Marine Le Pen a récemment déclaré qu'il y a des nazis dans l'entourage d'Éric Zemmour.
C'est vrai.
Il y a Philippe Schleiter, neveu du négationniste Robert Faurisson, vieux routier de l'extrême droite.
Il y a Marc de Cacqueray, le leader du groupuscule ultra-violent les Zouaves, impliqué dans le tabassage des militants pacifiques de SOS Racisme lors du meeting de Zemmour à Villepinte au début du mois de décembre, et depuis dissous par le gouvernement.
Il y a Hervé Ryssen, multi-condamné pour antisémitisme.
Par ailleurs, le livre-enquête au sein des équipes d'Éric Zemmour du journaliste indépendant Vincent Bresson qui vient de paraître, indique qu'un militant entonne un chant de la Wehrmacht, et que Gibert Payet, mandataire financier de la campagne d'Éric Zemmour, traite les salariés à la peau noire chargés du placement des voitures VIP le jour du meeting de Villepinte de "Mamadou(s)".
Rien de surprenant, en fait, au vu du multi-condamné pour provocation à la haine raciale qu'est Éric Zemmour.
Comme l'a déclaré le 28 décembre dernier au journal l'Humanité Serge Klarsfeld, historien et fondateur de l'association Fils et Filles de Déportés Juifs de France, "Éric Zemmour prône des thèses bestiales, comme les nazis."
Pour revenir aux propos de Marine Le Pen, celle-ci est bien placée pour le savoir. Comme elle l'a elle-même dit dans la même déclaration, ils ont fait partie du Front National précédemment ; ou ont été dans sa mouvance.
Ce que Marine Le Pen n'a pas dit, c'est qu'elle est elle-même entourée de nazis.
Il y a Axel Loustau, ancien du GUD, groupuscule étudiant ultra-violent d'extrême droite, tout récemment encore conseiller régional FN d'Ile de France, condamné pour avoir fait le salut nazi lors de son quarantième anniversaire en 2014.
Il y a Frédéric Chatillon, ancien leader du GUD.
Ces deux individus, d'après des témoignages d'anciens proches, surnommaient Adolf Hitler "tonton".
Ils sont tous deux poursuivis pour plusieurs délits concernant le financement du Front National.
Il y a Philippe Vardon, conseiller régional FN de la région Sud PACA, ancien chanteur d'un groupe de rif (rock identitaire français) dont le titre "La balle" promettait d'assassiner tout opposant, des sionistes aux marxistes en passant par les cosmopolites, et photographié sur la scène entouré de personnes faisant le salut nazi ; filmé en caméra cachée par la chaîne de télévision C8 au mois de mars dernier, il déclare : "Ça va devenir inquiétant, tous les mecs qui me serrent la main, ils sont noirs."
Il y a le bal à Vienne le 27 janvier 2012 organisé par des nazis autrichiens dont Marine Le Pen était l'invitée d'honneur.
Cette guerre fratricide que se livrent Le Pen et Zemmour se situe dans la plus pure tradition de l'extrême droite.
En 1998, elle opposait Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret.
Outre les rivalités d'égos et de carrière, et le fait que, par définition, les modérés se rassemblent et les extrémistes se divisent, ces deux épisodes traduisent une divergence de stratégie et de tactique politique.
Éric Zemmour (comme Bruno Mégret qui vient de le rejoindre) veut arriver au pouvoir en unissant les électeurs d'extrême droite et les électeurs de droite.
Marine Le Pen (comme avant elle Jean-Marie Le Pen ) veut y parvenir en élargissant cet électorat à un certain nombre d'électeurs de gauche, ce qui la conduit à habiller son programme d'un vernis social.
Mais sur le fond, leurs projets sont les mêmes.
Ils se symbolisent par une notion, celle du "grand remplacement".
Ce concept est par définition profondément raciste.
Un des arguments majeurs employés pour le justifier est : "Il n'y a qu'à regarder autour de vous."
Sous-entendu évident, vous verrez un nombre important de personnes à la peau non blanche.
Ce qu'ils savent très bien, c'est qu'une large majorité des personnes non blanches de peau sont des citoyens français.
Et c'est exactement cela qu'ils ne supportent pas.
Éric Zemmour emploie l'expression "grand remplacement" ouvertement.
Marine Le Pen ne le fait pas.
Mais elle le pense très fort. Ça se sent.
C'est tellement vrai que la fille de Jean-Marie Le Pen et tante de Marion Maréchal Le Pen déclarait en 2011 : "Ces chiffres (de l'immigration) montrent que non seulement l'immigration en France n'a pas été freinée mais qu'elle est volontairement accélérée dans un processus fou dont on se demande s'il n'a pas pour objectif le remplacement pur et simple de la population française."
CQFD.
A l'époque de la guerre Le Pen/Mégret, l'extrême droite obtenait un peu moins de 20% des voix.
Aujourd'hui, même s'il ne s'agit que de sondages, elle est mesurée entre 30 et 35% des intentions de vote.
La riposte à Zemmour et à Le Pen est simple : voter pour les candidat(e)s n'appartenant pas à l'extrême droite.
Il ne reste plus qu'à le faire.