FENÊTRE OUVERTE SUR UN HUIS CLOS
CASSIGNAS, le 1er août 2014.
Deux détectives privés ont eu le privilège d’être entendus ensemble à huis clos par la commission d’enquête sur l’affaire CAHUZAC, sans doute par égard pour leur fonction et le goût du secret qui l’entoure. Il s’agit de M. Alain LETELLIER, directeur de l’agence de recherches privées LECONTE-LETELLIER à Paris et de M. Florent PÉDEBAS ancien gendarme de la brigade de recherche de Villeneuve-sur-Lot (47) qui exploite désormais une agence privée dans cette ville et à Muret (31).
M. LETELLIER, agréé par la Préfecture de police de Paris exerce par ailleurs les fonctions de vice-président de la chambre professionnelle des détectives français, le Conseil national supérieur professionnel des agents de recherches privées (CNSP-ARP), dont M. PÉDEBAS était l’un des administrateurs dans la région toulousaine.
Durant leur audition qui s’est déroulée le 24 juillet 2013 à partir de 14 heures 30, les deux « privés » énoncent une série de contrevérités flagrantes, du moins en ce qui concerne ma personne et le rôle que j’ai joué dans cette affaire. Ils assènent leurs contrevérités sous la foi du serment, dans le confort d’un huis clos qui devait garder le secret sur leurs propos, du moins dans l’immédiat. Ébahi, je découvre ces accusations dans le compte rendu de leur audition, joint au rapport CLAEYS publié le 15 octobre 2013.
À les entendre, les deux détectives, privés de lumière, n’auraient eu à connaître que de l’aspect vaudevillesque de l’affaire CAHUZAC.
Une épouse, des maîtresses, un chien, une femme de ménage exotique, des relations sulfureuses, en bref la vie privée du ministre sous tous ses aspects autres que financiers, voila le sujet avoué de leurs préoccupations, la cible de l’« enquête de bidet »* que mènent ces poètes du renseignement !
Un compte étranger que nourrissent des sources occultes, des barbouzes commanditées par des officines privées ou publiques qui se filochent entre elles, un patrimoine passé au peigne fin par le « Roi du cadastre »… mais tout ça ne les intéresserait pas le moins du monde ?
Je relève ces contradictions, outre leurs commentaires désobligeants sur ma personnalité ou ma vie professionnelle. Je les rattache à l’enquête privée (I) ou à l’enquête financière (II), sachant qu’il existe des passerelles entre ces deux thèmes. Sur cette trame viennent se greffer des digressions relatives aux liens passés entre certains protagonistes ou surgissant à la lumière de révélations récentes.
I- L’ENQUÊTE PRIVÉE
M. PÉDEBAS me contacte par téléphone le 14 septembre 2012 et me propose un rendez-vous, que nous fixons au 3 octobre, pour un entretien au sujet de Jérôme CAHUZAC. Il précise qu’un confrère parisien l’accompagnera.
Je suis surpris par sa familiarité alors que je ne l’ai rencontré qu’une seule fois auparavant, à Pujols à la fin de l’année 2006. Avec une relation commune, nous avions assisté à une conférence-débat sur le terrorisme, animée par le juge Jean-Louis BRUGUIÈRE, invité d’honneur.
Lorsque j’accueille les deux « privés » à Laroque-Timbaut pour les conduire à mon domicile, M. PÉDEBAS me tutoie d’emblée, m’appelle par mon prénom et se présente comme un fidèle supporter de mon combat contre l’Administration depuis l’affaire FRANCE PRUNE. Visiblement il cherche à impressionner M. LETELLIER par sa précieuse intimité avec le mystérieux Rémy GARNIER, source incontournable de renseignements sur le ministre délégué chargé du Budget.
Je comprends que Mme Patricia CAHUZAC, l’épouse du ministre en instance de divorce, est à l’origine de leur surprenante visite (11) et, de fait, les deux détectives s’intéressent d’abord aux maîtresses supposées du mari volage (12), à son chien (13) et autres bagatelles (14), sujets qui ne sont pas, loin s’en faut, au centre de mes préoccupations, mais sur lesquels ils doivent s’expliquer maintenant (15).
11- Patricia, l’épouse bafouée.
M. LETELLIER, mandaté par deux fois, en octobre 2011 et en septembre 2012 par Mme CAHUZAC n’a fait intervenir son confrère, à l’occasion de la seconde enquête, que pour obtenir un rendez-vous avec moi. Sa mission consiste alors à « établir la matérialité d’une relation extraconjugale » et en mars 2012 il remet à sa cliente son premier rapport, dûment assorti de photographies et attestations. Le dossier est clos, mais Mme CAHUZAC aurait ensuite reçu des lettres anonymes évoquant des liens qui se seraient créés à l’occasion de l’affaire France prune entre Jérôme CAHUZAC et Florence PARLY.
À aucun moment lors de son audition le détective, affectant pudeur et discrétion professionnelle de circonstance, ne précise la nature de ces liens ni ne donne le nom de la secrétaire d’État au Budget de l’époque. Il dit avoir lu ces lettres, du moins « celles évoquant un certain problème privé, qui pouvait être très lourd pour une femme. » Et il ajoute :
« D’ailleurs, j’ai ici la copie d’un chèque datant du 6 septembre 2012, par lequel elle me mandate, alors que le dossier est clos, pour aller voir Rémy GARNIER. »
Pêle-mêle, il fait des déclarations parfois contradictoires au sujet de ma réputation :
« Ce que M. GARNIER a déclaré au départ est juste : nous sommes venus pour discuter d’un problème privé. »
« Quiconque fait une enquête sérieuse à Villeneuve-sur-Lot tombe sur lui. »
« J’ai juste demandé à Florent PÉDEBAS s’il connaissait Rémy GARNIER. Il m’a répondu : "Regarde sur Internet, tu trouveras des informations." »
« Il faut se replacer dans le contexte de l’époque. Cela fait alors dix ans que Rémy GARNIER est au fond du trou – lorsque nous l’avons rencontré, il n’était pas l’homme flamboyant que vous avez auditionné ! »
« Si l’on enquête sur Jérôme CAHUZAC à Villeneuve-sur-Lot, Rémy GARNIER est une personne incontournable. »
L’audition des détectives donne aussi lieu à des échanges surréalistes :
Alain CLAEYS, rapporteur : Rémy GARNIER était donc parfaitement au courant de la vie privée des habitants de Villeneuve-sur-Lot, en particulier de celle de Jérôme CAHUZAC ?
Alain LETELLIER : Absolument.
Alain CLAEYS : Qu’en pensez-vous, Monsieur PÉDEBAS ? C’était la tour de contrôle ?
Florent PÉDEBAS : Rémy GARNIER en voulait tellement à M. CAHUZAC depuis l’affaire FRANCE PRUNE qu’il cherchait tout ce qu’il pouvait trouver sur lui ! Il a toujours ratissé large, y compris dans la sphère privée.
Le président Charles de COURSON : Cela sortait du champ de ses compétences ?
Florent PÉDEBAS : Bien entendu !
Alain LETELLIER : Après notre visite, il est allé voir un journal satirique de Villeneuve-sur-Lot, La Feuille.
Florent PÉDEBAS : La directrice l’a même viré de son bureau.
Alain LETELLIER : La Feuille a publié un article de deux pages reprenant l’intégralité de la conversation que nous avons eue : l’affaire du chien d’aveugle, l’enfant… Tout est paru dans « la feuille de chou » de Villeneuve-sur-Lot.
Charles de COURSON : L’article évoque-t-il le fameux compte ?
Alain LETELLIER : Non : il évoque Jean-François PONCET, les lettres anonymes, mon enquête et des faits privés.
M. CLAEYS pose ainsi les questions en suggérant les réponses. « Tour de contrôle », je lui retourne cette expression qui lui va comme un gant tant il s’emploie à contrôler tout ce qui pourrait menacer les intérêts du pouvoir « socialiste ».
Quant au champ de mes compétences, au sens juridique du terme, je dois rappeler qu’au moment de cette rencontre, je suis en retraite depuis plus de deux ans et que j’ai passé les neuf dernières années d’activité dans trois « placards » successifs. Et avant septembre 2001, durant mes activités de vérificateur fiscal, je ne me suis jamais intéressé à la sphère privée telle que l’entend M. PÉDEBAS avec médisance.
Ayant été sanctionné le 17 décembre 2008 par un avertissement disciplinaire pour avoir consulté début 2007 le dossier CAHUZAC, j’ai introduit un recours en annulation de cette sanction devant le Tribunal administratif de Bordeaux. Au cours de l’instruction de ma requête, je me suis efforcé de démontrer que la consultation de ce dossier entrait dans le cadre de ma mission de recherche et présentait un intérêt financier et moral pour le Trésor public, hors de tout abus de fonctions.
Mes investigations sur le compte suisse et l’origine des fonds déposés étaient donc doublement légitimes, pour la manifestation de la vérité devant la Justice administrative et dans l’intérêt du Trésor.
