Rémi VIBRAC (avatar)

Rémi VIBRAC

Abonné·e de Mediapart

27 Billets

0 Édition

Billet de blog 5 janvier 2015

Rémi VIBRAC (avatar)

Rémi VIBRAC

Abonné·e de Mediapart

Sur la pente glissante de l'abstentionnisme...

Rémi VIBRAC (avatar)

Rémi VIBRAC

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A l'heure où j'entendais partager, comme de coutume, des vœux de bonheur, de paix, d'ouverture et de santé, surtout la santé, l'actualité m'a rattrapé. Le parti au pouvoir est enfin sorti du bois, en écrivant que la loi Macron était effectivement faite contre les notaires. Alléluia ! Hosanna !  Bon, il leur reste tout de même à avouer qu'elle est aussi faite contre les citoyens, comme la loi santé, et donc pour le seul profit des nantis, des rentiers, qui ne sont pas les notaires mais bien les financiers et les anglo-saxons qui  finalement nous gouvernent. Avec le soutien sans faille de la majorité des journalistes, tant il est plus facile de lire des dossiers de presse et d'en prendre les informations pour argent comptant que de poser et se poser les vraies questions.

Les notaires veulent augmenter leur nombre, rajeunir leurs rangs, rendre plus social encore leur tarif - mais avec 0,825 % HT de rémunération face à 6 % de droits à l'Etat, on croit rêver... -, bref, ils n'ont rien contre la réforme. Sauf si cette réforme est faite non pas seulement sans eux, mais également et surtout contre eux, uniquement pour satisfaire les jaloux, les aigris, les jamais contents, mais surtout les financiers. On peut augmenter le nombre de notaires - pourtant déjà au double de la moyenne européenne  selon le rapport CEPEJ 2014... - autrement que sans contrôle et sans concours, il suffit d'une volonté gouvernementale. On peut diminuer le coût des actes pour les citoyens lambdas autrement qu'en taillant dans le vif d'une rémunération équilibrée, qui assure la vie et la survie de nombre d'offices, de nombre d'emplois. Les syndicats estiment que la réforme va entraîner de 10 à 20.000 licenciements. Mais il est vrai que Monsieur Macron ne s'intéresse qu'aux potentiels et hypothétiques emplois à venir, quitte à sacrifier les existants, je n'invente rien malheureusement : "Protéger les entreprises et les jobs existants serait une erreur" selon lui - conférence LeWeb 2014.

Et c'est ainsi que se révèle notre médiocre République sciences-politiquo-énarchique... Les élus, professionnels de la politique, nourris et logés au biberon de l'argent public, qui ne savent pas ce qu'est la vraie vie (je vous invite à visionner l'édifiant discours de Monsieur Macron sur ce point - congrès 2014 des experts-comptables - dans lequel il avoue ne plus avoir croisé la vraie vie que par l'intermédiaire de ceux qui la lui ont racontée...) mais la tricotent et la détricotent au gré de leurs intérêts ou de ceux de leurs amis. Et s'ils ne sont pas élus, ils deviennent grands patrons, banquiers ou avocats d'affaires, vivant en satellites du pouvoir, avec lequel ils interfèrent, interagissent, bref, à l'ombre duquel ils grandissent et prospèrent.  Le tout sous l'œil bienveillant des journalistes, qui les ferment sur des questions telles que le patrimoine de Monsieur Macron - ou comment déclarer un patrimoine net de 200.000 € après en avoir gagné 3.200.000 € sur cinq ans ? -, les agissement du chef de mission du rapport IGF qui fonde le projet de loi Macron - où comment créer une société de prise de participations financières en ayant initié une loi d'ouverture du capital des sociétés du droit -, et même l'exceptionnel travail du parlementaire qui missionné début octobre peut rendre fin octobre un rapport des plus exhaustif et documenté sur des professions diverses et variées, rapport vantant sans surprise les immenses mérites de la loi Macron ! 

