REFLEXIONS D'UN LOSER VOLONTAIRE

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Billet de blog 6 mars 2023

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Les souffrances au travail vont faire retirer la réforme des retraites

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le 10 février 2018, j'écrivais un article intitulé : "Les conditions de travail, cet angle mort du macronisme."

Le 17 juillet  2019, un autre titré : "Pour le salariat, le macronisme n'est pas un humanisme."

La réforme des retraites présentée par le gouvernement confirme pleinement ces deux appréciations.

Le report de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans impacterait principalement les salariés modestes, ouvriers et employés, les moins bien payés, qui ont commencé à travailler tôt, qui travaillent le plus durement.

Ceux-là mêmes qu'Emmanuel Macron couvrait de louanges pendant l'épidémie du covid.

Quelles que soient les mesurettes dites d'accompagnement indiquées.

Les carrières longues : le simple fait de décaler de 2 ans l'âge légal de départ décalera mécaniquement de 2 ans le leur, même s'il reste anticipé.

La pénibilité : outre le fait qu'Emmanuel Macron ait dès 2017 supprimé quatre critères de pénibilité sur dix (le port de charges lourdes, les postures pénibles, les vibrations mécaniques et les agents chimiques dangereux), la réforme prévoit que pour pouvoir anticiper son départ en retraite le salarié devra subir un examen médical par un médecin du travail (dont ce n'est pas la mission) puis avoir l'accord du médecin-conseil de l'assurance maladie.

Qui plus est, la périodicité des visites auprès du médecin de travail est passée de 1 à 2 ans puis à un maximum de 5ans, ce qui traduit bien le peu d'importance qu'y accorde le législateur ; et le nombre de médecins du travail est passé de 2015 à 2021 de plus de 5000 à un peu plus de 4000... 

En matière d'accidents du travail mortels, pour ne parler que de ceux-ci, 790 se sont produits en 2019, soit plus de deux par jour. Et ils concernent évidemment très largement les emplois les plus pénibles.

L'espérance de vie des ouvrier(e)s est inférieure de 6 ans à celle des cadres.

L'espérance de vie en bonne santé des ouvriers l'est de 10 ans à celle des cadres.

Et au-delà des métiers dont la pénibilité est évidente, il en est d'autres, comme les emplois de bureau, qui ne le sont pas intrinsèquement, mais qui le sont devenus, en raison d'une pression toujours accrue sur les rendements tant quantitatifs que qualitatifs combinée à un "management", pour utiliser un terme si cher à la macronie, organisant méticuleusement une concurrence exacerbée entre leurs subordonnés et en l'enrobant d'un discours très souvent hypocritement bienveillant.

Au fond, cette réforme des retraites suinte le mépris du monde du travail tel qu'il est véritablement.

Elle ne peut donc qu'être presque unanimement rejetée par le monde du travail ainsi qu'en attestent tous les sondages réalisés depuis des mois.

Le gouvernement, après avoir menti sur les 1200 € mensuels minimum, sur les montants des futures retraites des femmes, après avoir dit tout et son contraire sur les carrières longues, met plutôt l'accent sur un nécessaire rééquilibrage financier des régimes de retraite.

D'abord, le déficit prévu est autour de 13 milliards d'euros sur un budget autour de 345 milliards. Soit moins de 4%.

Ensuite et surtout, ce sont chaque année 150 milliards d'euros d'aides publiques sans contreparties qui sont accordées par l'État aux entreprises.

Si certaines de ces aides ont sans doute leur utilité en matière de créations d'emplois, je ne vois pas pourquoi il serait impossible de les diminuer des moins de 10% nécessaires à l'équilibre financier du régime des retraites, par exemple en matière de cotisations patronales des entreprises suffisamment profitables.

Sans parler de l'instauration de taxes sur les profits spéculatifs et donc indus.

Les premières manifestations monstres contre cette réforme ont instauré un rapport des forces qui met en grande difficulté le pouvoir.

Les grèves reconductibles qui auront lieu à partir de demain sont tout à fait en mesure de le contraindre à retirer cette réforme.

Quant à ceux des journalistes qui répètent en ânonnant, un peu comme la voix de son maître : "Jamais Emmanuel Macron ne retirera sa réforme", je leur rappellerai que jamais un pouvoir n'a annoncé un recul avant de devoir le concéder.

Et quand je vois la sortie carrément lunaire du porte-parole du gouvernement Olivier Véran sur l'apocalypse qui s'abattrait sur la France en cas de grèves reconduites, je me dis que le monde du travail dans l'unité syndicale tient le bon bout.

Et je n'ai pas parlé des salaires...

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