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Billet de blog 26 octobre 2013

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Léonarda des Hurlevents

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je m'appelle Léonarda. J'ai 15 ans. Une situation fiscale ordinaire. Du moins, jusqu'à ce que Bernard Tapie me conseille en filouterie de toutes espèces. Avec ma tête de papa au Rom, déjà, je ne passe pas bien auprès de la gente policière. J'ai beau me faire petite dans le car scolaire, j'ai beau tenter de cacher mes faux airs de Romano, enfin de Romana, en Suisse, sur un compte numéroté que Jérôme Cahuzac m'a gentiment offert, je me fais repérer avec une facilité déconcertante. A croire que c'est marqué sur mon front que je suis une délinquante du sol, une voyoute programmée génétiquement parce que mon père est sanguin et sans gain, sinon je m'appelerai Crésus ou Tapie ou Dassault ou Niel. Bref, des noms de gens ordinaires avec des fortunes extraordinaires. Mais je m'appelle Léonarda, je n'ai pas de papiers pour écrire ma vie dessus, alors j'ai appris le français en me disant que, même avec un faciès à aimanter la police, je pourrais peut-être les embobiner avec ma tchatche. Après tout, Bernard Tapie le fait bien. Mais, dans ma famille, je dois avouer, c'est un peu le bordel. Je ne suis pas non responsables de mes parents, déjà qu'ils le sont de moi. Ma famille, on dirait le Parti socialiste, il y en a toujours un qui est au bord de se faire virer. Moi, je ne demande qu'une chose : parler à la presse dans les micros, me voir à la télé aux côtés de François Hollande et participer à Danse avec les stars, enfin avec les Tsars parce que je compte aller soutenir les Pussy Riots, et les Fémen même si mon père me répète tout le temps que je ne suis pas un saint. Les Femen en ont deux, et alors ? J'ai fini de remplir ma déclaration d'impôts. Mais je ne devrais rien payer cette année, hormis un passif, c'est tout ce que je possède; Je suis partie de France au bon moment : le gouvernement veut me taxer l'argent que mon père m'obligeait à quêter dans la rue. Je l'ai déposé dans un cochon tout rose, on dirait Marine Le Pen avec une carte du Parti socialiste un jour d'Halloween. J'ai envoyé un peu d'argent à Jean-François Coppé pour qu'il m'achète quelques droits du sol avant de ne plus en trouver bientôt. A la Bourse du populisme, ça va grimper, et pas que dans des charters ou des esquifs qui échouent au bord de l'Italie. Attendez, je dois répondre à quelques questions de journalistes qui me tendent le micro. Voilà. Une grimace, ça vaut un autographe. De toute façon, je vais rentrer en France, en bus. Les voyages forment la jeunesse, je ne vous dis pas dans quel état ça met le P.S. Je repartirai en mars 2014 car il sera sans doute difficile de trouver une ville sans élus d'extrême droite. Avec la tête que j'ai, avec ma célébrité qu'on dirait qu'on a punaisé ma photo dans tous les abris bus de France, j'ai intérêt à raser les murs. Je vais écrire à Manuel Valls aussi. Lui demander si son épouse n'a pas un vieux violon qu'elle pourrait m'envoyer, ce sera plus facile pour mendier une carte de séjour en France. Et je me ferai passer pour une Tzigane ou une Manouche qui joue du jazz, comme ça je jouerai avec Thomas Dutronc, personne ne viendra me chercher dans sa loge, tout de même. La musique adoucit les moeurs. La France, c'est archet, en fait. Sous prétexte que les transports scolaires sont de la compétence des conseils généraux, pour la plupart, la police vient elle-même vérifier si chaque enfant a son ticket de transport. Je m'appelle Léonarda. J'ai 15 ans. Etranglée par la pression fiscale, je me suis fait exfiltrer de France par des agents de la droite qui ont mis ça sur le dos de la gauche. Mon père n'a pas les moyens de m'acheter une Nintendo DS 3D, on s'amuse comme on peut. N'empêche que le jour où j'aurais le droit de vote, je vais bien m'amuser. 

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