Après six mois de suspense et une signature douloureuse, il est temps de reprendre nos esprits et de donner la priorité à la raison plutôt qu'à l'émotivité.
Sur un point il y a unanimité, du FMI à la Grèce en passant par Berlin, la dette n'est pas soutenable et la Grèce sera conduite à faire défaut au moment de son choix. L'objectif de l'UE est exclusivement politique. Il s'agit de casser dans l'oeuf un mouvement contestataire qui menace de contaminer l'UE et de mettre à mal la politique libérale qui est son fondement. Il faut rendre homage à la dignité de ses dirigeants (Varoufakis, Tsipras, Euclide Tsakalotos, Zoe Constantopoulou) qui dans leurs interventions publiques n'ont d'autre objectif que de s'unir pour desserrer le neud coulant que les serviteurs de la finance lui ont placé pour l'étouffer. Union de toute la gauche, il n'y a pas alternative.
Un défaut n'a pas de conséquence économique, 2% du pib de l'europe, une paille, tous les financiers en sont conscients. L'union européenne a suffisament de réserves pour verser des dizaines de millards aux entreprises (autoroutes sans utilisateurs, aéroports dont l'utilité est discutable, réduction d'impôt, JO à paris) et des dizaines en soutient à l'Ukraine. Ce qui explique qu'elle impose une politique d'étranglement qui ne permet en aucune façon de rembourser cette dette.
La dette grèque est une dette privée (à 90%) qui aurait du entrainer la faillite des banques grèques, donc une perte pour les clients des filiales des banques françaises installées en Grèce (BNP, Crédit Agricole et ) et Bundesbank pour l'Allemagne. Spéculer dans des placements à risque (qui permettent d'engranger des intérêts considérables, jusqu'à 30%) est très séduisant , mais le créancier doit assumer les pertes en cas de faillite prématurée. Aussi l'UE a décidé, pour protéger ses banques, que la BCE rachète les créances. Les pertes des banques européennes installées en Grèce sont ainsi devenues des dettes publiques à la charge des contribuables. En cas de grexit ce ne sont pas les banques BNP, Crédit agricole et ni leurs spéculateurs qui perdent leur placement, mais les contribuables français pour 50 Milliard. Merci l'Europe, merci Hollande merci Sapin.
En imposant à la grèce de privatiser ses fleurons économiques et industriels l'Europe permet aux financiers de racheter des entreprises très performante à un prix cassé et de faire fortune. C'est ainsi que les oligarques Russes ont gagné des milliards.
C'est un coup génial. Les entreprises européennes spéculent en grèce sachant le pays proche de la faillite avec des taux d'intérêts usuraires. L'europe renflou ses propres banques et impose à la Grèce l'achat d'armements dont elle n'a que faire (deux sous marins et des armes pour l'Allemagne) soit plusieurs milliards, le tout payé pour l'éssentiel par les contribuables. N'est-ce pas joli comme opération.
C'est en résumé la gestion que l'Europe a choisi, après les dizaines de milliards accordés en 2008 pour recapitaliser les banques, pour améliorer la compétitivité des entreprises.
Dans une telle situation on comprend que les grecs veuillent rester unis. Ce qui ne veut pas dire qu'ils aient tous la même statégie. L'UE l'a bien compris. Sa meilleur arme est d'humilier et discréditer le gouvernement aux yeux des électeurs, provoquer des divisions et des troubles afin de le renverser au besoin sous la menace d'un coup d'état militaire. C'est pourquoi outre un accord jugé insoutenable, elle ajoute des mesures humiliantes. C'est ainsi que depuis février l'eurogroupe s'oppose, par exemple, à ce que la Grèce augmente les impôts des plus riches et menace si le gouvernement passait outre quil commettrait un acte unilatéral qui entrainerait aussitôt la rupture par la Grèce des négociations. Toute décision qui n'aurait pas l'aval de l'eurogroupe est illégale. C'est la dictature prussienne qui s'appliquera à toute nation récalcitrante.
Les ministres qui ont voté non aux mesures imposées par les accords ont démissionné du gouvernement. C'était une nécessité pour obtenir un déblocage des crédits. Pour l'instant ils sont toujours membres de Syriza. Ils défendent une autre stratégie et préparent le peuple à admettre que devant la violence de l'UE ils doivent se préparer à une sortie de l'euro.
Tsipras et son gouvernement peut garder la tête haute. Il a respecté son mandat, a mesuré la puissance de la finance et le coût d'un grexit non négocié. L'opinion publique évolue et le moment viendra ou le peuple Grec renversera la table.
C'est pourquoi, si je crois les propos de Varoufakis, Zoe Constantopoulo, mais aussi de Tsakalatos et Tsipras, je suis convaincu qu'ils resteront responsables et solidaires et travailleront pour le présent et pour l'avenir. Par contre je pense que les propos attribués par la presse à Frédérique Lordon et Eric Toussain fragilisent l'union du peuple grec, ses soutiens à l'étranger et ne renforcent que l'UE et le KKE.
Le peuple Grec mène un combat difficile et courageux. Nous le soutenons et lui souhaitons la victoire.
Billet de blog 24 juillet 2015
Grèce et maintenant ?
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