J’ai effectivement rencontré Anne CARPENTIER le 15 novembre 2012 au siège de La Feuille. Je savais qu’elle avait elle-même enquêté sur le MAXÉPA. Cette spécialité du laboratoire Pierre FABRE, censée traiter les carences en oméga 3, avait bénéficié des largesses de Jérôme CAHUZAC lorsqu’il officiait, de 1988 à 1991, comme conseiller technique du médicament au cabinet de Claude ÉVIN : autorisation, prix de mise sur le marché et taux de remboursement par la Sécurité sociale exorbitants…
En préambule, j’ai alors précisé que j’entendais exclure de notre discussion les questions purement privées, ayant trait à l’épouse du ministre, à ses maîtresses supposées, à sa femme de ménage philippine et à son chien etc. Mais dès que j’ai abordé la question des rapports controversés de l’ancien conseiller ministériel avec certains laboratoires, par le biais notamment de sa société CAHUZAC CONSEIL créée en 1993, Mme CARPENTIER a perdu la maîtrise de ses nerfs. Prétendant que mes chiffres étaient faux et que ni moi ni personne n’apporterait jamais la preuve qu’il s’agissait de sommes facturées à des laboratoires, elle m’a congédié sans ménagement.
Or, il s’agissait des comptes régulièrement publiés par le Greffe du Tribunal de commerce de Paris et M. CAHUZAC lui-même n’a jamais cherché à dissimuler la nature de sa clientèle exclusive.
L’article évoqué par M. LETELLIER s’intitule « CAHUZAC victime des rumeurs » mais il ne précise nullement la teneur desdites rumeurs ni les noms de ceux qui les colportent. Toutefois, je me sens visé par l’introduction :
« (…) ce qui est certain, c’est que le monsieur qui a quitté notre bureau avec le sentiment très net de nous avoir foutus en boule, n’a pas dû comprendre pourquoi nous étions en pétard. Il faut dire quand même qu’il a un peu "pris pour les autres". »
En ne citant pas mon nom, La Feuille s’épargne une confrontation publique et m’exclut de fait du droit de réponse.
Sur le fond, c’est à peu près le néant, excepté cette formule laconique : « Même son chien y passe ».
Par contre, Anne CARPENTIER s’en prend à deux reprises à ces « officines barbouzardes d’un autre âge ».
M. LETELLIER qui évoque « la conversation que nous avons eue » devrait donc se sentir visé lui aussi, comme faisant partie « des autres ».
Quant à moi, je suis plutôt honoré d’avoir été viré par la patronne de cette publication qu’il rabaisse au rang de « feuille de chou » ?
Les détectives se targuent d’avoir détecté mes motivations secrètes.
Florent PÉDEBAS : C’est vrai que Rémy GARNIER est une machine à paroles. Alain LETELLIER a commencé par lui poser des questions concernant l’affaire privée pour laquelle il était mandaté, mais après, il ne nous a pas laissé partir : il voulait absolument nous dire tout ce qu’il savait.
Alain LETELLIER : Il était tellement content de pouvoir parler à d’autres personnes qu’aux correspondants locaux de Sud-Ouest qui avaient un peu relayé son combat ! Il sentait qu’il tenait enfin une occasion de se faire réhabiliter.
Alain CLAEYS : Pensait-il que, détenant des informations sur Jérôme CAHUZAC, il pourrait avoir satisfaction sur son dossier administratif personnel ?
Florent PÉDEBAS : Oui : il n’y avait que cela qui comptait pour lui !
Les questions du rapporteur dont la partialité n’a échappé à personne induisent systématiquement les réponses. Et, peu après une députée socialiste revient à la charge :
Cécile UNTERMAIER : Vous avez dit que lorsque vous avez rencontré Rémy GARNIER, en octobre 2012, il espérait beaucoup de sa prochaine entrevue avec M. CAHUZAC, et qu’ensuite il avait « tout déballé ». Qu’entendez-vous par là ? Considérez-vous que c’est lui qui s’est vengé de M. CAHUZAC.
Alain LETELLIER : Oui, c’est le sentiment que j’ai eu. Nous avons passé presque quatre heures avec lui. Nous sommes partis avec une mine de renseignements : nous avions tous les éléments du dossier !
Cécile UNTERMAIER : C’est une déduction que vous faites suite à l’échec de son entrevue avec M. CAHUZAC ?
Alain LETELLIER : Ce que je dis est étayé par le fait qu’il s’est épanché dans La Feuille quelques jours après son rendez-vous avec M. CAHUZAC- qui a tourné court.
Cécile UNTERMAIER : C’est ce que veut dire cette phrase ?
Alain LETELLIER : Oui.
La thèse du chantage n’a jamais été soutenue par le principal intéressé, M. CAHUZAC, devant la commission d’enquête, et pour cause. Celle de la vengeance ne repose sur aucune preuve si ce n’est l'accusation fielleuse des deux détectives furieux de n’avoir récolté aucun renseignement sur les frasques extra conjugales du député devenu ministre. Ils sont repartis les mains vides et non avec la « mine de renseignements » que M. LETELLIER serait bien incapable d’exhiber.
Peu après mon entretien du 26 octobre 2012 avec Jérôme CAHUZAC, c’est Fabrice ARFI qui m’a contacté début novembre pour prendre rendez-vous et non l’inverse. Il est venu à ma rencontre à Agen par TGV, le 14 novembre 2012 et j’ai rendu visite à Anne CARPENTIER, directrice de La Feuille le lendemain, en vertu d’un rendez-vous pris par téléphone le 13 novembre. Je n’ai pas eu la maîtrise de ce calendrier.
Les agents de renseignements privés LETELLIER-PÉDEBAS se révèlent bien mal renseignés sur mon compte.
Ils procèdent par affirmations fantaisistes, qu’il s’agisse de faits aisément vérifiables ou d’appréciations subjectives sur ma personnalité profonde. Ainsi Alain LETELLIER, plus bienveillant que son confrère, assène cette contrevérité comme une évidence :
« Il (Rémy GARNIER) ne demandait d’ailleurs pas grand-chose : obtenir sa réintégration et pouvoir toucher sa retraite. »
Or, après une année effective d’exclusion de fonctions, j’ai été réintégré à la Direction des services fiscaux de Lot-et-Garonne le 25 juillet 2005. Puis, le Tribunal administratif de Bordeaux a annulé la sanction de l’exclusion par jugement du 7 octobre 2009 et la Cour administrative d’appel a rejeté le recours du ministre Éric WOERTH selon arrêt du 15 novembre 2010. Mais il est vrai que je demandais ma réintégration effective dans ma brigade d’origine. Par contre, je n’ai jamais été menacé de perdre ma retraite, que je perçois normalement depuis juillet 2010, même si je revendique une reconstitution de carrière et de mes droits à pension par voie de conséquence.
S’agissant de ma personnalité, l’ex-gendarme PÉDEBAS déraille complètement et me présente comme un extraverti volubile, un moulin à paroles que rien ne peut arrêter.
Pourtant, après les révélations de Mediapart, les médias serviles, canard laquais en tête, ont dressé de moi la caricature d’un ermite dépressif, d’un délateur paranoïaque retiré dans une baraque reculée au fond des bois. Somme toute, cette description me semble plus conforme à ma véritable nature, délation mise à part.
Durant toute ma carrière je me suis interdit toute vie sociale, toute relation mondaine, autant par goût que par nécessité. Que ce soit à titre privé ou dans le cadre de ma vie professionnelle, j’ai toujours fui les situations de nature à créer des liens compromettants, source de potentiels conflits d’intérêts.
Non Monsieur PÉDEBAS ! Je n’ai jamais ratissé dans la sphère privée, hors du champ de mes compétences, pour assouvir une vengeance personnelle. Vos accusations ignobles relèvent de la diffamation pure et simple. Le vent les emportera dans une odeur pestilentielle, tel « ces aquilons avant-coureurs qui racontent les exploits du bol alimentaire », dixit Léo FERRÉ.
Et pour ma part, même durant mon injuste exclusion, je n’ai jamais profité de ma réputation, de mon carnet d’adresses et de mes réseaux professionnels pour travailler à mon compte. Dès lors, la leçon de déontologie venant d’un gendarme qui pantoufle ne pèse guère plus à mes yeux que les cours d’Aquilino MORELLE sur le conflit d’intérêt.
Je ne fréquente que des employés, des ouvriers et des paysans, des gens modestes, ou qui ont su le rester après une amorce de promotion sociale. Mes loisirs ne se partagent qu’entre prolétaires.
Je ne joue pas au bridge, ni ne fréquente le Rotary club ; je ne pratique pas le tennis ni l’équitation ; je m’interdis le golf… Je n’adhère à aucun réseau mondain et personne ne m’a jamais aperçu dans les dîners en ville ou les boîtes branchées de la région. Bref, j’écarte sciemment toute chance de recueillir ou colporter les ragots qui alimentent les rumeurs sur la vie privée des notables de Villeneuve ou d’ailleurs.
Et si d’aventure des informations troublantes à connotation fiscale ont pu parvenir à mes oreilles lorsque j’étais en activité, j’ai toujours recoupé mes informations ou demandé au service compétent de les vérifier avant d’en faire état professionnellement.
Je n’ai pas de leçon à recevoir de ces pudiques « agents de recherches privées » dont les investigations se limitent souvent à des « enquêtes de bidet »* dans le jargon des professionnels. Ces experts du trou de serrure, des ragots par lettres anonymes et des taches sur les draps, traquent ainsi l’adultère. Moyennant 60 à 90 € de l’heure, selon La Dépêche du Midi du 18 mai 2014, « il faut que les familles aient les moyens », dixit Aude CONSTANS, « privée » à Albi, à propos des recherches familiales. Florent PÉDEBAS y précise quant à lui que les entreprises représentent désormais 80 % de sa clientèle avec des enquêtes ciblées sur les salariés suspectés d’arrêts maladie abusifs ou de concurrence déloyale. Bref, ils se vendent davantage aux riches et aux puissants qu’aux damnés de la terre.
12- Maîtresses fantasmées ?
