Oui, il existe des islamo-fascistes, ou des islamo-totalitaires, comme on voudra.
Pourquoi n'y en aurait-il pas ?
Toutes les religions génèrent une part d'extrémisme.
Il y a des catholico-fascistes : voyez Civitas ou le Printemps Français.
Il y a des protestanto-fascistes : voyez le Ku Klux Klan.
Il y a des judéo-fascistes : voyez l'extrême-droite israélienne ou le Betar.
Il y a des bouddhisto-fascistes : voyez le Ma Ba Tha birman.
Ces identiques, frères ou cousins de toutes les extrêmes-droites politiques du monde sont le cancer des religions. Ils doivent être combattus avec la dernière fermeté.
En même temps, il s'agit de situer les choses dans le temps long, historique.
La religion chrétienne est née il y a 21 siècles.
La religion musulmane il y a 15 siècles. Autrement dit, nous sommes à la fin du 14ème siècle de l'Islam.
Rappelons les heures de gloire des extrémistes chrétiens.
Prenons le cas de la France.
Du 11ème au 13ème siècle de l'ère chrétienne, 9 croisades en Orient marquées par des massacres divers et variés frappant des chrétiens orthodoxes, des musulmans, des juifs. Des non-chrétiens furent brûlés vifs.
Au 13ème siècle, l'Inquisition et la croisade contre les Albigeois menées contre "l'hérésie" cathare dans le midi de la France se concluant par l'extermination des "hérétiques".
Au 16ème, les massacres de la Saint-Barthélémy des protestants par les catholiques firent de plusieurs milliers à plusieurs dizaines de milliers de morts, de tous âges.
Aux 17 et 18èmes siècles, la révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV toujours dirigée contre les protestants, fut précédée et suivie par les dragonnades, soit des massacres et des sévices épouvantables perpétrés par des soldats du Roi envers les protestants ; elle fut suivie par la révolte des camisards, paysans protestants du Languedoc, au cours de laquelle de plusieurs milliers à plus de dix mille d'entre eux furent tués.
On le voit : il a fallu beaucoup de temps et de combats très difficiles contre l'Eglise catholique, ponctués par la loi de 1905 inventant la laïcité française, pour que la religion catholique française se sécularise et accepte, pour l'essentiel de ses croyants, la séparation de l'Eglise et de l'Etat et la suprématie des lois républicaines sur la foi religieuse.
Il en va et il en ira de même pour les musulmans français.
Il en va ? Oui, car contrairement aux déclarations et prédictions d'oiseaux de malheur situés à l'extrême-droite ou proches de celle-ci, cela fait maintenant un demi-siècle que les français musulmans, en très grande majorité, travaillent, étudient, vivent en paix avec les français non-musulmans.
Il en ira ? Oui, car deux réalités s'entrechoquent et se nourrissent l'un de l'autre.
Une partie des dernières générations de français musulmans ou de culture musulmane subissent des discriminations en matière d'emploi, de logement, de contrôles policiers irrespectueux ou pire. Racisme et rejet de l'Islam en sont les causes.
Simultanément, et en s'appuyant sur ce terreau qu'ils utilisent avec habileté, démagogie et haine, des islamo-fascistes militants cultivent le rejet de tous ceux qui ne pensent pas comme eux, musulmans ou non-musulmans. Rejet violent ou en paroles, ou en actes terroristes pour une infime minorité.
Il en ira ? Oui, car il existe deux visions de l'Islam.
Celle, très minoritaire en nombre mais activement prosélyte, de la prédication de Médine, seconde partie du Coran, qui confond le sacré et le temporel, et place une lecture littérale des textes religieux au-dessus des lois de la République.
Celle, très largement majoritaire, de la prédication de La Mecque, première partie du Coran, qui est totalement compatible avec la démocratie et la République Française.
Les extrémistes ne sont, par définition, qu'une toute petite minorité. Les êtres humains dans leur immense majorité aspirent à vivre en paix, qu'ils soient croyants, agnostiques ou athées.
L'Islam, religion encore jeune par rapport au Christianisme, doit disposer de temps pour se séculariser complètement.
Car, pour citer le grand spécialiste de l'Islam Antoine Sfeir, si l'Islam et le Coran lus à la lettre semblent non solubles dans la République, les musulmans, eux, le sont totalement. Tout comme l'Eglise catholique du 19ème siècle semblait étrangère à la République, tandis que nombre de chrétiens s'étaient intégrés dans cette République.
Ensemble, dans la concorde, soyons unis.