Le Berrichon est de nature affable, terrien, solaire, dans le sens où il suit la précision de l'astre dans ses périgrinations journalières. Le Berrichon tangue encore entre le modernisme d'Ikéa dont l'enseigne la plus proche exige au moins plus d'une heure de voiture et la douce mélancolie d'une sorcellerie que le Figaro magazine daté du vendredi 1er et samedi 2 novembre 2013 a remis au goût du jour, en pleine Toussaint. Le Berrichon terrasse ses peurs en communiant avec le 13 heures de TF1, espérant y apercevoir un signe du destin médiatique se poser sur sa terre nourricière. Le Berrichon, ce Berlodiot, partage avec Mélenchon, la culture de la rime riche, dans un terroir pauvre industriellement et auquel le Front de gauche devrait venir y planter ses mandrilles. Le Berrichon du Cher est étranger au Berrichon de l'Indre dont la capitale, Châteauroux, américanisée dans le sillage de la seconde guerre mondiale s'est aussi beaucoup Depardieurisée. Tout pousse le Berrichon, comme le Breton, dont la rime est plus pauvre, à se soulever contre les impétrants gouvernementaux qui lui mangent la laine de mouton sur le dos. La révolte berrichonne est dans l'ADN de ses habitants, frappés par le syndrôme du Centre de la France, qui est à la fois tout et rien, le nombril et le rectum, le point où tout finit mais le point où rien ne commence. Les raisons d'une colère sont nombreuses, et vont au-delà de l'écotaxe, de la crise industrielle, de la mort des paysans, de la terrible maladie qui décime les bistrots urbains comme les bistrots de campagne, le non-remplacement des médecins, le manque de soleil et l'absence de mer et de montagne. Les Berrichons aussi veulent leur part de "nigauds", cette insulte qui redonnerait aux Berrichons, une raison d'espérer, dans le fait qu'enfin, une personnalité politique les tient en respect, dans sa ligne de mire. Le bec tendu dans le nid de leur désamour, les Berrichons attendent la becquée mélenchonesque et le point de vue d'un ministre en goguette pour parfaire son identité de citoyen respectable. Le Berrichon est plus têtu que le Breton, et la langue berrichonne plus imagée que la langue bretonne : c'est un concept, la langue berrichonne qui place des "i" à des endroits stratégiques pour faire croire à la singularité de sa langue. Le Berrichon est cocassee, et dur comme l'airain, ne dit-on pas que, 99 moutons et un Berrichon, ça fait cent bêtes. Nous aussi, dans ce Berry de Jean-Louis Boncoeur, nous avons nos problèmes d'élevage. Cochons de Berrichons : cette révolte bretonne est à nous. Cette insulte de "nigauds" nous appartient. Les feux médiatiques devraient être braqués sur nos terres mystérieuses, enfants de George Sand, de Chopin, de Zulma Carraud, d'Alain Fournier, de Félix Pyat. Notre Grand Meaulnes s'est embourbé dans la Mare au diable, et l'économie berrichonne est aux abois. Alors, cette révolte des "bonnets rouges" est nôtre. Arborez "le ballon de rouge" sur les comptoirs en zincs qui sont encore en vie et soutenez notre mouvement, notre révolte, contre ce gouvernement qui ignore tout de la force de notre contrée. Réglez vos pendules du sud et du nord, sur les aiguilles berrichonnes de nos pendules affolées, et rejoignez nous, dans notre Berrichonnerie, barricades en avant. Le Berrichon est long à la détente mais lorsqu'il est lancé, percuteur contre projectile, il peut traverser une époque à la vitesse de la lumière et entrainer, avec lui, une Révolution. Mieux vaut que celle-ci parte du centre pour irriguer chaque veinule de ce pays. Le Berrichon a inspiré le Breton et cette révolte est la nôtre. Rendez-nous notre colère. Rendez-nous notre révolte. Rendez-nous notre principal sujet de convsersation. C'était notre dernière chance, après le Figaro magazine, de passer enfin au 13 heures de Jean-Pierre Pernaut. Maintenant, nous n'avons plus qu'à retomber dans le silence convenu des contrées en difficulté. Le Berry vous salue bien.
Billet de blog 3 novembre 2013
Berrichons, révoltez-vous comme les Bretons !
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.