Le choix de ces maîtresses réelles ou supposées révèle une fois encore l’étroite imbrication de la politique spectacle et du showbiz. Florence PARLY, Stéfanie JARRE, Aurélie FILIPETTI, Laura VERNIER se succèdent auprès du séducteur déchu.
Florence PARLY.
La matérialité des faits ayant été établie dès mars 2012 sur les relations entre Jérôme CAHUZAC et Stéfanie JARRE, M. LETELLIER a réorienté son enquête sur des faits antérieurs. Il répond alors en octobre 2012 à la demande de Mme CAHUZAC désireuse de vérifier une rumeur circulant "aux impôts", dont elle aurait été informée par lettres anonymes.
Un peu d’histoire politicienne…
Olivier SCHRAMECK, nommé Directeur de cabinet du Premier ministre Lionel JOSPIN le 2 juin 1997, recrute aussitôt Florence PARLY comme Conseillère pour les affaires budgétaires.
Le 3 janvier 2000, la nomination de cette conseillère au poste de secrétaire d’État au Budget fait d’elle, à trente-six ans, la benjamine du gouvernement où elle secondera Christian SAUTTER puis Laurent FABIUS au Ministère de l’Économie, des finances et de l’industrie jusqu’au 6 mai 2002. Alors qu’elle vit en couple depuis 1991 avec Martin VIAL, elle médiatise sa grossesse durant sa fonction et pose notamment pour le magazine Elle sans révéler le nom de son compagnon.
Elle accorde même une interview à Arlette CHABOT le 4 septembre 2000 alors que la naissance de son fils est imminente.
Dès lors les rumeurs vont bon train…
L’avocat Michel GONELLE résume sobrement la situation dans son manifeste de mars 2014 intitulé « L’Oreille de Cahuzac » :
« Ce n’est un secret pour personne que les relations Cahuzac-Parly se trouvent au centre du conflit conjugal du couple Cahuzac et que l’épouse du député maire de Villeneuve accorde à tort ou à raison, à ces relations une importance majeure. »
Pour ma part, je suis toujours resté totalement étranger à ces rumeurs et j’ai poliment refusé de coopérer sur ce terrain avec les détectives dès leur première question, brutale et ramassée :
« Le fils de Florence PARLY ressemble-t-il à Jérôme CAHUZAC ? »
J’ai même pensé que cette entrée en matière n’était qu’un leurre, un prétexte avant d’aborder le vif du sujet : le compte suisse.
D’ailleurs, le Journal du Dimanche (JDD) a publié le 13 janvier 2013 un article racoleur**. Son auteur, Laurent VALDIGUIÉ, dans la confidence des deux détectives, y fait part de leurs doutes.
Or, au cours de leur audition, MM. PÉDEBAS et LETELLIER, qui évitent par feinte pudeur de citer le nom de l’intéressée, entretiennent ce doute alors qu’ils tiennent enfin l’occasion de le dissiper dans un souci de clarté et d’honnêteté.
Philippe HOUILLON : Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi sur une affaire privée, vous allez voir GARNIER. Vous a-t-il renseigné ?
Alain LETELLIER : Oui.
Philippe HOUILLON : Il avait donc des éléments sur le sujet ?
Alain LETELLIER : Oui, cela se savait dans son service. écoutez, je ne veux pas entrer dans le détail de cette affaire privée sordide.
Philippe HOUILLON : Mais a-t-elle un rapport avec notre affaire ?
Alain LETELLIER : Cela a un rapport avec l’intervention de M. CAHUZAC et le service du Budget à l’époque. Cela concerne le fisc, mais il s’agit d’une affaire privée.
Peu avant, il avait fait cette réponse au rapporteur CLAEYS :
« Rémy GARNIER était susceptible d’avoir des informations parce qu’il était intervenu dans l’affaire FRANCE PRUNE. Selon une rumeur, des liens privés intéressant notre cliente s’étaient en effet créés à cette occasion. »
Il vise, sans la nommer, Florence PARLY. Or, l’intervention du député CAHUZAC sur le dossier fiscal de la coopérative des pruniculteurs a eu lieu au début de l’année 2009, voire à plusieurs reprises durant le premier semestre 2009.
Dans cette hypothèse, il serait intervenu directement au cabinet de Lionel JOSPIN où, joignant l’utile à l’agréable, il aurait noué une relation amoureuse avec la conseillère aux questions budgétaires avant qu’elle devienne secrétaire d’État au Budget…
Pourquoi pas ? Dans ce cas, l’affaire FRANCE PRUNE prendrait une autre dimension et le sabotage de la vérification fiscale serait le résultat d’une œuvre collective unissant JOSPIN, SAUTTER, CAHUZAC, PARLY et bien sûr SCHRAMECK, le même SCHRAMECK, ancien Secrétaire général du Conseil constitutionnel, Conseiller d’État et Directeur de cabinet du Premier ministre qui a exprimé cette opinion tranchée à la page 89 de son ouvrage « Matignon rive gauche 1997-2001 » :
« Quant à la pratique des transactions fiscales, elle est dans son mécanisme même, à mes yeux injustifiable. Donner à un chef de bureau, à un directeur d’administration fiscale et à fortiori à un ministre le pouvoir souverain d’accorder à une entreprise des allègements de charges parfois considérables, se chiffrant à des dizaines voire des centaines de millions, est indigne d’un État de droit. »
Président de section au Conseil d’État de 2006 à 2012, membre à depuis juillet 2012 de la Commission sur la rénovation et la déontologie de la vie publique, le même homme a été nommé Président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) en janvier 2013.
Vous avez la parole M. SCHRAMECK pour opposer un démenti !
Quant à M. LETELLIER, il perd toute crédibilité avec ce mensonge. Je ne lui ai fourni aucune information sur cette prétendue passion extraconjugale des deux ex-ministres, rien de nature à alimenter ce qui reste pour moi une simple rumeur.
Puis le député HOUILLON dérape à son tour avec cette insinuation qui induit elle-même d’autres dérapages, à tel point que M. LETELLIER se sent obligé de rectifier le tir.
Philippe HOUILLON : J’ai compris à demi-mot que Rémy GARNIER n’avait pas digéré que Jérôme CAHUZAC soit intervenu avec efficacité sur le dossier France prune.
Alain LETELLIER : En l’occurrence, M. GARNIER avait fait son travail.
Philippe HOUILLON : Peut-être, mais cette intervention, dites-vous, recoupait une affaire privée. Or, au même moment, le fisc était saisi, via Michel GONELLE - et cela a traîné sept ans. Ce n’est donc pas totalement sans intérêt pour nous.
Je démens en bloc et en détail les propos de M. LETELLIER comme les insinuations de M. HOUILLON.
Je n’ai fourni au premier aucun renseignement de nature à accréditer une telle liaison extraconjugale, et les questions orientées du second sont parfaitement scandaleuses.
Non M. HOUILLON, vous n’avez rien compris du tout !
Vous inventez un lien entre l’intervention de CAHUZAC sur le dossier FRANCE PRUNE au premier semestre 1999, l’entrée de Mme PARLY en janvier 2000 dans le gouvernement de Lionel JOSPIN, la liaison supposée de la Secrétaire d’État au Budget avec Jérôme CAHUZAC et la saisine du fisc par Michel GONELLE au début de l’année 2001. En filigrane se dessine le scénario d’une vengeance unissant par complicité le fonctionnaire désavoué par sa hiérarchie et le politicien déchu mêlant questions fiscales, arrières pensées politiques et liaison secrète de leur victime.
Or mon combat contre l’Administration fiscale est plus ancien et obéit à une logique différente du combat politique de M. GONELLE.
M. HOUILLON, inconsciemment me prête un mode de pensée fait de basse cuisine politicarde. Il ne lui vient pas à l’esprit qu’un petit fonctionnaire puisse avoir de plus nobles valeurs.
Par ailleurs, louer l’efficacité d’une intervention illégale révèle une conception dévoyée de l’intérêt public. Ce que je n’ai « pas digéré », c’est une intervention politique hors la loi suivie d’une cascade de sanctions illégales à mon encontre. À cet égard, M. HOUILLON récidive. Il a usé du même procédé lors de mon audition du 12 juin 2013 :
M. HOUILLON : Je trouve « gonflé »d’aller demander à un ministre de vous aider à régler votre situation alors même que la consultation de son dossier fiscal est un des éléments qui sont à l’origine de ladite situation et que vous déposez, au cours de la procédure, un mémoire où vous le mettez en cause. (…) Qu’est-ce qui vous pousse à aller lui demander un service alors que vous pouvez légitimement penser qu’il y a un risque qu’il sache que vous êtes au courant ?
Rémy GARNIER : Selon vous, je serais allé demander un service à M. CAHUZAC. Je récuse le terme avec virulence. Je viens demander l’application de la loi telle qu’elle a déjà été prononcée à onze reprises par les juridictions administratives. (…)
M. HOUILLON : Je retire le terme de « service ». Néanmoins, vous vous attendez sans doute à ce que M. CAHUZAC vous parle du compte suisse.
Rémy GARNIER : J’ai évidemment prévu le coup. (…)
Ainsi M. HOUILLON bat en retraite mais il revient à la charge à la première occasion, usant des mêmes méthodes par insinuation, amalgames, dénaturation des faits et de leur chronologie, décryptage du marc de café à travers le prisme du marigot politique…
Pour mémoire, voici la liste des principales sanctions annulées par la justice administrative :
2001 : Déplacement d’office, sanction disciplinaire déguisée ;
2004 : Exclusion de fonction pour deux ans dont un an avec sursis ;
2006 : Mutation dans l’intérêt du service ;
2008 : Avertissement disciplinaire pour avoir consulté le dossier fiscal du député en 2007;
2009 : Refus de promotion au grade de fin de carrière.
