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Billet de blog 10 juin 2012

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Economie réelle et bulles spéculatives

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

On nous a pourtant assez seriné, il y a deux ans de celà, quand on demandait aux états de voler au secours des banques, que le temps politique n'était pas celui de l'économie. Il fallait entendre par là, celui de la finance internationale, celui des salles de marché. Trop lent... Les politiques étaient alors accusés de ne pas se jeter tête baissée danss les solutions toutes prêtes qui étaient formulées en forme de diktat par les grands opérateurs, notamment anglo-saxons, des marchés internationaux.

Trop lent donc, le temps politique, à l'heure où le monde actuel nous est sempiternellement présenté comme allant de plus en plus vite dans une économie interdépendante réagissant à la vitesse d'un clic... Délire d'omniscience et d'omnipotence, comme si la rapidité pouvait ne pas annihiler toute forme d'intelligence? Nos hommes politiques étaient donc sommés de trouver dees solutions financières sonnantes et trébuchantes aux gouffres abissaux laissés par les spéculations des banques et autres organismes para financiers tels les "edge founds" et autres fonds de placement à visée hautement spéculative.  On parlait encore à cette époque, avec passablement de condescendance d'économie réelle...

Qu'en est il aujourd'hui? L'allemagne brocardée par un monde anglo-saxon qui avait fait de l'ingénierie financière sa nouvelle pierre philosophale et qui comptait bien finir de convaincre les derniers sceptiques qu'il ne pouvait plus y avoir d'industrie digne de ce nom ailleurs que délocalisée dans les pays émergents. L'allemagne et son modèle économique "à la papa" datant des années d'après-guerre et dont on nous répétait sans cesse que son système bancaire désuet, sa quasi-inexistence dans les "nouvelles technologies", que sa natalité flageolente, que son inexistence politque sur la scène internatonale condamnait à plus ou  moins long terme à un lent et douloureux déclin. Que reste-t-il aujourd'hui de cette condescendance quand un beau matin les Etats Unis se sont réveillés en se rendant compte que cette même Allemagne qu'on disait si peu versée dans les arcanes de la "haute finance" venait de racheter, comme ça, sans bruit, le NYSE (New York Stock Exchange)? Le choc...

C'est à peu près à ce moment là qu'arriva la crise des dettes souveraines et que dans certains comités de direction et autres analystes stratégiques on fut contraints de réouvrir les vieux manuels d'économie (bien réelle cette fois), et qu'on redécouvrit sans rougir des notions simples, voire fondamentales telles que : balance des paimeents, solde des échanges, excédents commerciaux, équilibre budgétaire etc...

Et aujourd'hui on ne rebat les oreilles avec un "modèle allemand" que nous avons eu pour seul tort de ne pas suivre (alors que les même Cassandre le brocardaient plus ou moins gentiment). Nous voici donc, de la Grèce à l'Espagne, de l'Irlande au Portugal et demain la France... Ne nous y trompons pas, tous coupables d'avoir suivi les bons conseils de New York et de la City.

Alors c'est vrai. L'Allemagne vit depuis toujours dans le "temps politque", et plus encore depuis sa réunification. Ses gouvernements successifs ont suivis avec acharnement, entêtement et discipline un modèle surrané basé sur le renforcement de ses entreprises, la prise de contrôle de pans etiers de l'économie laissés en jachère par ses partenaires européens. Réinvestisant inlassablement les excédents commerciaux dégagés. Maintenant coûte que coûte l'outil productif sur son territoire à une époque où on nous expliquait que la main d'oeuvre européenne était devenue trop chère, trop syndiquée, trop peu compétitive pour concurrencer la Chine, la Corée ou le Brésil. Dans un monde voué de plus en plus à la vitesse, la recherche d'opportunités juteuse et à court terme, ellee s'est tracée un cap et s'y est tenue.

Les même Cassandre érige avec la même facilité ce modèle allemand autrefois ignoré en modèle insurpassable. Oubliant juste qu'il ne peut pas y avoir des "Allemagne" partout. Coment imaginer un monde où tous les pays rechercheraient l'excédent commercial comme mode de développement? Où serait  la contrepartie? C'est drôle de voir comme personne n'évoque ce sujet pourtant assez simple à comprendre pour un élève de l'école primaire. Il y a toujours eu des pays déficitaires, et d'autres excédentaires. Le solde, comme dans toute comptabilité est toujours nul.

La spéculation contre les Etats est devenu le nouvel Eldorado des spéculateurs. Faire planer le doute et la peur sur des régions entières du monde afin de faire grimper les taux d'intérêts, et justifier cet acte de piraterie en montrant à tous le visage du bon élève à qui on prête gratis.

Ne nous y trompons pas, le modèle allemand n'est qu'un artefact de plus pour justifier les surprimes démentielles imposées aux autres pays européens sur leurs émissions obligataires. Comment imaginer que l'état espagnol paie aujourd'hui son crédit plus cher que le premier quidam voulant s'acheter une automobile?

Rien de tout celà n'est sérieux, sauf les risques que nous courons tous de devoir payer une exorbitante dette spéculative. Il y aura des dégats si nous ne retrouvons pas tous en Europe la force de l'autorité  politique. Cette seule force dont dispose les peuples, mais qui est bien tangible celle-là. La force de dire non à un système fou et hors de tout contrôle qui entend désormais imposer sa voracité et faire payer aux peuples son appétit toujours plus grand.

Aujourd'hui l'Allemagne triomphe pour avoir toujours traité par le mépris une certaine forme développement économique en trompe-l'oeil, mais au prix d'une régression drastique du niveau de vie des allemands. Il nous reste toujours le choix de dire non. De sortir les comptes nationaux des cotations des agences de notation, de renationaliser une dette qui nous concernent au premier chef et que nous avons largement les moyens de nous offrir. Et de laisser une fois pour toute les américains et britanniques à leurs errances. Le modèle économique ultra-libéral et ultra-financiarisé qu'ils nous imposent est vieux et dépassé. C'est un reliquat du 20ème siècle, il est grand temps de passer à autre chose et de réouvrir à notre tour les vieux manuels d'économie. 

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