Presque quatre kilos de bébé royal d'un côté et des tonnes de propos hithlériens de l'autre : il vaut mieux, dans ce monde-ci, être attaché au cordon de l'hérédité couronnée que de baigner dans le placenta nomade d'une caravane. Ce n'est pas nouveau que l'attelage social préfère tracter dans son sillage, des têtes couronnées que des destins Yéniches, Manouches, Gitans ou Tsiganes. La passion des revues sur papier glacé va beaucoup plus s'intéresser au berceau douillet de la royale progéniture qu'au champ de patates illégal sur lequel les gens du voyage doivent attérir, faute de mieux.
Dans l'étouffoir estival, la rigidité cadavérique de la pensée d'un député UDI donne des ailes à celles et ceux qui croient que l'être humain est égal lorsqu'il n'emmerde personne. Prenez le poupon monarchisant : hormis campé illégalement dans l'actualité estivale qui va disséquer jusqu'a l'ombilic à fleur de lys de la maman ébahie de bonheur, il aura le droit de poser sa couche comme le début de son règne sur le trône, sans que le peuple accroché à sa première quenotte, ne trouve à redire sur cette occupation illégale du temps de cerveau disponible.
En France, la révolution a coupé des têtes couronnées, le peuple a chopé la Bastille au col, mais plus de deux cents plus tard, une vague nostalgie de vraie monarchie monarchisante pas présidentielle, saisit la population au ventre. Retourne les pages de la presse écrite, envahit jusqu'à l'écoeurement les images des journaux télévisés. Béni le marmot royal en ces temps de disette d'actualité. Dans les éprouvettes de la contradiction, pendant ce temps-là, un député-maire entièrement décomplexé, balbutie une énormité à propos de gens de France, de gens du voyage qui, au lieu d'un pavillon payé à crédit sur vingt-cinq ans, circule sur les routes de France, leur pays. Un député-maire UDI que la masculinité droitière démange au fond de sa gangue cérébrale qui lui sert de caleçon, dégaine une déclaration en forme de belle fleur qui, on le sait, ne peut pousser que sur le fumier idéologique servant de pensée à cet élu. Comme quoi, le suffrage universel n'en a peut-être pas tué électoralement assez...
On se passionne pour une vieille tradition anglaise que 1789, en France, a su régler pendant que dans cette même France, personne, même pas l'autorité préfectorale qui est au pouvoir ce que la tête est à la couronne royale, ne fasse respecter la loi. Que dit la loi : toute commune de plus de 5.000 habitants doit posséder un terrain d'accueil pour les gens du voyage et chaque département doit posséder une aire de grand passage. Des communes ne respectent pas la loi. Qui est fautif : les communes. Qui doit-on sanctionner en premier ? Les communes. Qui doit-on sanctionner en cas de stationnement illégal bien qu'il existe un terrain légal ? Les ceusses stationnés illégalement.
Comme la monarchie, la connerie est héréditaire, on ne peut que plaindre l'ascendance et la descendance du député-maire, auteur de cette royale saillie fascisante que la honte ne semble même pas couronner. Comment réconcilier un peuple nomade avec un peuple sédentaire dont les habitudes de vie divergent ? Comment réconcilier une philosophie caravanière avec une philosophie pavillonnaire ? Les modes de vie aussi différents que celui de la famille royale avec le salarié lambda d'une usine de voitures destinées à tracter des caravanes estivales, celles-là. Ou des campings-cars étalant leur intérieur conçu comme une cuisine Ikéa qui peuvent se garer n'importe-où, c'est-à-dire au coeur même d'une ville. Mais pas touche au camping-car, il est le symbole d'une réussite sociale qui permet comme les escargots, de promener sa maison sur son dos et de voir passer le tour de France à défaut du carrosse du roi de France que détient toujours la reine d'Angleterre.
En général, les campings-cars se promènent seul, à deux ou en bande de trois à quatre pas plus. Pas en horde que le député-maire UDI de Cholet donnerait volontiers en pâture à un mécanicien à petite moustache et mèche brune. Dans la torpeur d'une canicule qui agite les spécialistes pour savoir si cela en ait une ou pas, des mots circulent sans pudeur sur un problème national que personne ne veut régler. Certains utilisent la voix du dialogue, d'autres la voix sans issue. D'abord, sanctionner les villes qui sont dans lillégalité. Ensuite, faire respecter cette loi comme. d'autres lois sont scrupuleusement respectées. Pourquoi certaines et pas d'autres ?
Parce qu'elles touchent directement à l'élu ? Il est plus simple de verbaliser le commun des citoyens que le commun des élus. Pendant que certains indignes de leur fonction jouent avec le feu de l'Histoire, pendant que la société se heurte à des problèmes qu'elle a créés sans vouloir les résoudre, regardons tous plutôt en direction du royal baby. Attendons avec impatience la caravane royale sortir de la maternité pour enfermer le bébé dans son royal destin. A part la caravane du Tour de France et celle cédant de plus en plus sa place au camping-car, la France ne veut pas voir les autres. Pas à côté de chez elle. Quant à l'élu responsable de bêtise surhumaine : promenons-le sur la place publique dans une caravane et condamnons-le à une vie nomade. On verra, quand il se sera pris plusieurs coups de pied dans son sédentaire postérieur, s'il désire toujours ce qu'il a proféré.