Il appartient bien à l’Administration d’en tirer les conséquences.
Stéfanie JARRE.
Lu dans le magazine Elle du 23 avril 2013, à propos de la situation patrimoniale et conjugale des époux CAHUZAC en 2011 et notamment de leur appartement de l’Avenue de Breteuil :
« Jérôme CAHUZAC continue d’y passer mais s’affiche ostensiblement avec sa nouvelle compagne de l’époque.
À Villeneuve-sur-Lot où l’on n’a pas vu depuis un moment l’officielle Mme CAHUZAC, on découvre le député au bras d’une blonde plus jeune, la belle-fille d’un célèbre animateur de télé. Publiquement humiliée, Patricia CAHUZAC demande alors au détective (Alain LETELLIER) d’établir "la matérialité des liaisons extraconjugales". Un dossier banal d’adultère. »
Mais il faut bien mettre des noms sur les acteurs de ce vaudeville qui n’a rien de banal. L’adultère qui aurait été consommé dans la résidence du couple à Pujols semble au contraire bien singulier. Dans ce charmant village médiéval dominant Villeneuve-sur-Lot se concentre une série invraisemblable de coïncidences extraordinaires où se croisent à vingt ans d’intervalle les trajectoires de Florent PÉDEBAS, Dany SAVAL et Michel DRUCKER, d’une part, et celles de Stéfanie JARRE, Jérôme et Patricia CAHUZAC d’autre part…
En outre, cette dernière a mandaté pour sa défense l’avocate Isabelle COPÉ, sœur de Jean-François COPÉ, alors patron de l’UMP. L’affaire CAHUZAC réunit ainsi une belle brochette de personnalités.
M. PÉDEBAS lors de sa visite m’a confirmé avec force détails les rumeurs qui circulaient dans la presse au sujet de cette union.
L’hebdomadaire Ici Paris du 1er février 2012 annonce le mariage de « l’homme fort des finances du parti socialiste » avec Stéfanie JARRE qui vient de retrouver l’amour après des années de célibat douloureux. La fille du musicien Maurice JARRE et de la comédienne Dany SAVAL, épouse de Michel DRUCKER, animateur vedette de télévision pose entre ses parents sur la photo en couleur qui illustre l’article, avec en contrebas Jérôme CAHUZAC en médaillon. L’illustre demi frère de Stéfanie, Jean-Michel JARRE, musicien comme son père mais dans un style différent, ne figure pas sur la photo de famille.
Mais le mariage annoncé comme imminent n’a jamais eu lieu, les époux CAHUZAC en instance de divorce étant toujours mariés, ce qui n’a pas empêché l’hebdomadaire Nous Deux de reprendre, le 27 mars 2012, la nouvelle de ce mariage présenté comme effectif.
Remontons le temps !
En octobre 1987, la cellule locale de la SPA dénonce un trafic de chiens détournés pour être soumis à des expériences en laboratoires au CHU de Toulouse. L’enquête conduit à la découverte d’un charnier dans un chenil de Pujols.
L’instruction confiée au juge Jean-François DAUX dure quatre ans. M. PÉDEBAS, gendarme de la Brigade de recherche de Villeneuve mène les investigations, sur commission rogatoire.
Le procès s’ouvre le 26 novembre 1991 devant le Tribunal correctionnel d’Agen qui déclare la procédure nulle. Un appel est interjeté puis un pourvoi devant la Cour de cassation qui renvoie l’affaire à Bordeaux. Les coupables sont finalement condamnés à l’issue de ce marathon judiciaire où déjà la justice à Agen a fait preuve de ses lacunes.
Les visites sur place de Brigitte BARDOT et de Dany SAVAL permirent une large couverture médiatique de l’affaire.
À cette occasion, le gendarme PÉDEBAS familiarisa avec Dany SAVAL et, à l’en croire, il entretient encore aujourd’hui des relations amicales avec le couple qu’elle forme avec Michel DRUCKER.
Or, l’« enquête de bidet » engagée en octobre 2011 nécessitait la filature de la fille de ses amis et lui aurait posé un cas de conscience.
M. LETELLIER l’explique devant la commission d’enquête :
« Florent PÉDEBAS, à qui j’avais parlé du dossier, a refusé de faire les filatures et les surveillances classiques sur Villeneuve-sur-Lot, parce qu’il avait un conflit d’intérêt ; c’est pourquoi j’ai fait appel à un collègue de Bordeaux - mais il est tout à fait normal de sous-traiter un dossier en accord avec la cliente. »
Si la déontologie de sa profession interdit à l’agent de recherches d’enquêter sur la même personne à la demande de deux clients différents, rien ne l’empêche, lorsqu’il est mandaté par une cliente, d’associer un confrère à son enquête. M. PÉDEBAS ayant décliné l’offre en 2011, Alain LETELLIER confia la mission de filocher les deux amants présumés à Alain ROUSSEAU, son confrère bordelais.
Au début de l’année 2012, Jérôme CAHUZAC devenu incontournable au Parti socialiste se sent pousser des ailes et sacrifie tout à ses ambitions ministérielles. Lorsque l’enquête menée à son insu et visant Stéfanie JARRE prend fin en mars 2012, la rupture est déjà consommée ou en voie de l’être.
La voie redevient libre pour Florent PÉDEBAS qui accepte en septembre 2012 de collaborer avec l’agence LETELLIER pour le compte de Patricia CAHUZAC. Cependant, ainsi qu’il me l’a expliqué le 3 octobre 2012, il a bien un pied dans le camp de l’épouse bafouée et l’autre dans celui de ses amis, même si sa « propre » intervention alors en cours concerne seulement les relations de Jérôme - devenu entre temps l’ex de Stéfanie - avec Florence PARLY douze ans plus tôt.
À défaut de conflit d’intérêt, quel manque d’élégance à l’égard de ses prétendus amis et de leur fille !
Selon la presse (Ici Paris, Le Point…), Michel DRUCKER aurait invité le couple éphémère formé par Jérôme et Stéfanie pour le réveillon du 31 décembre 1991 à Eygalières, sa propriété des Bouches-du-Rhône au permis de construire controversé devant la justice administrative.
Dommage qu’il n’ait pas invité également son « ami » PÉDEBAS ! Ce spécialiste de l’immobilier qui travaille au coup par coup avec LECONTE-LETELLIER si j’en crois les confidences du directeur de cette agence, aurait pu joindre l’utile à l’agréable.
Aurélie FILIPETTI.
Les deux détectives ne m’ont pas mentionné cette personnalité parmi les conquêtes de Jérôme CAHUZAC, pas plus qu’il n’en ont fait état lors de leur audition par la commission d’enquête.
Le Point comble cette lacune avec une anecdote qui, vraie ou fausse, dévoile le personnage : séducteur compulsif ou affabulateur impénitent. Selon article du 4 juillet 2013, Jérôme CAHUZAC se serait vanté auprès de ses collègues parlementaires d’avoir eu une liaison amoureuse avec la députée de la Moselle. Devenus ministres du Gouvernement formé par Jean-Marc AYRAULT après l’élection présidentielle de mai 2012, lui au Budget, elle à la Culture, leur relation se serait détériorée au point même qu’Aurélie serait allée voir la femme de Jérôme. La ministre de la Culture, dément formellement :
« Ce type a menti à la France entière sur son compte suisse, mais son délire ne s’arrête pas là. Il a aussi menti sur un sujet beaucoup plus trivial me concernant en répandant des rumeurs sur une prétendue liaison qui n’a jamais eu lieu. Son problème, c’est qu’il a essayé, mais que j’ai repoussé ses avances à plusieurs reprises. »
Mais Jérôme, l’étoile montante du gouvernement, a tout de même réussi à lui ratiboiser son budget de plus de 4 %. Pauvre Culture ! Pauvre ministre ! Elle se consolera dans l’écriture d’un nouveau roman sentimental ou en déclamant de tendres poèmes.
Laura VERNIER
Afin de prouver à la face du monde entier son inaltérable sérénité malgré les récentes révélations de Mediapart, Jérôme s’affiche avec cette nouvelle conquête supposée, le 13 décembre 2012 à l’Opéra Bastille où se joue « Carmen ». Il est encore ministre ; elle, chasseuse de tête dans le secteur du luxe… Beau tableau de chasse !
13- BUCKY le chien.
Longuement interrogés par le rapporteur sur les raisons de leur visite à mon domicile, les deux détectives mentent par omission. Ils n’évoquent même pas leur vif intérêt pour BUCKY et ses origines.
Pourtant, après les maîtresses supposées du ministre, ce chien serait également au cœur du conflit né de la séparation du couple explosif en 2011. Patricia CAHUZAC le recherche activement et le tandem LETELLIER-PÉDEBAS, bien informé cette fois, suppose que j’en possède une photographie…
Le 3 octobre 2012, ils me font part avec insistance de sérieux doutes sur les origines du paisible golden retriever. Il aurait été confié pour éducation aux époux CAHUZAC par une association à vocation humanitaire qui gère une école de chiens pilotes pour aveugles et malvoyants. Or depuis la séparation du couple, ce chien « enlevé » par le député maire l’accompagne partout dans sa circonscription, y compris dans ses réunions publiques.
