrits de 1755 et en 1762 « discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes » et le Contrat social, Jean-Jacques Rousseau sera persécuté, on lancera plusieurs mandats d’arrêts contre lui et lors de sa fuite vers Genève, sa ville natale, Voltaire demande au grand conseil de Genève de lancer un mandat d’arrêt contre lui, ce qui sera fait. Même si l’on ne le considère pas Jean-Jacques Rousseau comme un inconditionnel de la démocratie directe, il en est le père.

Jean-Jacques Rousseau sera pourchassé en Europe, on a voulu le faire taire. En 1762, à Paris et à Genève on brulé l’Émile et le contrat social,

Heinrich Heine a écrit que : « Là où on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes ».

RPNRG

(2). Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif 

(3). Loic Blondiaux, Le nouvel esprit de la démocratie, 2008

(4).https://fr.wikipedia.org/wiki/Statut_juridictionnel_du_pr%C3%A9sident_de_la_R%C3%A9publique_fran%C3%A7aise

(5). Albert Soboul, La Révolution française

(6). Simon Fontvieille et Jean-Baptiste, Toulon, le maire organise son plébiscite, Le Monde diplomatique, mars 2020.

(7). Jacques Rancière, La haine de la démocratie

(8). Pierre Crétois, Le renversement de l’individualisme possessif

(9). Crawford Macpherson, La théorie politique de l’individualisme possessif

(10). Yannick Bosc, Le peuple souverain et la démocratie. Politique de Robespierre

(11). https://revolution-francaise.net/2019/10/15/733-le-peuple-souverain-et-la-democratie-politique-de-robespierre

(12). Hervé Liffran, Le magot suisse de Raymond Barre, Canard enchainée du 3 juillet 2019

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