A Vierzon (Cher), la vente de l'église Saint-Eloi par le diocèse n'en finit pas d'étirer la polémique. Dernier rebondissement : la mairie fait jouer son droit de préemption pour empêcher que la Confrérie des Charitables de Saint-Eloi, aux propos douteux ne l'achète. Etrange conception de la laïcité....
Mettons de côté l'aspect financier :s'offrir une église à 170.000 euros, dès lors qu'aucune obligation stricte et impérieuse ne presse la ville de Vierzon à le faire, revêt une propension obscessionnelle compulsive à la dépense. Prenons simplement l'aspect religieux et résumons. La ville de Vierzon, si vraiment elle avait voulu transformer cette église, une fois désacralisée, en une salle de quartier ou en un centre municipal de santé, se serait mise sur les rangs, dès l'origine de la vente par le diocèse. Et la polémique qui dure depuis des mois n'aurait jamais eu lieu.
Or, la ville de Vierzon s'est interposée, par le biais de son droit de préemption, parce que la Confrérie des charitables de Saint-Eloi de Vierzon, créée par le soi-disant Grand maître Olivier Bidou, déverse une réthorique nauséabonde et anti-mosquée, susceptible de pourrir le "vivre ensemble" vierzonnais. La réponse des élus face à cette menace est la suivante : ils rachètent l'église, via leur droit de préemption, pour priver la Confrérie de cet édifice. Mais, la Confrérie aura-t-elle vraiment l'argent pour se payer l'église au bout de période de collecte, en juin ? Et cette préemption ne l'arrange-t-elle pas finalement ?
Si la ville de Vierzon trouvait le discours de la Confrérie trop extrémiste, il existe des recours : le dialogue avce la Confrérie ou avec l'Archevêché, la justice, une campagne de presse, une question à l'Assemblée nationale, une lettre au ministre des Cultes, une manifestation... Au lieu de cela, la majorité montre ses muscles et, avec l'argent du contribuable, s'offre cette église au mépris de la laïcité. Car la ville entrave bel et bien l'action de la Confrérie à qui l'on peut reprocher, (Vierzonitude en premier) c'est une évidence, un discours anti-mosquée aux odeurs droitières et identitaires.
Etrange recours que celui-ci utilisé par la majorité vierzonnaise qui compte pourtant dans ses rangs, des anticléricaux, des laïcs et des gens de bon sens. Tous, apparemment, ont voté "des deux mains" se vante-t-on du côté de la mairie. Les 170.000 euros dépensés dans l'église Saint-Eloi n'effaceront pas le discours de la Confrérie qui pourra toujours le distiller à loisir. Certes, mais ailleurs, c'est déjà ça. Vierzon sera tranquille... La ville achète donc la paix et la respectabilité de son image : surtout qu'il ne soit pas dit qu'à Vierzon, un mouvement ingériste se soit accaparé une église pour implanter son extrémisme religieux et philosophique. A bien y réfléchir, si la ville avait pu racheter les urnes, aurait-elle pu effacer le fait que le Front national, à Vierzon, soit arrivé premier dans certains bureaux de vote, lors des précédentes élections ?
Ce qui est étonnant, c'est que Vierzon s'absout elle-même du bon sens de l'Eglise du Cher, si tant est que l'Eglise en général et celle du Cher en particulier possède du bon sens, ma foi. Car si elle en était dotée, de bon sens, elle aurait réagi de facto aux propos anti-mosquée d'Olivier Bidou et à son discours aux relents d'égoût. Propos qui ont entrainé une coulée de boue sur Vierzon. Surtout de la part des catholiques d'ailleurs. D'un point de vue laïc, l'initiative de la majorité est douteuse. Même si la ville de Vierzon ne va pas conserver une vertu cultuelle à l'église, elle se met en travers de la route d'une confrérie qui a tout de religieuse pour l'empêcher de montrer son culte à tout le monde. Cette obstruction, toute morale soit-elle, d'une collectivité sur une association cultuelle, est la première entorse à la laïcité "qui interdit aux pouvoirs publics de s'immiscer dans la gestion des religions tant qu'elles ne troublent pas l'ordre public" comme on peut le lire dans la presse locale.
La seconde entorse est inattendue. La communauté musulmane avait lorgné sur l'église Saint-Eloi afin d'en faire une mosquée. Ce qui n'est pas choquant, sauf pour les catholiques... Cette occurence avait aiguisé la voracité des nationalistes et des identitaires de tous poils, du Front national et de quelques catholiques intégristes et intolérants. Sans compter l'appétit des médias nationaux pour une telle histoire au centre de la France. Devant la pression, l'église du Cher qui, sur ce coup-là, s'est montrée bien peu courageuse, a capitulé (si tant est que la communauté musulmane ait eu les fonds suffisants pour acheter l'édifice religieux). L'église transmet le bébé à la Confrérie en signant un compromis de vente, à condition que la Confrérie récolte l'argent nécessaire en inondant les boîtes mails de messages fumeux et internet de vidéos, de sites et de paroles plus que douteuses (la Confrérie parle de profanation si l'églsie devenait une mosquée...)
On connaît la suite. Non seulement, la ville de Vierzon va s'offrir, avec de l'argent public, une église mais on a appris, par le biais du site Rue89 que la ville de Vierzon va vendre, c'est son droit le plus strict, un commerce vide qui lui appartient, à la commuanuté musulmane pour qu'elle en fasse une mosquée. Difficile de se mêler plus que ça des affaires religieuses de la ville... D'un côté, Vierzon prive la Confrérie d'une église, de l'autre elle offre un lieu de culte. Est-ce le rôle d'une ville ? On peut se poser la question.
Chacun appréciera le degré d'implication que doit avoir une collectivité publique dans les affaires religieuses, à l'heure où la loi de 1905 est balottée dns tous les sens pour en extraire, non pas une ligne à ne pas franchir, mais une petite suite d'arrangements qui, au nom d'un dépoussiérage de la loi, tendrait à assouplir la loi... non pas pour les besoins d'une société laïque mais pour répondre aux exigences d'une société de plus en plus religieuse, de toutes obédiences. Allez comprendre.
Que la majorité se dresse contre des propos intolérants, pas de problème. Pas de problème non plus qu'elle veille à son image, qu'elle veuille couper court à une polémique qui lui nuit. Mais qu'elle puise dans les caisses publiques pour acheter une église, non pas à des fins strictement publiques, mais à des fins de soustraire cette église à une Conférie qui utilise un discours peu catholique, est déjà plus douteux. On aurait aimé, qu'au nom de la tolérance, du respect de l'autre, de la liberté de culte, une autre solution moins radicale pour les finances publiques soit trouvée. Un débat, une concertation, une mobilisation des citoyens pourquoi pas. L'achat est une solution de facilité préjudiciable aux contribuables. Quand les impôts vierzonnais deviennent le denier du culte....
Au nom du respect de la pratique religieuse, un droit inscrit dans la loi de 1905, nous nous retrouvons avec sur les bras une église dont la communauté vierzonnaise se serait bien passée. Ayant d'autres dettes à fouetter et d'autres investissements à réaliser. La ville a-t-elle éteint la polémique ? A 170.000 euros la lance à incendie, ce serait le diable qu'elle n'y soit pas parvenue.