D’ailleurs Sophie FAY, journaliste au Nouvel Observateur, qui s’est également rendue à mon domicile, m’a assuré le 8 décembre 2012 que lors d’une rencontre récente Jérôme CAHUZAC lui avait fait ce demi aveu : « Ce chien, je l’ai presque volé. »
Non sans malice, je propose alors aux détectives la photo qui figure dans le numéro 390 de « La lettre de Jérôme Cahuzac », que m’a transmise un Villeneuvois en juin 2012. Sous le titre « Rencontre avec les jeunes de Vacances Nature à Villeréal », le ministre pose en première ligne avec BUCKYle chien. Tous les Villeneuvois ou presque possèdent ce cliché « officiel ». Quel scoop !
Mais je n’ai pas tout révélé au Nouvel Observateur, pas plus qu’au binôme PÉDEBAS-LETELLIER. Car, si je possède effectivement deux portraits plus personnels de BUCKY, je m’intéresse davantage à son entourage qu’au chien lui-même.
Mercredi 30 mai 2012 à Laroque-Timbaut, une réunion publique allait se tenir en prévision des élections législatives avec Jérôme CAHUZAC, député sortant fraîchement devenu ministre, et son suppléant, Jean-Claude GOUGET, maire de Cancon et conseiller général.
Le grand homme se fait attendre lorsque j’aperçois sur la place de la mairie, parmi les aficionados impatients, son placide labrador à poils longs qui ne semble pas s’inquiéter du retard de son maître.
Je tire un premier portrait du chien seul, en plan rapproché que j’intitulerai plus tard « BUCKY - la vue ou la bévue de son maître »
Je prends un second cliché du groupe qui l’entoure. Sur cette photo titrée « En attendant Jérôme » on peut reconnaître l’admiratrice dévouée qui garde habituellement le brave toutou à Pujols ainsi que M. Roger MADELRIEUX, un proche de Jérôme CAHUZAC, désormais sans fonctions et redevenu selon ses propres termes « Roger tout court ».
Roger MADELRIEUX
Âgé de 90 ans aujourd’hui, il fut le directeur général de la coopérative FRANCE PRUNE de 1970 à 1995.
Juge consulaire depuis 1994, il devint Président du Tribunal de commerce de Villeneuve-sur-Lot en 1998 et occupa cette fonction jusqu’en 2003. Cela crée des liens.
Marcel CORBEL qui lui succéda au poste de directeur général de 1995 à 2005 fut le représentant de la coopérative au cours des contrôles fiscaux, tristement célèbres, de 1998 et 2001.
Après sa victoire aux élections municipales de mars 2001, le maire CAHUZAC fit du précieux MADELRIEUX son deuxième adjoint, en charge du développement économique, poste qu’il occupa de 2001 à 2008.
Le 5 février 2014, MM. MADELRIEUX et CORBEL rendirent un vibrant hommage à M. André DOUZON, le « pape du pruneau », à l’occasion du premier anniversaire de son décès survenu le 31 janvier 2013 à l’âge de 89 ans. Ils ne tarirent pas d’éloges sur le fondateur en 1963 de la Société d’intérêt collectif agricole (SICA) FRANCE PRUNE qui se transformera en Union de coopératives en 1994 : « C’est rare dans une carrière de partager une aventure comme celle de FRANCE PRUNE avec un grand homme comme DOUZON. »
Ils rappelèrent à cette occasion « la cohésion, l’unité et la solidarité » prônées par celui qui fut leur président jusqu’en 1995 et, à l’appui de leur démonstration, citèrent ce merveilleux exemple, particulièrement bien choisi :
« La couverture grêle des adhérents de FRANCE PRUNE était remarquable : elle fut un modèle pour d’autres secteurs agricoles en France. »
En effet, les dirigeants de la coopérative avaient mis en place au profit des coopérateurs une gestion centralisée des contrats et des sinistres.
Las ! La compagnie d’assurances Mutuelle Centrale Agricole (MCA) ne partage pas l’enthousiasme de ces géniaux précurseurs. En 1990, ayant cru constater de lourdes tricheries au niveau des surfaces déclarées sinistrées, elle a déposé plainte pour escroquerie et complicité d’escroquerie à l’assurance grêle à l’encontre des dirigeants de la SICA France PRUNE. Ces derniers, condamnés en première instance par le Tribunal correctionnel d’Agen, ont finalement été relaxés par la Cour d’appel en 1994…
Lors des municipales de mars 2008, Roger. MADELRIEUX avait accepté de figurer à nouveau sur la liste socialiste, en position difficilement éligible. Mais après la démission de Jean-Paul CAUBET en avril 2010, il retrouve le Conseil municipal avec des sentiments mitigés :
« Je suis très triste de ce qui est arrivé. Jean-Paul est un homme dévoué, compétent, solide, proche des Villeneuvois, indispensable. Même si je vais retrouver l’équipe municipale avec plaisir, je dois avouer que je suis très gêné. »
Je ne partage pas cette empathie ni cette admiration mêlée de gêne et de plaisir pour un personnage aussi trouble que CAUBET.
Jean-Paul CAUBET
Le 19 janvier 2002, lors d’une réunion publique à Trentels, en prévision des élections législatives, Jean-Noël CATUHE, un collègue des impôts et ami, interpelle le candidat CAHUZAC au sujet de l’affaire FRANCE PRUNE et tente de plaider ma cause.
Jérôme CAHUZAC l’éconduit brutalement avec cet argument sans appel :
« Je suis parfaitement tenu au courant sur ce dossier par Jean-Paul CAUBET. »
Tiens donc ! M. CAUBET, inspecteur des impôts, serait-il un agent double au mépris du secret professionnel ? Il deviendra « délégué » aux sports du maire CAHUZAC, et fera même office d’adjoint de fait, malgré l’incompatibilité de cette charge avec le statut de la fonction publique.
Les médias locaux rendent alors régulièrement compte de l’activité de cet « adjoint » particulier, sans objection de sa part et, une fois encore, la hiérarchie fiscale, se signale par son inertie devant ce conflit d’intérêts.
M. CAUBET, passé maître dans l’art de retourner sa veste, serait-il en proie à un dédoublement de la personnalité ? D’abord proche de Michel GONELLE, maire RPR de Villeneuve, il entre opportunément au service de Jérôme CAHUZAC nouveau maire socialiste en 2001.
Il démissionne en 2010 en raison d’un différend avec Patrick CASSANY, premier adjoint au maire, et dans la foulée quitte le Parti socialiste. Enfin libre, il est le candidat malheureux et « sans étiquette » aux élections cantonales de mars 2011 où il affronte CASSANY dans son fief de Villeneuve-Sud. Il va jusqu’à renier le label « divers gauche » que les journalistes persistent à lui attribuer.
Le maire CAHUZAC devenu ministre délégué au Budget après les élections présidentielles et législatives de 2012 démissionne à son tour. Lors d’une élection présidée par Roger MADELRIEUX, doyen du Conseil municipal, le dauphin CASSANY devient maire le 12 juillet 2012.
CAUBET s’illustre enfin aux dernières élections municipales en conduisant une liste « sans étiquette » contre l’équipe sortante puis en fusionnant entre les deux tours avec les deux listes de droite. À la tête de cet improbable attelage, il se couvre alors de ridicule et s’attire l’hostilité de ses anciens camarades de gauche et le mépris de la droite qu’il a menée au désastre.
Mais soyons justes ! Nous devons à CAUBET cette sentence historique :
« Quand on doit représenter l’État ou une collectivité, il faut, comme le dit Jérôme CAHUZAC "avoir les fesses propres", surtout quand on doit donner l’exemple. »
Il a prononcé ces fortes paroles pour La Feuille, le canard local qui se veut satirique. Avec un sens remarquable de l’à-propos, l’interview a été publiée le 4 avril 2013, soit deux jours après les aveux du ministre, sous le judicieux titre « La morale en politique ».
Comme ce monde semble petit, si petit !
Après ces diversions je reviens à BUCKY le chien.
Peu après notre rencontre du 3 octobre 2012, Florent PÉDEBAS me rappelle et me signale qu’il a communiqué le numéro de tatouage du chien à Dany SAVAL, épouse de Michel DRUCKER.
Alain LETELLIER me téléphone à son tour le 10 avril 2013, à 11 heures, en prévision de la prochaine émission Envoyé spécial sur France 3. Il me livre alors cette information décisive : Patricia CAHUZAC détient une radiographie du chien qui montre qu’il a été « détatoué ».
Par qui ? À quelle date ? Pour quel motif ? Autant de questions sans réponse mais les suspicions se portent évidemment sur Jérôme qui aurait kidnappé BUCKY. Le détective me précise en outre que l’association de chiens guide d’aveugles, propriétaire de l’animal tant convoité par le couple infernal, se trouve à Neuilly-sur-Seine.
Par ailleurs, Le JDD du 15 décembre 2012, par la plume du même VALDIGUIÉ ironise sur ces rumeurs qu’il m’impute à tort.
14- Dominique STRAUSS-KAHN.
Véritables moulins à paroles, les deux « privés », faute de pouvoir collecter les renseignements souhaités, se lâchent… et lâchent de stupéfiantes informations sur le ton de la confidence, faisant à nouveau entorse à leur sacro-sainte règle de confidentialité.
Jérôme CAHUZAC aurait entretenu des relations régulières en privé avec Dominique STRAUSS-KAHN, participant même à certaines soirées spéciales.
Selon eux, l’ex-ministre avait aussi ses habitudes. Il recevait ses rencontres d’un soir à l’Hôtel Royal, palace cinq étoiles avec restaurant gastronomique, avenue du Léman à Évian-les-bains.
D’après mes ouï-dire, comme chacun sait désormais, Jérôme CAHUZAC fréquentait également d’autres lieux prestigieux de villégiature. Il rencontrait ses copains de droite à l’hôtel Hermitage Barrière à La Baule et retrouvait ses amis socialistes dans le riad d’Anne SINCLAIR à Marrakech, sans y être propriétaire… À vérifier bien sûr !
