Récapitulons.
Le soir de sa réélection le 24 avril 2022, Emmanuel Macron déclarait : "Je sais aussi que nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi, non par conviction pour notre projet, mais pour faire barrage à celles de l'extrême droite. Je veux ici les remercier et ce vote m'oblige pour les années à venir."
Lors du deuxième tour des élections législatives le dimanche 19 juin 2022, les trois formations macronistes ont refusé d'appeler à voter pour les candidats de la NUPES opposés en duels au Front National. S'en est suivie l'élection de 89 députés d'extrême droite.
Les députés macronistes et de la droite LR ont voté pour les deux candidats du Front National aux vice-présidences de l'Assemblée Nationale. Dont Sébastien Chenu, qu'une enquête menée en caméra cachée par un journaliste de la chaine Al Jazeera a montré en train de festoyer dans le bar la Citadelle à Lille en compagnie de militants violents d'ultra droite dont ce lieu est le siège.
Par comparaison, quand l'AFD, le parti d'extrême droite allemand, avait obtenu il y a quelques années un nombre important de députés au Bundestag, tous les autres partis politiques avaient écarté celui-ci de toute responsabilité en son sein.
Dans la nuit de vendredi à samedi 25 juin 2022, des militants d'extrême droite ont effectué une descente dans le quartier populaire de Saint-Michel à Bordeaux, invectivant des passants, tenant des propos racistes, imitant des cris de singes, agressant des personnes à coups de barres de fer.
Le 11 octobre 2022,La présidente Renaissance de l'Assemblée Nationale, Yaël Braun-Pivet, a sanctionné la députée Renaissance de Paris Astrid Panosyan-Bouvet pour avoir qualifié le Front National de parti xénophobe.
Le 3 novembre 2022, à l'Assemblée Nationale, le député Front National de la Gironde Grégoire de Fournas apostrophe le député La France Insoumise du Val d'Oise Carlos Martens Bilongo, noir de peau, en train d'intervenir sur le sort des migrants recueillis à bord du navire humanitaire l'Océan Viking, d'un "(qu'il(s)) retourne(nt) en Afrique !"
Le 7 décembre 2022, lors d'une réunion-débat de deux députés LFI, Carlos Martens Bilongo et Louis Boyard, élu du Val de Marne, avec des étudiants de l'université Bordeaux-Montaigne, une vingtaine de militants d'extrême droite cagoulés, armés de barres de fer et de matraques téléscopiques ont tenté de s’introduire dans l’amphithéâtre où se déroulait la rencontre en proférant des slogans racistes et en arborant une banderole indiquant retourne en Afrique.
Depuis environ six mois, des militants d'extrême droite multiplient les tags injurieux sur divers bâtiments : locaux du Planning Familial, d'associations soutenant les LGBTQI, d'associations aidant les migrants, permanence du député LFI de la Gironde Loïc Prud'homme.
Le 11 janvier 2023, le maire de Callac, dans les Côtes-d'Armor, annonce renoncer au projet d'accueil de réfugiés migrants à la suite de manifestations de militants d'extrême droite et d'ultra droite ainsi que de menaces de meurtres et de viols visant des élus municipaux.
Pour s'opposer au transfert d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile au sein de la commune de Saint-Brévin-Les-Pins, en Loire Atlantique, des manifestations de militants d'extrême droite de Reconquête ! et du Front National ainsi que de divers groupuscules d'ultra droite, suivies de l'incendie de la maison et des deux voitures de sa famille, ont conduit le maire divers droite de cette commune à démissionner de son mandat le 9 mai dernier, déplorant une absence de soutien de l'État.
Ces dernières semaines, des militants d'extrême droite néofascistes et néonazis ont défilé librement notamment dans les rues de Paris au cours d'une manifestation autorisée par la préfecture de police parisienne. Ils défilaient militairement en rangs serrés, cagoulés, en arborant des croix celtiques, symbole de l'extrême droite européenne.
Axel Loustau, militant du GUD, figure de l'extrême droite et de l'ultra droite, condamné à la suite d'une enquête de Mediapart pour avoir effectué un salut fasciste lors d'une fête à l'occasion de son anniversaire, responsable du financement des campagnes électorales de Marine Le Pen jusqu'au mois de janvier 2022, et très proche de cette dernière depuis leurs années étudiantes, participait à visage découvert à cette manifestation.
Le préfet de police de Paris a été jusqu'à déclarer que même si la manifestation avait été interdite, il ne disposait pas des forces de police suffisantes pour faire respecter cette interdiction.
Par contre, quand il s'agit de déployer des forces de l'ordre contre des militants écologistes ou des manifestations spontanées contre la réforme des retraites, les effectifs sont disponibles.
Tout dernièrement, ce jeudi 1er juin, la présidente macroniste de l'Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet déclare dans le Figaro : "Sébastien Chenu [Front National] n'est pas un bon mais un très bon président de l'Assemblée Nationale."
Après que, ce dimanche 28 mai, la première ministre Élisabeth Borne, tout à fait à juste titre, ait qualifié le parti de Marine Le Pen "d'héritier de Pétain, déclaré "qu'il ne faut pas banaliser ses idées, qui sont toujours les mêmes, qu'un changement de nom ne change pas les idées, les racines; que Marine Le Pen n'avait jamais renié l'histoire du Front National.", Emmanuel Macron a considéré que ces arguments contre l'extrême droite n'étaient plus adéquats.
Alors que c'est exactement le contraire: c'est à force de banalisation, de normalisation, tant de la part de nombreux média complaisants envers l'extrême droite, que de partis politiques la légitimant, notamment en traçant un signe égal, contre toute évidence, entre elle et la NUPES, entre elle et La France Insoumise, que le Front National essaie plus facilement de masquer son vrai visage.
Le dimanche 17 février 2019, Agnès Buzyn, alors ministre des Solidarités et de la Santé, avait déclaré : "Marine Le Pen joue un double jeu. Elle est contre l'antisémitisme mais elle a plein de néonazis dans son entourage; et dès qu'elle peut aller en Autriche ou à Bruxelles rejoindre les néonazis et mouvements d'extrême droite d'Europe et du monde entier, elle y court."
Marine Le Pen avait alors claironné qu'elle allait porter plainte contre Agnès Buzyn.
Plus de quatre ans plus tard, personne n'a entendu parler de dépôt de plainte.
CQFD.
Il est plus qu'urgent de rétablir un cordon sanitaire strict à l'égard de la peste brune.