Aujourd'hui 15 000 guyanais, certainement plus sont descendus dans la rue. Dites vous bien que rapporté à la population de la Guyane (300 000) c'est considérable ! En France cela ferait une manifestation de près de 3 millions de personnes.
Et pas un incident relevé, pas de violence, pas de courses poursuites entre mobiles et manifestants... Donc peu d'échos dans les grands médias nationaux et le petit milieu politique ignare, qui nous annonçaient pourtant l'insurrection, des groupes violents encagoulés et le non respect de cette sacro-sainte république qu'ils piétinent, eux-mêmes, allègrement à longueur de temps.
Les guyanais se sont levés en masse, ils en ont assez des discours moralisateurs, paternalistes et pour tout dire colonialistes. Ces belles promesses, ces quelques miettes lâchées de temps en temps avec cette condescendance qui caractérise le dominant, celui qui a le pouvoir et regarde la population comme quantité négligeable tout juste bonne à consommer ce qu’on lui impose.
Et bien NON, c’est terminé, la population s’est levée, elle veut prendre en charge son destin et celui des générations futures. Elle veut participer au développement de La Guyane, elle en a assez de ce maintien dans une économie de comptoir, de subventions et de défiscalisations.
Soyons lucides, la situation catastrophique de l’économie, de l’enseignement, de la santé, le niveau de la délinquance, le délitement du corps social de ce territoire, relève de 70 ans d’un statut post colonial (la départementalisation) totalement inadapté aujourd’hui si l’on considère qu’il le fut un jour !
Les revendications actuelles (totalement légitimes) doivent être toutes validées et acceptées par l’état, seule la planification dans le temps pourra faire l’objet de négociations à la condition que celles-ci ne nous emmènent pas encore aux calendes grecs. Il faudra de plus que cela fasse l’objet d’un véritable suivi citoyen en continu (un comité issu des divers collectifs qui rendra compte régulièrement à la population).
Enfin il ne faudrait pas passer à côté du débat que nous avons totalement manqué en 2010 sur l’avenir institutionnel de ce territoire.
La venue de 2 ministres (dont l’un est en poste depuis une semaine !) ne doit pas nous démobiliser. Soyons vigilants, solidaires et n’oublions pas : « La révolution n’est pas un dîner de gala ».