15- Faits réels, ragots ou rumeurs ?
Messieurs les détectives, après avoir lancé des accusations de nature à porter atteinte à l’honneur d’un homme, vous devez les confirmer à la lumière de vos prétendues preuves ou les infirmer publiquement, sous peine de passer pour de vulgaires pipelets.
Pour démêler le vrai du faux, j’invite les députés qui siégèrent au sein de la commission d’enquête sur CAHUZAC ainsi que tous les citoyens épris de vérité à contacter l’agence de M.LETELLIER. J’aurais ostensiblement laissé traîner sa carte de visite sur mon bureau, à l’intention de Fabrice ARFI. Il s’en offusque en se targuant néanmoins de transparence : « Je ne me suis pas caché alors que la loi m’y autorise. »
J’en prends acte et vous livre donc ses coordonnées :
Agence LECONTE-LETELLIER
29 rue de Ponthieu - 75008 Paris.
Tél. : 01 42 25 17 80.
Fax : 01 34 75 24 93.
Port. : 06 08 63 35 20.
Boîtes mail :
agencell@orange.fr et detective.torino@torino.fr
Vous pouvez joindre également Florent pédebas :
Port. : 06 10 81 62 19.
Agence ARIANE INVESTIGATIONS
2 bis av. Jacques Bordeneuve, 47300 Villeneuve-sur-Lot.
Tél. : 05 53 36 69 68.
Agence MARCHAND
75 rue de Languedoc, 31600 Muret.
Tél. : 05 61 56 78 09.
II- L’ENQUÊTE FINANCIÈRE
L’entrée en matière sur Florence PARLY me fait encore l’effet d’une diversion préalable au vrai sujet de leur enquête. Bien qu’ils s’en défendent, les deux privés s’intéressent de très près aux enjeux financiers du divorce et en premier lieu au compte étranger de l’époux (21). Sur cette même piste qui mène en Suisse puis à Singapour, d’autres enquêteurs se croisent et se surveillent (22). Enfin, le recensement du patrimoine immobilier du ministre et son financement mobilisent toute l’attention du « Roi du cadastre » (23).
21- Comptes et décomptes.
L’existence du compte suisse étant avérée par l’aveu du ministre, la question cruciale de son alimentation reste posée. L’argent provient-il des laboratoires pharmaceutiques, de la clinique d’implants capillaires ou de ces deux sources et dans quelles proportions ? Le rapporteur CLAEYS mène l’interrogatoire :
De beaux labos.
Alain CLAEYS : M. LETELLIER, aviez-vous évoqué avec Mme CAHUZAC ces liens que son mari pouvait entretenir avec des laboratoires.
Alain LETELLIER : Oui – c’est d’ailleurs la source d’une autre confusion de M. GARNIER. Celui-ci vous a dit que nous possédions une liste de laboratoires, alors qu’en réalité, j’avais juste noté sur un bout de papier deux noms – dont celui du laboratoire INNOTHERA à Monaco. Mme CAHUZAC savait que son mari avait pu avoir des liens avec eux, mais nous n’avions aucune preuve.
Le détective ment et joue sur les mots. Deux noms, c’est déjà le début d’une liste. Et je suis formel ; le détective parisien a bien exhibé devant moi une chemise qu’il a entrouverte en me certifiant détenir là la liste de laboratoires ayant alimenté le compte suisse de M. CAHUZAC.
Peut-être a-t-il voulu me bluffer en prêchant le faux pour savoir le vrai. Il s’est même montré plus précis en indiquant le montant de ces versements, soit un million ou million et demi d’euros, sans être toutefois en mesure de ventiler ce montant, labo par labo.
Quelques jours plus tard, j’ai téléphoné à M. PÉDEBAS. J’ai cité cinq noms en lui demandant de confirmer ou non leur appartenance à la liste de M. LETELLIER :
- INNOTHERA ;
- Pierre FABRE ;
- UPSA, racheté par BRISTOL-MYERS SQUIBB (BMS) ;
- PFIZER ;
- ELI LILLY.
Il a confirmé pour quatre noms…
Capillarité.
LAROUSSE donne cette définition :
« Ensemble des phénomènes relatifs au comportement des liquides… »
Le liquide en effet se comporte mal, indépendamment de la volonté du propriétaire, « à l’insu de son plein gré »…
Le repenti CAHUZAC s’est confié à Hervé GATTEGNO, journaliste du magazine Vanity Fair. L’article publié dans le numéro de mai 2014 décrit avec complaisance la marche inexorable de l’étoile montante du Parti socialiste vers le gouffre.
Le chirurgien CAHUZAC, spécialiste des implants capillaires, a bien déposé sur son compte suisse le cash des clients étrangers de sa clinique parisienne ainsi que les honoraires de missions de conseil auprès d’un groupe pharmaceutique. Il a eu peur que de telles rentrées d’argent éveillent la suspicion, qu’on le soupçonne de recevoir des pots-de-vin, lui qui a travaillé au ministère de la Santé jusqu’en 1991.
Et il hasarde cette saillie impayable, si j’ose dire :
« Quand on vous paie en espèces, il faut être un héros pour tout déclarer – moi, je n’ai pas été un héros. »
Mais retenons l’essentiel, le vrai scoop : un laboratoire, au moins un, lui a permis d’alimenter ce compte en liquide, par deux versements dans les six premiers mois, pour un montant de 1 321 000 francs, soit un peu plus de 200 000 €. Dans le même temps, Jérôme CAHUZAC a effectué sept versements issus de l’activité capillaire pour un total de 979 000 francs, soit près de 150 000 €, car selon lui, « une partie des clients de la clinique, surtout les étrangers, voulaient payer en espèces ».
Un labo ? Lequel ?
« Certains laboratoires » selon son avocat Maître Jean VEIL.
L’interviewer n’est pas curieux. Complaisant, il ne rebondit pas sur les assertions douteuses de son interlocuteur. Or, le choix de ce mode discret de règlement ne vient pas seulement de clients étrangers. Selon le témoignage de plusieurs clients français, dont un confrère médecin digne de confiance, une remise de 25 % leur était offerte en cas de paiement cash. En outre, il est permis de douter des efforts incessants du député pour clôturer le compte suisse après reprise de ses activités politiques en 1997. Si les versements de 95 000 € en avril 2000 et de 75 000 € en juillet 2001 correspondaient à des greffes capillaires effectuées sur de riches clients du Golfe persique qui ne voulaient payer qu’en liquide, rien n’empêchait la clinique de les comptabiliser.
Régime matrimonial.
Cet échange souligne l’indigence des recherches du détective LETELLIER, bien mal renseigné sur le droit comme sur les faits :
Charles de COURSON : Sous quel régime étaient-ils mariés ?
Alain LETELLIER : Je ne sais pas. Peut-être en partie sous le régime de la communauté, en partie sous celui de la séparation.
Philippe HOUILLON : C’est soit l’un, soit l’autre !
En effet ! Selon l’acte d’acquisition de leur appartement de l’avenue de Breteuil à Paris (7ème), en date du 28 octobre 1994, Jérôme CAHUZAC et Patricia MÉNARD se sont mariés tous deux en premières noces sous le régime de la communauté de biens réduite aux acquêts, à défaut de contrat de mariage préalable à leur union célébrée à la Mairie de Paris (6ème), le 14 juin 1980.
À ma connaissance, ce régime n’a pas été modifié depuis. Et les bons comptes font les bons amis…
Et un compte !
En novembre 1992, Jérôme cahuzac fait ouvrir un premier compte à l’UBS de Genève au nom de son ami avocat, Philippe PÉNINQUE, ancien membre du GUD et militant d’extrême droite proche de Marine LE PEN. Il lui confie 2 300 000 francs (350 000 €) durant les six premiers mois pour alimenter ce compte en neuf versements.
Cette marque de confiance absolue mérite d’être signalée.
Alors que deux versements pour un montant de 1 321 000 francs proviennent d’un groupe pharmaceutique, le complaisant GATTEGNO n’a pas révélé le nom de ce laboratoire, ce qui aurait fait d’une banale information un véritable scoop.
Sans le moindre examen critique, le journaliste se satisfait de la version de l’intéressé. Devant les juges Renaud VAN RUYMBEKE et Roger LE LOIRE, le prudent CAHUZAC aurait expliqué ces deux versements par une mission de conseil qui n’avait rien d’occulte, mais dont il redoutait qu’elle passât pour « la contrepartie de services rendus » quand il travaillait au ministère de la Santé.
Or, dans la foulée, le 15 octobre 1993, il a crée l’EURL CAHUZAC CONSEIL, dont Vanity Fair n’évoque même pas l’existence. Et cette société unipersonnelle qui travaille exclusivement pour des laboratoires pharmaceutiques a facturé et comptabilisé les recettes suivantes :
Exercice clos le 30 juin 1994 : 1 932 500 francs
Exercice clos le 30 juin 1995 : 1 621 500 francs
Exercice clos le 30 juin 1996 : 853 000 francs
Exercice clos le 30 juin 1997 : 252 000 francs
Exercice clos le 30 juin 1998 : néant
Exercice clos le 30 juin 1999 : 250 000 francs
Total : 4 899 000 francs,
soit 747 000 € environ
Il s’agit des chiffres officiellement déclarés au fisc, soumis à l’impôt sur les sociétés et déposés au Registre de commerce de Paris.
