La danse comme catharsis
Onde de choc sur le festival avec Cognes Mayoukou. Originaire de Brazzaville (République du Congo) Cognes Mayoukou a débuté sa carrière à travers la danse traditionnelle et la percussion. On a pu la voir notamment avec le collectif Zavtra dans la création du comédien et metteur en scène congolais Julien Mabilia Bissila Trans (2016) Le charisme de Cognes a été remarqué aux Francofolies du Limousin. Tu fais, je fais, son solo chorégraphique se découpe en trois séquences pendant lesquelles son langage corporel est proche d'une transe cathartique. Par ses mouvements de bras et de jambe, Cognes fait ressentir au spectateur le trauma qu'elle a elle-même subi, celui du viol. Refusant d'être une victime, elle affronte par la danse ses démons intérieurs. Son combat féministe est particulièrement d'actualité à l'heure de Me too et de la libération de la femme sur les violences sexuelles. C'est une croisade salutaire et nécessaire pour l’émancipation.
La mise en procès contradictoire du Code noir, du Code de l'indigénat et du Code des étrangers
Avec sa stature imposante, Sylvie Dyclo-Pomos ne passe pas inaperçue. Dans la pièce La mise en procès, sur une dramaturgie et une mise en scène de Maylis Bouffartigue, avec une lecture de textes d'Hélène Sirven, elle donne leur terrible sens à des textes juridiques comme le CESEDA (Code de l’Entrée et du Séjour des Étrangers et du Droit d’Asile) ou politiques, qui pourraient sembler abscons. Née à Brazzaville, Sylvie Dyclo-Pomos s'intéresse à l'écriture et au théâtre dès son plus jeune âge. Sa vocation n'est pas due au hasard, sa mère est comédienne au Théâtre national congolais. Au lycée Savorgnan-de-Brazza, Sylvie suit des études littéraires qu'elle poursuit à l'université Marien-Ngouabi. Elle aura l'occasion de travailler avec les metteurs en scène Matondo Kubu Turé et Antoine Yirrika. En 2006, elle obtient une bourse d'écriture du ministère de la Culture français pour La folie de Janus qui sera présenté en lecture au festival d'Avignon un an plus tard. Le spectacle engagé raconte l'histoire de Zatou, réfugié dans la forêt du Pool au moment de la guerre civile de 1998. Il accostera au Beach en mai 1999, débarcadère fluvial de Brazzaville où plus de trois-cents personnes disparaitront dans un assassinat collectif organisé par l'Etat. Sylvie sera aussi la protagoniste de On n'oublie pas on pardonne (2010), documentaire de la journaliste Annette Kouamba-Matondo qui commémore cette tragédie. Accueillie par les Francophonies du Limousin en mai-juin 2013, Sylvie écrit Coma bleu, un monologue inspiré d'une histoire vraie, une explosion à Brazzaville qui a fait des centaines de morts. La protagoniste, une sexagénaire décide de porter plainte contre l'Etat pour assassinat. Celui-ci en représailles la convoquera pour "trahison et offense », envers la nation.
Karavan
Située dans le quartier d'Empalot à Toulouse, l'association s'est créée en novembre 2001. Le but à travers des activités culturelles est l'accès à la culture pour tous, la rencontre et les échanges avec les habitants et la lutte contre les discriminations, inégalités homme-femme, racisme, homophobie. Depuis 2016, Karavan organise l'atelier d'expression et de création. C'est dans ce dernier cadre que l'association est présente à « Histoire(s) de se rencontrer! ». Sa participation à un rassemblement contre les préjudices subis par les personnes migrantes entre les pays du Sud et l'Europe a notamment été évoquée ainsi que la solidarité transnationale envers les femmes d'Iran. Femmes de tous les pays unissez-vous!
Représentation des femmes noires et antiracisme
La conférence de Mame-Fatou Niang a été très suivie par un public large, très mobilisé sur les questions de genre et d'afroféminisme. Maîtresse de conférences franco-sénégalaise, Mame-Fatou Niang enseigne actuellement la littérature française et francophone à l'université Carnegie Mellon à Pittsburgh. Elle a effectué un master d’anglais à l'université Lumière Lyon II. Son mémoire porte sur la femme de lettres précurseure du féminisme Virginia Woolf. Le doctorat de Mame-Fatou Niang aborde la question de la représentation des périphéries dans la littérature et le cinéma français contemporain, en particulier sur les banlieues.
