Au crépuscule de l'année 2014, je veux pouvoir redire combien j'aime mon métier. Un métier de proximité, qui me fait rencontrer dans une même journée une petite dame du coin de la rue, un chef d'entreprise, une star comique, un agriculteur, un couple désireux de se marier et un autre entamant une procédure de divorce. Un métier d'accueil, où je reçois chacun comme s'il était le premier, avec cette attention unique que nous devrions tous porter à notre prochain. Un métier psychologiquement éprouvant, tant il nous fait toucher du doigt les pires bassesses dont l'Humanité est capable. Un métier de service, pour tous et pour chacun, de l'Etat au particulier. Un métier de sérieux et de responsabilité, où le conseil doit être solide et sûr, où l'engagement est tout sauf un vain mot. Un métier de patience, celle qui permet de reprendre encore et encore les explications pour être bien certain d'avoir été compris par notre interlocuteur, avec ou sans latin. Un métier de conviction, qui invite au dialogue pour faire émerger les compromis. Un métier que j'ai toujours voulu faire, que je pense exercer au mieux de mes qualités, avec amour, humour, sérieux, rigueur, impartialité, sens du devoir. Un métier qui est en moi, qui porte les valeurs qui me sont chères : respect des lois, respect des hommes, respect des vies et des histoires que chacun peut porter, et au-delà encore respect de la société toute entière et des valeurs qui la fondent. N'en déplaise aux jaloux maladifs, aux constamment aigris, aux jamais satisfaits qui ne savent voir que la paille dans l'œil de leur voisin et qui ont fait du dénigrement leur quotidien...
Au crépuscule de l'année 2014, je veux pouvoir crier le dégoût que m'inspirent tous ces gens qui parlent sans savoir, qui jugent sans connaître, qui vouent aux gémonies des être humains sur la base fantasmes, d'idées reçues, de rapports mensongers ou de battage médiatique si complaisamment orienté. Il est toujours plus facile de critiquer sans justifier, de ressasser des contrevérités portées comme paroles d'évangile par des bannis, des non-admis, bref de ces sempiternels jaloux qui pensent avoir seuls la vérité. Pour ma part, la vérité n'existe pas. Des vérités, nous en avons tous, ce sont les nôtres, elles nous sont propres. Ma vérité professionnelle 2014 est une rentabilité de 5 % une fois mon emprunt d'installation remboursé. Que nous sommes loin des mensonges d'Etat ! Oh, bien sûr, la vérité d'autres notaires est ailleurs. Mais alors ? Doit-on supprimer ces épiceries que sont les hypermarchés pour que tous se retrouvent aux niveaux de revenus de l'épicier du coin ? Il faudra aussi penser à supprimer toutes les rémunérations outrancières des stars du ballon rond, amassées sur le dos des masses populaires ! Nous nous intéresserons aussi à celles des stars de la finance, qui gagnent leur vie en spéculant sur des matières premières, affamant des populations entières en gonflant, par de simple jeux boursiers, le prix des denrées ! Mais non, ça nous n'en ferons rien. Pas plus que nos hommes politiques ne baisseront leurs rémunération, fondée à 100 % sur de l'argent public, ne serait-ce que pour montrer l'exemple. La nature est ainsi faite...
Au crépuscule de l'année 2014, je veux pouvoir écrire mon désarrois face au jeu politique, de droite ou de gauche, qui ne sert finalement qu'à trois choses : continuer à enrichir les plus riches, monter les français les uns contre les autres en stigmatisant des pans entiers de population et faire monter inexorablement les extrêmes, jeu dangereux s'il en est. Nos gouvernants sont comme les dirigeants des grandes entreprises, formatés sur les mêmes bancs des mêmes grandes écoles de la République. Ils fréquentent les mêmes cercles, se nourrissent aux mêmes cantines, se servent mutuellement les uns les autres. Dès lors, il n'y a pas à s'étonner que Monsieur Leclerc veuille vendre des médicaments, et qu'il finisse par y parvenir, malheureusement. Mais pour le plus grand bien des citoyens soyez-en certains, pas du tout pour de sombres histoires de profit personnel et le souhait de gagner toujours plus, pas du tout... Les fortunes amassées par les géants de la grande distribution, sur le dos des masses - agriculteurs matraqués pour leur vendre toujours moins cher leurs productions et finalement aidés par l'Europe, donc le contribuable ; citoyens qui croient pouvoir acheter maintenant et payer dans deux ans grâce aux cartes de racket diverses et variées et que l'on retrouve en surendettement ; entre autres - devraient inciter à plus d'Humanité... Et que dire des profits réalisés par les banques ? Mais bon, dormez-en paix braves gens, les notaires, les pharmaciens, les taxis, les médecins vont bientôt rendre gorge, vous en sortirez plus riches et le monde ne s'en portera que mieux, parole de banquier d'affaires ! Euh pardon, de ministre !
