REFLEXIONS D'UN LOSER VOLONTAIRE

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Billet de blog 5 septembre 2017

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SYNDICALISME : MACRON M'A TUER.

REFLEXIONS D'UN LOSER VOLONTAIRE

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Oui, la mondialisation économique est un fait.

Oui, il est préférable que les pays commercent et donc se parlent plutôt qu'ils ne se fassent la guerre.

Oui, l'Union Européenne est le bon échelon économique pour la France par rapport aux états-continents que sont les Etats-Unis, la Chine, l'Inde, la Russie, le Brésil.

Une fois cela posé, la question est celle du modèle économique et social que l'on veut promouvoir.

Le président Macron veut relancer la construction européenne.

Pour que les peuples européens se retrouvent dans l'Union Européenne, encore faut-il que les normes sociales y soient progressivement tirées vers le haut.

Ce n'est certainement pas en abaissant ces dernières dans un pays, la France, qui a construit, notamment par les luttes syndicales, un haut niveau de protection du salariat, que l'Europe sociale se construira.

Or, le coeur des ordonnances relatives au code du travail que vient de rendre publiques le gouvernement est une remise en cause sans précédent sous la 5ème République des prérogatives des syndicats de salariés.

Certes, on peut toujours faire pire : par exemple, contourner les syndicats dans les entreprises de plus de 300 salariés, supprimer la durée légale du travail, comme le demande le Medef et le prévoyait François Fillon.

Mais le message est clair : il est préférable de se passer des syndicats.

Ainsi, dans les entreprises de moins de 10 salariés, un employeur pourra "solliciter" un de ses salariés sans qu'il soit mandaté par un syndicat pour rédiger un projet soumis à référendum, projet qui pourra être plus défavorable aux salariés que la convention collective en matière de primes par exemple.

Ainsi, dans les entreprises de moins de 20 salariés, un délégué du personnel non-syndiqué sera habilité à négocier avec son employeur dans le même cadre.

La loi travail dite "El Khomri" de 2016 permet déjà que des accords d'entreprise soient plus défavorables aux salariés que les accords de branches en matière de montant de majoration des heures supplémentaires et du nombre d'heures de travail. Avec quelques verrous syndicaux.

Désormais, non seulement cela sera vrai également en matière de primes diverses, mais sans devoir négocier avec des salariés élus syndicaux ou mandatés ponctuellement par un syndicat.

Ainsi, dans toutes les entreprises, les trois instances représentatives des salariés (délégués du personnel, comité d'entreprise et comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) seront fusionnés en un "comité économique et social", ce qui se traduira vraisemblablement par un moindre nombre de salariés disposant d'un mandat électif.

Ainsi, ce comité économique et social pourra, si aucun délégué syndical n'a été désigné par un syndicat, conclure des accords d'entreprise.

Il ne s'agit pas de fétichisme de termes : actuellement, les élus du personnel sont seulement consultés par l'employeur, alors que les délégués syndicaux, dans les entreprises de plus de 50 salariés, sont habilités à négocier avec lui.

L'axe central de ces ordonnances consiste à la fois à promouvoir les accords conclus dans l'entreprise (donc là où les salariés sont directement subordonnés à leur patron)  qui pourront leur être moins favorables que leurs conventions collectives, et à se passer au maximum des syndicats pour la conclusion de ces accords.

La reconnaissance légale de la section syndicale d’entreprise et de l’exercice du droit syndical dans l’entreprise ont été acquis en 1968.

De ce point de vue, on peut parler d'un mai 68 à l'envers.

Il était d'ailleurs pathétique d'observer les contorsions sémantiques et la gêne de Laurent Berger pour la CFDT et de Jean-Caude Mailly pour FO au sortir de l'hôtel Matignon après l'annonce du contenu des ordonnances...

Tout dépendra donc de l'employeur.

Selon le rapport entre son degré d'humanisme et son appât du gain, sans parler de la concurrence inter-entreprises de la même branche d'activité en fonction de la remise en cause ou non des primes diverses, la situation des salariés sera identique ou se dégradera..

Or, celle-ci s'est déjà largement détériorée, tant du fait de la pression du chômage de masse que du travail quantitatif et qualitatif demandé par les employeurs, souvent quasi impossible à réaliser, ce qui se traduit notamment par la multiplication des "burn-out".

Au fond, ces ordonnances visent à pérenniser et à systématiser progressivement un salariat soumis et courbant l'échine.

Le mardi 12 septembre, je manifesterai à l'appel de la CGT, de SUD et de la FSU.

PS : Mon opinion sur ces ordonnances ne me fait nullement regretter mes votes aux premier et second tours de l'élection présidentielle en faveur d'Emmanuel Macron, motivés par le niveau électoral de l'extrême-droite. Ceci étant précisé au passage.

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