Mais ils représentent la contrepartie de quels services rendus ? Et pourquoi cette différence de traitement par rapport au même risque de suspicion de conflit d’intérêt ?
Le 16 juin 1993, M. PÉNINQUE ouvre à l’UBS de Genève un nouveau compte qui se substitue au premier, cette fois au nom de Jérôme CAHUZAC. Et « BIRDIE », c’est son nom de code, établit une procuration au profit de Patricia CAHUZAC.
Voila encore une marque de confiance de nature à renforcer la stabilité du couple et à en établir la complicité !
Et deux !
L’enquête judiciaire sur le compte de Jérôme CAHUZAC a fini par se retourner contre son épouse. Les juges ont en effet découvert que Patricia avait elle aussi un compte en Suisse. Ils l’ont placée en garde à vue en juillet 2013, puis mise en examen un mois après pour « fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale ».
Elle n’a pas suivi le même circuit que son mari, ne passant ni par l’UBS ni par REYL et Cie. Elle a d’abord ouvert un compte dans une banque française à Genève qu’elle a ensuite transféré dans un petit établissement suisse. Ce compte, régulièrement alimenté ces dernières années, aurait été crédité de un million d’euros par des versements récents en espèces provenant de l’activité de la clinique d’implants capillaires que Patricia CAHUZAC exploite désormais seule.
C’est le montant que m’ont d’abord indiqué les détectives à propos du compte suisse du mari (voir mon audition par la commission d’enquête). Est-ce un hasard ou une confusion ?
Et trois !
Le journal Sud-Ouest du 13 mars 2014 a révélé l’existence d’un troisième compte occulte.
La piste de l’argent dissimulé a conduit les juges VAN RUYMBEKE et LE LOIRE en mer d’Irlande, à Île de Man où Patricia CAHUZAC a ouvert entre 1997 et 2004 un compte qu’elle a crédité au total de l’équivalent de deux millions et demi d’euros. Cette île rattachée à la Couronne britannique comme Jersey, Guernesey ou les Caïmans offre bien tous les attraits d’un paradis fiscal. Les sommes auraient été placées en majeure partie dans l’immobilier au Royaume-Uni.
Mais il n’est pas établi que Jérôme, député en 1997, maire en 2001, ministre en 2012 en ait eu connaissance.
Qu’en restera-t-il après les ponctions du fisc et les amendes pénales ?
Et au civil, la dissolution de la communauté risque de donner du fil à retordre à Isabelle COPÉ, l’avocate de Patricia.
En effet, la dissimulation de comptes par les époux (si elle est établie) tombe sous le coup des dispositions de l’article 1477 du code civil, modifié par la loi n°2009-526 du 12 mai 2009 - art. 10 :
« Celui des époux qui aurait détourné ou recelé quelques effets de la communauté est privé de sa portion dans lesdits effets.
De même, celui qui aurait dissimulé sciemment l'existence d'une dette commune doit l'assumer définitivement. »
22- La ronde des détectives.
Surgissant nez au vent de leurs officines, des barbouzes se filochent mutuellement sur une piste qui les conduit en Asie du Sud-Est.
Cinq gars pour Singapour.
Selon le dessin de CABU paru dans le Canard laquais du 12 décembre 2002, CAHUZAC en pyjama rayé a beau compter les détectives, il n’arrive pas à s’endormir. La réalité dépasse ses pensées :
- Alain LETELLIER à Paris et Alain ROUSSEAU à Bordeaux ;
- Un confrère de Genève ;
- Florent PÉDEBASà Villeneuve-sur-Lot (47) et à Muret (31) ;
- Léonard BRUCHEZ, correspondant en Suisse ;
- Une mystérieuse deuxième équipe enquêtant sur CAHUZAC ;
- Un important cabinet d’avocats parisien au service d’une mystérieuse entreprise ;
- Un collègue étudiant le patrimoine immobilier et le plan de financement de l’appartement avenue de Breteuil ;
- Un service de renseignement français…dans le but d’empêcher la star CAHUZAC d’entrer au Gouvernement.
Sans oublier de puissantes et mystérieuses officines :
- Quatre agences en Suisse à la recherche de Marc DREYFUSS, envoyés par l’UBS à Singapour… à ne pas confondre avec Hervé DREYFUS, son homonyme qui travaille avec la banque REYL en Suisse. Selon M. LETELLIER, il peut s’agir d’importants cabinets d’intelligence économique comme KROLL ou PINKERTON mandatés par des laboratoires pharmaceutiques.
- Un mystérieux visiteur revenant de Singapour qui propose à Mme CAHUZAC de lui donner le numéro du compte secret de son mari, moyennant 3 000 € et qui laisse un numéro de téléphone en Roumanie.
Selon compte rendu de mon audition du 12 juin 2013, page 17, je suis dubitatif en ce qui concerne MM. LETELLIER et Pédebas :
« Je crois même me souvenir qu’ils avaient effectué un voyage à Singapour neuf mois plus tôt. »
Je confirme d’ailleurs ce doute avec mes observations du 3 juillet 2013 : « Il résulte de mon audition que j’ai cru comprendre, lors de l’entretien à mon domicile le 3 octobre 2012 avec M. Alain LETELLIER, que cet agent de renseignement privé avait effectué un voyage à Singapour sur la piste des comptes non déclarés de Jérôme CAHUZAC (page 17). M. LETELLIER m’a téléphoné peu après cette audition pour me dire gentiment que personnellement il n’avait jamais enquêté à Singapour. Sur l’essentiel, il ne contredit pas ma déposition. J’en prends acte. »
M LETELLIER répondant à M de COURSON le 24 juillet 2013 :
« Il a tout mélangé. (…) Je ne suis pas allé à Singapour ; je l’ai affirmé sur procès-verbal. En revanche, il est vrai que nous avons parlé de Singapour avec M. GARNIER. »
À propos de ce quiproquo, je n’ai rien à ajouter ni à retrancher à mon discours sur Singapour. Des agents de renseignement, privés ou publics, se surveillent mutuellement tout en épiant leur proie.
Filocheurs filochés.
Charles de COURSON : M. GARNIER nous a dit que vous lui aviez dit que vous étiez « filochés ». Est-ce vrai ?
Alain LETELLIER : Non. Dans ce dossier, bien que je m’y attendais, je n’ai jamais reçu aucune menace, ni aucun coup de téléphone anonyme.
Il ment et tente maladroitement de noyer le poisson. Je suis formel. Juste avant de prendre congé, il m’a déclaré non sans humour :
"C’est un comble pour un filocheur de s’apercevoir qu’il est filoché."
Une expression aussi pittoresque ne s’oublie pas. La « filoche » se distingue de la menace ou du croassement des corbeaux qu’elle sert éventuellement à alimenter.
23- Le Roi du cadastre.
En Corse ou ailleurs, il n’est pas question de rompre l’omerta.
L’enquête corse.
Alain LETELLIER évoque un spécialiste des recherches immobilières rencontré deux ou trois jours après avoir ouvert le dossier de Mme CAHUZAC en octobre 2011 :
« Il n’a pas son pareil pour trouver très vite des informations dans le cadastre et les actes notariés. Dans mon bureau, il a vu des éléments du dossier CAHUZAC et il m’a indiqué que d’autres personnes enquêtaient sur le patrimoine de Jérôme CAHUZAC. (…)
De cette personne, on ne pourra rien apprendre d’autre que le nom du cabinet d’avocats qui le mandate. (…)
C’est quelqu’un que je connais depuis plus de vingt ans. »
L’express dans un article d’Anne VIDALIE publié le 15 avril 2013 évoque cette rencontre qu’il situe quant à lui en septembre 2011, en termes plus précis :
« Le responsable des filatures est présent. Le spécialiste de l’immobilier aussi. Cet enquêteur privé, qui travaille au coup par coup pour l’agence LECONTE-LETELLIER, est venu livrer des éléments recueillis dans le cadre d’un autre mandat. Pour LETELLIER, c’est un "bon", "le Roi du cadastre et de la conservation des hypothèques". En apercevant, sur la table de verre du bureau, une chemise jaune marquée "CAHUZAC", le visiteur manque s’étrangler : lui aussi enquête sur ce personnage, mais côté immobilier. Son mandataire, un cabinet d’avocats, l’a chargé de décrypter le montage financier qui a permis à Jérôme CAHUZAC d’acquérir pour près de un million d’euros en 1994, son appartement de 200 mètres carrés sur la très chic avenue de Breteuil à Paris. »
Comme c’est curieux, ce familier du cadastre et des hypothèques ressemble étrangement au Florent PÉDEBAS que m’a décrit Alain LETELLIER le 3 octobre 2012. Et ledit PÉDEBAS m’a d’ailleurs fait part du résultat de ses recherches au cadastre et aux hypothèques, en Corse où Jérôme CAHUZAC possédait, non pas une, mais deux villas. La première héritée lors du décès de son père est actuellement occupée par sa mère. La seconde a été revendue depuis.
Au début de son audition, M. LETELLIER fait cette déclaration :
« J’avais chargé Florent PÉDEBAS, que je connais depuis presque vingt ans, de certaines interventions à Villeneuve-sur-Lot. »
En fin d’audition, il refuse de révéler à M. HOUILLON l’identité d’une personne mandatée par un cabinet d’avocats parisien qui enquêtait sur M. CAHUZAC : « Je ne peux pas trahir la confiance de quelqu’un que je connais depuis vingt ans. »
« Vingt ans », « presque vingt ans », « plus de vingt ans », ces expressions semblent cerner le personnage mais rien n’exclut l’existence d’un autre roi du cadastre dans ce cercle restreint…
Secret gendarmesque.
