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Billet de blog 22 janvier 2025

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The show Musk go on

Le Dr Folamour entre dans la salle de commandement et il ne peut déjà pas empêcher son bras de se lever. Musk remporte le round médiatique mais c'est le public qui est KO. Au premier épisode, ce n'est pas tout à fait sûr si l'autoproclamé génie est un vrai nazi ou un milliardaire attardé. Le suspense est faible (un peu des deux ?), mais trop tard : on ne peut plus changer de chaîne.

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En bon économiste de l'attention, l'illusionniste de la tech Elon Musk a réussi son tour de magie haut la main : faire disparaître le tout nouveau président des Etats-Unis, comme un lapin dans le chapeau de Mélania. Trump a beau mentir plus qu'il respire, signer des autographes à la chaîne devant ses fans en folie, cracher le feu sur ses adversaires, un discours d'investiture en punch lines et un portrait présidentiel bad ass... beaucoup de bruit pour rien Donald, c'est Elon qui a plié le game, et en une seconde. Lo-ser !

Appelons un chat un chat. Et un salut nazi, un salut nazi. Le geste est plus choquant qu'ambigu. C'est mal connaître le personnage que de croire qu'il ne s'agirait là que d'un effet secondaire d'une euphorie kétaminée, lire pour s'en convaincre l'article de mediapart. Cela a tout d'un geste prémédité, une volonté de créer le buzz. S'il y a un génie qu'on doit lui reconnaître, c'est de savoir faire parler de lui. On tombe tous dans le panneau, la preuve. Comment faire autrement, peut-on échapper au déferlement de ce salut immonde sur tous nos écrans ? Il y a des survivants d'Auschwitz qui ont dû, comme nous tous, regarder le spectacle pathétique de l'homme le plus riche, le plus puissant, "élu démocratiquement" faisant ce geste pour célébrer son accès au pouvoir. Il faut espérer pour eux qu'ils ne voient plus trop bien de près. 

Mais cette victoire de com, ce coup de force médiatique est peut-être déjà la première balle qu'il se tire dans le pied. Quand le docteur Folamour ne peut plus empêcher son corps de faire le salut nazi, les spectateurs l'ont démasqué. Si quelqu'un doutait encore de la fureur des délires de Musk, son bras tendu est gravé à jamais dans les data centers. Cet homme est dangereux, tout le monde l'a vu désormais. Bien sûr, il a ses fans hardcore, mais les autres n'achèteront plus jamais ses albums. 

Puisque la politique est spectacle, il y a des principes que tout show-man devrait connaître : savoir doser ses effets pour garder l'attention du public. Après un teasing interminable et une journée d'apothéose de l'obscénité, on peut se demander si Musk et Trump n'ont pas déjà brûlé toutes leurs cartouches. Il y a quoi dans le prochain épisode, encore plus d'effets de manche ?

Le 20 janvier 1982, Ozzy Osbourne avait croqué dans la tête encore vivante d'une chauve-souris. Les concerts de Black Sabbath n'avaient déjà plus trop d'intérêt, alors il avait trouvé ça, pour prolonger la magie. A peine arrivés au pouvoir, que reste-t-il au répertoire du duo, que nous préparent encore Dolon Trusk et Elald Mump ? Faire disparaître un mexicain derrière un mur de fumée ? Déjà fait. Découper en deux une femme trans mise en boîte, en empruntant la tronçonneuse du voisin Milei. Un grand remplacement des manuels scolaires de géographie ? Un vaccin contre le virus woke ? Un combat de MMA avec Xi Jinping, en slip à paillettes ? On s'attend tellement à tout et à trop, on voudrait déjà que ça s'arrête. Le cirque ne fait que commencer.

Malgré tout, un espoir universel est né, parmi toutes les annonces qui ont été faites : qu'Elon aille planter le drapeau du golfe de l'Amérique sur la planète Mars, et que Donald l'y rejoigne avec ses clubs, pour un long parcours. Mais alors vite. Musk on Mars ! Faites-en des casquettes. Rouges, brunes !

Quatre ans, c'est long déjà.

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