REFLEXIONS D'UN LOSER VOLONTAIRE

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Billet de blog 31 octobre 2022

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ÉJECTER L'EXTRÊME DROITE : LA PREUVE PAR LULA.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Luiz Inácio Lula da Silva a donc remporté l'élection présidentielle au Brésil.

Le bilan catastrophique de Jair Bolsonaro : creusement énorme des inégalités sociales, déforestation de l'Amazonie, développement de la violence armée, véritable guerre déclarée aux femmes, aux homosexuel(le)s, racisme décomplexé, absence de lutte contre la pandémie du covid 19, avalanche de fausses informations, a été sanctionné par les électeurs.

Les misérables manoeuvres pré-électorales de distribution de subsides aux plus pauvres n'ont pas suffi au président d'extrême droite.

Comme vient de le dire une électrice brésilienne : "c'est la victoire de l'amour contre la haine".

La haine qui est actuellement bien incarnée de par le monde.

Elle s'appelle Vladimir Poutine. Elle s'appelle Donald Trump. Elle s'appelleViktor Orbán. Elle s'appelle Giorgia Meloni et Matteo Salvini.

Elle s'appelle en France Marine Le Pen et Éric Zemmour.

On vient tout juste d'en voir la manifestation dans les rues de plusieurs de nos villes, notamment à Lyon.

Après le meurtre horrible de la petite Lola, des milices d'extrême droite y ont défilé en toute impunité en scandant le slogan on ne peut plus raciste, haineux, violent "immigrés assassins !"; comme si ce meurtre atroce l'aurait été moins si il avait été commis par un(e) français(e).

En toute impunité : manifestation non déclarée, elle s'est déroulée sans qu'aucune force de police n'y mette un terme.

Ce n'est que quatre jours plus tard que le préfet a saisi le procureur de la république pour "provocation publique à la haine et/ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion".

Je suis obligé de faire le rapprochement avec le déploiement massif des forces de l'ordre ce week-end à l'occasion d'une manifestation des écologistes contre les retenues d'eau appelées "bassines" dans le département des Deux-Sèvres, lors de laquelle certes des militants de l'ultra gauche ont été violents, mais néanmoins composée par une large majorité de gens pacifiques.

Et puis, entre une revendication écologiste et l'appel à la violence contre les immigrés, la comparaison se suffit en elle-même...

Cela me conduit à l'incroyable banalisation et normalisation du Front National depuis les élections législatives du mois de juin dernier.

Alors qu'en Allemagne, lorsque le parti d'extrême droite AFD a obtenu de nombreux députés, tous les autres députés du Bundestag ont établi un cordon sanitaire en excluant l'AFD de tout poste au sein de cette Assemblée, le Front National a obtenu deux vice-présidences à l'Assemblée Nationale, grâce notamment au vote des députés macronistes.

Dont une occupée par Sébastien Chenu, député du département du Nord, un des principaux dirigeants du Front National, qu'un documentaire filmé en caméra cachée par un journaliste de la chaine Al Jazeera en 2018 a montré en compagnie de militants violents d'extrême droite dans le bar la Citadelle, à Lille, lieu de regroupement de ces derniers.

Documentaire qui a entrainé des poursuites judiciaires contre trois d'entre eux, pour violences accompagnées de slogan nazi contre une adolescente arabe et des velléités d'attentat terroriste contre des "gnoules"...

Par ailleurs, la récente déclaration du président Emmanuel Macron, reprenant le même type de propos qu'il a tenu entre les deux tours des dernières élections législatives, accusant la NUPES de s'être mise "main dans la main avec le Rassemblement National" à l'occasion du vote par les députés d'extrême droite de la motion de censure déposée par la gauche, est incroyable d'irresponsabilité et de dangerosité politiques.

Non, la gauche, y compris LFI, et l'extrême droite, ce n'est pas du tout équivalent.

Pour revenir sur le deuxième tour des élections législatives du mois de juin dernier, les macronistes n'ont aucune leçon à donner en matière de lutte contre le Front National : ils n'ont pas fait barrage à l'extrême droite en se désistant pour son adversaire de gauche.

Les candidats LR ne l'ont pas fait davantage.

Sur ce plan, La France Insoumise n'a pas fait mieux : elle non plus, à la différence du PCF, du PS et d'EE-LV, n'a pas appelé à se désister pour le candidat macroniste ou LR quand il était opposé au Front national.

Et s'il est vrai que les députés LFI ne sont pas comptables du vote par les députés FN de la motion de censure déposée par la NUPES le 24 octobre, autre chose est de s'en féliciter comme l'ont fait Éric Coquerel et Jean-Luc Mélenchon. 

Ce que n'ont pas du tout fait le PCF, le PS et EE-LV.

Pour conclure, j'en reviens à l'élection présidentielle au Brésil.

Si le bilan de Jair Bolsonaro a été rejeté, c'est assurément largement dû à la très grande intelligence politique de Lula.

Lui, contre l'extrême droite, a su bâtir une très large coalition démocratique allant de l'extrême gauche au centre droit.

C'est cette unité politique inédite qui a permis au peuple brésilien d'éjecter le néofascisme du pouvoir. 

Puisse cette leçon être retenue, en France et ailleurs, par tous les adversaires de l'extrême droite.

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