En 2016, sort Mariannes noires, un documentaire remarqué qu'elle a coréalisé avec l'une de ses étudiantes Kaytie Nielsen, qui interroge le fait d'être noire et française à travers un panel de sept femmes dont les réalisatrices Alice Diop et Isabelle Boni-Claverie, la chorégraphe Bintou Dembelé ou encore la maîtresse de conférences en civilisation américaine Maboula Soumahoro. En avril 2019 avec Julien Suaudeau, Mame-Fatou est à l'origine d'une pétition pour faire retirer de l'Assemblée nationale une fresque du peintre Hervé Di Rosa ayant pour thème l'abolition de l'esclavage. Les pétitionnaires estiment que l'oeuvre véhicule des stéréotypes racistes. Avec le même Julien Suaudeau, elle a coécrit Universalisme (Anamosa, février 2022), un ouvrage dans lequel les auteurs plaident pour « chercher le chemin d'un humanisme à la hauteur du monde. »,
Le site de Mariannes noires: https://fr.mariannesnoires.com/
Les Boulettes canons, chorale féministe ariégeoise
Elles sont une quarantaine de femmes, dont deux guitaristes et une percussionniste, et sont le cauchemar des réacs de tout poil! Les Boulettes canons sont féministes, autogérées et chantent la sororité, adoptent parfois l'écriture inclusive, prônent la lutte contre le patriarcat et pour les droits des minorités, l'empowerment, c'est-à-dire l'octroi de davantage de pouvoir aux individus ou à des groupes pour agir sur leurs conditions sociales, économiques, politiques ou écologiques. Le 21 juillet 2021, à Sainte-Croix-Volvestre en Ariège, le collectif fait sa première prestation publique remarquée, ponctuée par des applaudissement nourris des spectateurs. Leur répertoire c'est de la dynamite: la regrettée Anne Sylvestre (Petit bonhomme), Le Pieu, chant de lutte en catalan contre la dictature franquiste ou encore L'hymne des femmes composé dans les années 1970 par des militantes du Mouvement de libération des femmes (MLF) Elles se sont aussi produites le 8 mars 2022 pour la journée internationale du droit des femmes à Couserans à l'initiative de l'association les Gonzesses. Avec les Boulettes canons, les spectateurs ariégeois ont eu droit à de l'artillerie de haut vol!
« L'écocide est-il un génocide? »
Titulaire d’un master 2 de droit pénal et sciences pénales de l’université Panthéon d’Assas, le mémoire de 126 pages de la conférencière Hélèna Seron est intitulé « L'écocide ». Il s'appuie notamment sur les travaux de la juriste et défenseuse des droits des peuples autochtones et de la nature Valérie Cabanes. Hélèna Seron est également diplômée en sciences criminelles et en sciences criminologiques de l’institut de criminologie de Paris. Membre de l’association Wild legal, elle a été consultante pour l’association des membres de la convention citoyenne pour le climat. L'objectif est de proposer une définition du crime d'écocide, c'est-à-dire la destruction d'un écosystème, qui pourrait s'intégrer dans le droit français. Particulièrement mobilisée avec Wild legal sur les questions environnementales, la jeune femme continue d'étudier ce sujet de l'écocide. Celui-ci est en débat depuis 1947; la commission du droit international a proposé de l'intégrer dans le projet de Code des crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité. Mais cette tentative est restée lettre morte malgré la mobilisation croissante des associations environnementales et de la société civile. Avec la voix d'Hélèna, la parole est donnée à la jeunesse pour clore le festival sur un message d'avenir...
Le site de Wild Legal:
La programmation du festival est ici:https://rencontretheatraleducarlabayle.wordpress.com/
Les partenaires du festival
Radio Galaxie, Radio Transparence, Azinat.com, Mediapart, les éditions du Bout de la ville, Karavan, la région Occitanie, le département de l'Ariège, la communauté de communes d'Arize-Lèze, la mairie du Mas-d'Azil, l'amicale du Vernet, le centre d'Histoire de la résistance et de la déportation en Ariège de Varilhe, la DILCRAH.