La question de l'immigration est l'objet de débats parfois sérieux et dignes, le plus souvent d'utilisations électoralistes, de démagogie populiste, d'incitation au racisme, de propos racistes.
Il y a plusieurs types d'immigrations en France.
Pour tous les étrangers entrant sur le sol français, un premier devoir s'impose, comme le formulait récemment Edwy Plenel : celui de l'hospitalité.
Soit la satisfaction des besoins humains élémentaires : se désaltérer, se nourrir, dormir, faire sa toilette et se vêtir dans des conditions correctes, être soigné si nécessaire.
Soit donc la reconnaissance non négociable de leur qualité d'êtres humains, compte non tenu de leur origine, couleur de peau, religion.
Une fois cela réalisé, se pose la question de leur devenir, et d'abord, pour ceux qui le veulent, de leur avenir en France.
Distinguons les différents motifs d'immigration.
1° Les immigrés ayant une promesse d'embauche ou disposant de qualifications élevées leur permettant de trouver du travail dans les secteurs professionnels "sous tension", ainsi que, comme un certain nombre de Britanniques aisés, venant vivre leur retraite en France.
S'y ajoutent les étudiants étrangers.
Pour ceux-là, leur présence légale en France est prévue.
2° Les immigrés réfugiés car persécutés ou craignant à raison de l'être dans leurs pays de résidence pour nationalité, couleur de peau, religion, opinion politique, appartenance à un groupe social, action en faveur de la liberté, ainsi que ceux réfugiés car citoyens civils de pays en guerre menacés individuellement et gravement par une violence aveugle
Ceux-là sont éligibles au droit d'asile pour la première catégorie, à la "protection subsidiaire" pour la seconde.
Tous doivent en être bénéficiaires.
3° Les immigrés économiques en situation irrégulière, venant en France dans l'espoir d'y trouver un travail absent dans leurs pays d'origine.
Ceux-là se résolvent à s'éloigner de leurs racines, de leurs proches, poussés par la misère dans laquelle ils survivent.
La première chose qui s'impose, c'est de reconnaître leur formidable courage, à mon avis supérieur objectivement à celui des chômeurs français survivant également dans une misère réelle quoique moindre, mais chez eux.
Le deuxième aspect de leur situation impose de dire une vérité très peu exprimée : sans cette main d'oeuvre, un grand nombre d'entreprises de certains secteurs d'activité, notamment le BTP et l'hôtellerie-restauration, ne pourraient plus fonctionner et fermeraient, faute de main d'oeuvre autochtone disponible, en particulier du fait de la dureté du travail effectué et de la faiblesse des salaires versés.
Tous les étrangers en situation irrégulière qui ont travaillé en France et donc contribué à la richesse du pays doivent être régularisés.
S'agissant des raisons de fond de leur venue en France, elles sont très largement de l'ordre du développement économique insuffisant de leurs pays d'origine, particulièrement en Afrique.
A ce sujet, la baisse la plus forte historiquement du budget de l'aide au développement décidée par le gouvernement français cette année est inacceptable. Qui plus est quand le même gouvernement entend distinguer drastiquement les immigrés réfugiés des immigrés économiques.
Encore plus fondamentalement, nous vivons l'époque de la mondialisation, des rencontres planétaires physiques ou virtuelles via les nouvelles technologies de l'information et de la communication.
Il est vain et faux de penser les problèmes nationaux de façon étroitement nationale, rabougrie, fermée.
Un des plus grands enjeux de ce siècle est le suivant : qui, des forces obscures des extrémistes de droite et religieux, ou des forces de progrès humain et de tolérance, l'emportera ?
Il est l'heure de s'engager résolument dans le second camp.