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Billet de blog 16 mai 2012

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L'Algérie, au Musée de l'Armée

C'est sans doute l'exposition la plus inattendue de l'année. "Algérie 1830/1962, avec Jacques Ferrandez"... au Musée de l'Armée. Oui, la question est évidente: comment l'armée peut-elle évoquer avec quelque chose qui ressemblerait à de l'impartialité l'Algérie

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'est sans doute l'exposition la plus inattendue de l'année. "Algérie 1830/1962, avec Jacques Ferrandez"... au Musée de l'Armée. Oui, la question est évidente: comment l'armée peut-elle évoquer avec quelque chose qui ressemblerait à de l'impartialité l'Algérie, de sa conquête à son indépendance. Comment raconter les horreurs, les manipulations, la propagande, dans ses propres murs ?

On sait depuis longtemps que, si les Américains ont commencé à travailler grâce au cinéma leur mémoire collective autour du Vietnam, la France a encore un gros problème d'histoire avec l'Algérie.

Et bien, disons que ce 16 mai 2012, jour de l'ouverture de cette exposition au public, marquera peut-être un tournant dans l'histoire de France et surtout sa représentation. Car, quels que soient les préjugés avec lesquels on va voir cette exposition, quels que soient les critiques que l'on puisse lui faire (notamment, pour ma part, ne pas voir une seconde l'intérêt d'associer le dessinateur de BD Jacques Ferrandez à cette démarche), il faut bien admettre que les commissaires invités pour monter cette exposition ont eu toute latitude pour présenter la réalité des horreurs de la conquête de l'Algérie en 1830, des injustices qui s'ensuivront et, comme l'explique très bien Stéphane Denis dans cette interview qu'il m'a donnée pour La Radio Parisienne, ce qui permet de mieux comprendre les horreurs dans les deux camps au moment de la guerre d'indépendance, en évitant ainsi, en quelque sorte, de renvoyer les deux camps dos à dos.

Tous les aspects de cette cruelle période de l'histoire semblent là, tous les points de vue aussi. On y voit des films de propagande du service cinéma des armées, mais aussi civils, on y entend Massu parler de la torture, mais on a aussi affiché le bouquin d'Henri Alleg ("la Question"), on y entend De Gaulle (et son "quarteron de généraux félons") et Benjamin Stora.

C'est à critiquer, sans doute. Mais à voir, surement. Au Musée de l'Armée, aux Invalides, jusqu'au 29 juillet 2012.

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