Dans cette énarquocratie moderne prospèrent donc des hommes copains comme cochons, qui savent ce qui est bon pour eux. Et pour nous tous, soyons-en sûrs. Les uns sont aux commandes, à droite comme à gauche personne ne s'y trompe et d'ailleurs ce sont les mêmes, le choix du parti semblant n'être qu'opportunité de l'instant ou histoire de famille. Les autres sont à la tête d'entreprises florissantes, qu'elles soient publiques ou privées... Parfois on se fait des cadeaux, telles les autoroutes, bijoux de l'Etat, vendues au privé en dépit de leur rentabilité que personne n'ignorait. Souvent on reste discrets, employant qui le fils, qui la fille, le gendre, le chien, le poisson rouge, le cousin, le copain, bref, les exemples de ces "fils de" placés qui au conseil général, qui à la région, qui dans telle ou telle entreprise, pour copinage ou service rendu, sont nombreux. D'ailleurs nous les connaissons tous, dans notre commune, notre canton, notre département. Et je ne peux sur ce thème que vous inviter à lire "L'oligarchie des incapables", qui m'avait déjà presque dégoûté d'aller voter il y a quelques années. On y parle également d'un notaire. Mais chut... 

Je n'ai pas ici la prétention de vous apprendre quoi que ce soit. Juste le regret de prendre une nouvelle fois en face cette réalité si affreuse. Finalement, ce clown et humain qu'était Coluche n'aurait pas pu faire pire, quel dommage qu'il ne soit plus là aujourd'hui. A son instar, je n'ai pour ambition et revendication que celles de ma connerie, et putain j'aime ça ! Je n'ai pas d'autre prétention que celle d'être un humain citoyen. Oh, je n'ai pas fait les grandes, excellentes et superbes études qui donnent aux politiques le pouvoir de diriger, aux journalistes celui de dire ce qui est de l'information et ce qui n'en est pas, aux patrons celui de s'exiler et de délocaliser. Je ne suis qu'un sombre con notaire de campagne, père de deux enfants, qui portent déjà sur leurs épaules le fardeau d'une dette à laquelle ils sont complètement étrangers.  Je ne suis qu'un sombre contribuable qui va donner plus en impôts que ce qu'il pourra dépenser cette année. Finançant ainsi et entre autres le chômage, le remboursement de la dette publique, la sécurité sociale, l'assistanat, le fonctionnariat et accessoirement le salaire et la retraite d'illustres parasites qui n'ont eu pour seul mérite que de vivre de deniers publics tout au long de leur carrière, avec à la clé une juste, paisible et rémunératrice retraite aux frais de la princesse... Et je suis, comme beaucoup d'autres, la princesse !!! Pas de celles que l'on respecte, non. Plutôt de ces souillons à la Cendrillon, qui n'ont que le droit de trimer, de payer, et de se taire. De temps à autre, un peu de bal, mais pas longtemps. Juste pour leur faire croire qu'on les aime bien, qu'on les écoute, qu'elles peuvent faire confiance. Et au final on ne leur pique pas qu'une chaussure, mais aussi leurs salariés, leur entreprise, leur vie. Sans compter les crachats, les insultes, les dénigrements.

Sauf que maintenant, j'en ai marre. Et je regrette de ne pas avoir été plus assidus aux cours de langue, pour envisager sereinement un autre métier, dans un autre pays. Plus sérieux, plus rigoureux. Plus respectueux. Si cela n'avait pas pour conséquence l'avancée des extrêmes, je ne mettrais plus un pied dans l'isoloir, sauf à voir émerger du marasme et du néant une politique de tolérance, d'ouverture, de justice et de paix sociale, que plus personne n'incarne aujourd'hui. Et si j'étais le seul à penser cela ! Aucun des citoyens que je rencontre n'est satisfait de quoi que ce soit aujourd'hui. On peut sanctionner sans être fasciste, on peut avancer sans casser ce qui fonctionne, on peut assister en contrôlant, on peut estimer que l'immigration est à contrôler sans être raciste, on peut imposer sans massacrer, on peut décider en écoutant ceux qui travaillent au quotidien car tout le monde n'a pas un pré carré à défendre ! On peut se rappeler que le social et le public ne vivent que grâce à l'impôt et que lorsque plus personne ne sera là pour le payer ou que tout le monde fraudera, alors il ne restera plus rien d'autre que la Grèce, beau modèle... On peut comprendre que le pauvre, le locataire, le salarié n'est pas toujours une victime et le riche, le propriétaire ou le patron n'est pas forcément un salaud d'affameur ou de profiteur. On peut enfin comprendre que la vérité n'est pas de gauche ou de droite.

 Bref, on peut toujours rêver...

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.