Embrouille et secret entourent un enregistrement fortuit.
Alain CLAEYS : Savez-vous quelles sont les autres personnes qui ont entendu l’enregistrement ?
Florent PÉDEBAS : Au moins trois personnes : l’huissier de justice de Villeneuve-sur-Lot, M. Rémy GARNIER et peut-être une autre personne des services fiscaux.
Le témoin vise l’huissier Maurice CHASSAVA et l’inspecteur du fisc Jean-Noël CATUHE, à juste titre.
Charles de COURSON révèle alors ce curieux incident : Permettez-moi de vous signaler que j’ai reçu le 18 juillet la lettre anonyme suivante : « Président, CATUHE a menti : ce n’est pas GONELLE qui lui a fait écouter la cassette, c’est CHASSAVA, huissier de justice entendu dans l’enquête, qui la lui a fait écouter. Demandez-lui. C’est grave de mentir sous serment ! Signé Gégé. »
Et Florent PÉDEBAS de répondre comme s’il se sentait visé : Je ne connais pas de Gégé !
À mon sens, Gégé le corbeau tente de semer le trouble par un détail dont personne ne saisit l’importance. Encore un couard qui s’agite en vain dans le panier de crabes !
Pour ce qui me concerne, l’ex-gendarme affabule.
D’ailleurs Alain LETELLIER précise plus loin : M. GARNIER ne nous a jamais parlé de l’enregistrement. (…) Mon collègue Florent PÉDEBAS pense que M. GARNIER avait écouté l’enregistrement, mais au fond, on n’en sait rien.
Et Florent PÉDEBAS d’ajouter : Disons que je présume qu’il l’a entendu dès le début, comme moi.
M. LETELLIER dresse un curieux portrait de son coéquipier.
Alain CLAEYS : Et vous, Monsieur LETELLIER, quand avez-vous eu connaissance de l’enregistrement.
Alain LETELLIER : Je l’ai entendu pour la première fois le lendemain de la parution de l’article de Mediapart, sur mon ordinateur. Mon collègue - et ami - Florent PÉDEBAS ne m’a même pas parlé de cet épisode lorsque nous avons vu Rémy GARNIER, alors qu’il était l’un des seuls à avoir écouté cet enregistrement sur son support original, c’est-à-dire le téléphone mobile de M. GONELLE. Il faut dire qu’il a une formation militaire (…)
Jean-Marc GERMAIN à M. PÉDEBAS : Et pourquoi n’avez-vous pas partagé cette information avec votre collègue ? (…) Vous saviez pourtant que M. LETELLIER enquêtait sur la situation de M. CAHUZAC
Florent PÉDEBAS : Parce que c’est ainsi.
Alain LETELLIER : Ah ça, quand je l’ai su, je l’ai attrapé ! Mais il est comme cela : c’est un gendarme…
Mme Marie-Christine DALLOZ insiste : Je ne peux le croire !
Alain LETELLIER : M. PÉDEBAS est un gendarme de formation, lieutenant de réserve ; il cloisonne tout et il est muet comme une tombe. Vous pouvez lui confier un secret, il n’en parlera jamais ! Il a toujours été comme cela.
Mme DALLOZ, sceptique : Mais, il fait le même métier que vous ! Il aurait pu vous aider à faire progresser votre enquête !
La commission d’enquête va de surprise en surprise. Déjà à propos de la copie de l’enregistrement sauvegardé par Michel GONELLE, le juge BRUGUIERE qui avait pourtant réclamé le mini CD a prétendu qu’il l’avait jeté à la poubelle sans même l’avoir écouté.
« Qui va le croire ? » s’est exclamé M. PEDEBAS.
Et qui va croire M. PEDEBAS ? Il nous offre sans doute là une nouvelle application de « La ta ca ta ca tac tac tique du gendarme » !
M. Christian ECKERT n’en croit pas un mot et relève des contradictions dans les propos de M. LETELLIER :
Est-ce que M. DREYFUS (gestionnaire de fortune) est concerné par des questions de la vie privée ?
Alain LETELLIER : Non.
Christian ECKERT : N’aviez-vous pas précisé que votre mission ne concernait que la vie privée de M. CAHUZAC ?
Alain LETELLIER : Au départ.
Christian ECKERT : Elle a donc été étendue dans un deuxième temps aux aspects financiers liés au divorce ?
M. ECKERT perdra hélas sa perspicacité en approuvant le rapport CLAEYS lourdement mensonger à mon égard. Et il se gardera de réagir à mes protestations. Par décret du 9 avril 2014, il sera nommé secrétaire d’État chargé du Budget dans le gouvernement de Manuel VALLS.
Le pouvoir récompense les godillots qui marchent au pas cadencé !
CONCLUSION
« Si un jour, Alain LETELLIER écrit ses Mémoires, il consacrera plusieurs chapitres au dossier CAHUZAC, c’est promis. Il racontera comment lui, le détective privé dont l’anonymat et la discrétion sont les meilleures armes et les plus fidèles alliés, s’est retrouvé plongé au cœur d’une affaire d’État. »
Telle est l’introduction de l’article complaisant publié le 15 avril 2013 par Anne VIDALIE dans l’EXPRESS en ligne sous le titre :
« Enquêtes parallèles sur Jérôme CAHUZAC »
Mais le détective a la mémoire qui flanche devant la commission d’enquête parlementaire et il bidonne sans vergogne sa version des faits. En outre, malgré le huis clos, c’est raté pour l’anonymat et la discrétion.
Cette affaire hors normes montre bien que les secrets de famille confiés à ce genre d’officine sont néanmoins susceptibles de s’étaler sur la place publique dans certaines circonstances.
Méfiez-vous des confidences du personnage tout droit sorti d’un roman de SIMENON, « œil bleu indigo et embonpoint rassurant ».
Méfiez-vous aussi de l’enfumage par les agents de communication qui pataugent de droite à gauche puis de gauche à droite dans le marigot politique. L’agence HAVAS WORLWIDE, ex-EURO RSCG travaille pour les plus grandes entreprises du CAC 40 ainsi que pour de nombreux politiciens et partis. Stéphane FOUKS, son vice-PDG est un proche de Dominique STRAUSS-KAHN, l’ex-président du Fonds monétaire international (FMI) et de Jérôme CAHUZAC, l’ex-ministre du Budget, et il a été étudiant à Tolbiac aux côtés de Manuel VALLS.
Aquilino MORELLE, conseiller de François HOLLANDE jusqu’au 17 avril 2014, ex-directeur de la campagne d’Arnaud MONTEBOURG, fait aussi partie des mêmes réseaux. Pour la plupart, il s’agit d’anciens rocardiens repentis ou reconvertis au hollandisme.
Ces communicants, tels Stéphane FOUKS, Marion BOUGEARD ou Anne HOMMEL prospèrent sur les faiblesses du journalisme de commentaire et cherchent à neutraliser les journalistes d’investigation.
Ils protègent leurs clients au mépris de la vérité élémentaire. Les affaires DSK et CAHUZAC en témoignent.
Méfiez-vous encore des larmes de crocodile que versent les faux repentis. Pour trouver la vérité, cherchez plutôt du côté de leurs victimes.
Rémy GARNIER
Post-scriptum :
* « Enquête de bidet » : L’expression me fait sourire car j’ai été moi-même la cible d’une enquête de bidet, au sens propre si j’ose dire. En janvier 1990, lors d’une violation de mon domicile, un limier du cadastre, aux ordres d’une hiérarchie dévoyée a cru apercevoir dans ma salle de bains un bidet resté fameux. Ce fut le point de départ d’une procédure contentieuse en matière d’impôts locaux qui allait se solder trois ans plus tard par dix-neuf dégrèvements à mon profit. Le début d’une longue aventure…
** Au cas présent, cette expression pittoresque apparaît notamment sous la plume de Laurent VALDIGUIÉ dans l’article publié par Le JDD le 13 janvier 2013 et intitulé :
« Affaire Cahuzac : enquête sur un vol de corbeaux »
À propos du compte suisse, le journaliste apporte ces précisions :
« L’épouse du ministre, devant ses détectives, ne s’est pas étonnée de son existence, "sans toutefois jamais en avoir eu la moindre preuve, ni le moindre indice matériel" précise la même source. Elle n’a en revanche pas demandé à ces deux privés d’enquêter dans cette direction. Leur recherche s’est limitée à une "enquête de bidet", selon le jargon des professionnels, visant à démasquer les supposées liaisons extraconjugales du mari. Patricia Cahuzac, après avoir reçu une lettre anonyme, leur a également demandé d’enquêter à l’automne 2012 sur la rumeur d’un enfant caché du ministre avec une ancienne membre du gouvernement Jospin. Mais leurs investigations auraient permis de conclure à des rumeurs malveillantes. »
Qui d’autre que ces deux détectives, le parisien et le local, aurait pu renseigner le journaliste de manière aussi précise sur l’étendue de leur mission ? Mme CAHUZAC n’avait aucun intérêt à dévoiler cet épisode si douloureux de sa vie privée et elle emploie un langage plus châtié.
Il s’agit donc d’un professionnel ! Devinez lequel.
Ce professionnel a donné ainsi à la presse des précisions permettant, bien avant l’enquête parlementaire, d’identifier à coup sûr l’enfant caché des ministres, selon la rumeur. Il ne saurait donc prétendre aujourd’hui avoir préservé l’innocence de cet enfant.
Il appartient à MM. LETELLIER et PÉDEBAS de révéler la vérité et confirmer publiquement, le cas échéant, leurs conclusions sur le caractère malveillant de ces rumeurs.