Au crépuscule de l'année 2014, je veux m'étonner une fois de plus de cette société qui idolâtre ces stars du sport, de la chanson, de la télévision ou du cinéma, dont beaucoup sont fiscalement exilées, qui gagnent des sommes astronomiques, mais cloue au pilori les français qui travaillent, qui se bougent, qui osent, qui investissent, qui emploient, qui paient des impôts et participent en cela à la solidarité nationale. Il me semble en effet que l'on oublie bien souvent que notre armée toujours plus grande de fonctionnaires ne peut vivre que grâce à l'impôt. Que les dépenses somptuaires de nos élus ne sont possibles que grâce à l'impôt. Que le remboursement de notre dette ne se fondera que sur l'impôt. Alors si le français qui travaille, qui gagne sa vie, et qui donne à l'impôt 20, 30, 40 ou 50 % du fruit de ce travail, ou plus encore, ne demande pas des courbettes, des statues ou son nom dans la presse, il souhaite quand même qu'on le respecte au même titre que les autres. Si je gagne ma vie, je ne vole rien. Si je gagne ma vie, je le dois à mon parcours scolaire, à mon travail, à celui de mes salariés, à la confiance de mes clients. Si je gagne ma vie, je paie des impôts pour aider la République que je sers au quotidien, pour aider mon prochain. Alors, quelle hérésie que de voir la politique pousser nombre de français à l'exil, à cause d'un matraquage fiscal toujours plus intense, destiné à financer des dépenses toujours plus inconsidérées, au lieu de voir enfin prises les vraies mesures pour réduire notre dette abyssale ! Pauvre France...
Au crépuscule de l'année 2014, je veux pouvoir remercier les gens que j'ai croisé, qui dans leur simplicité, ou dans leur complexité, m'ont aidé à grandir. Parfois d'un simple sourire, sur le quai d'une gare, dans les rangs d'une manifestation. Souvent de belles et franches discussions dans un bureau, une cave, autour d'une table, au coin d'un bar. Qui parfois m'ont fait pleurer, par leur Amour, leur foi, leur bonté. Souvent ceux qui m'ont fait rire, dans la chaleur d'un été ou la fraîcheur d'un hiver. Beaucoup sont ceux qui m'ont fait réfléchir, sur moi-même, sur le monde. J'ai pris plaisir à rencontrer et découvrir de nouvelles natures, de belles personnes. J'ai regretté d'avoir pu choquer, dérouter, pourquoi pas même faire du mal, sans intention particulière : c'est la vie, elle fait et défait, uni et désuni. L'humain reste, les idées changent, progressent, naissent et meurent. Avec elles les projets font de même. On savoure des instants, on en attend d'autres, qui viennent ou n'arrivent jamais. On croit à ce que l'on vit, on pense et on espère pouvoir changer les choses. On rêve d'être entendu. On espère être compris. La vie suit son cours. L'essentiel est d'être soi, j'espère l'avoir été. Mon cœur le vit ainsi en tout cas. Et mon esprit suit.
Les deux espèrent une riche année 2015. Pleine de vie, d'écoute, de compréhension, d'ouverture d'esprit, de rencontres, d'histoires, de rires et de pleurs. Autant pour moi que pour tous les autres, au rang desquels ceux qui nous gouvernent. Pour plus, beaucoup plus, d'Amour et d'Humanité. Mais ça, c'est une autre histoire.