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Billet de blog 17 mars 2025

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Histoire-s de se rencontrer 2025:lancement dominical réussi

Ce fut un beau moment d'humanité ce dimanche 16 mars pour l'ouverture d'Histoire-s de se rencontrer. L'événement se poursuit jusqu'au 22 mars 2025

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

À 11 heures, à la salle multimédia du Mas-d'Azil les spectateurs ont fait connaissance avec M'hamed Kaki de l'association culturelle les Oranges. Militant antiraciste et anticolonialiste connu de Nanterre, celui-ci a participé à la marche pour l'égalité et contre le racisme dans les années 1980. Devant les spectateurs ariégeois au Mas, il a présenté "L'autre 8 mai 1945", une évocation théâtralisée des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata lue par deux comédiennes Marie-Myriam Lagny et Leïla Khaly. https://www.facebook.com/share/165VQDwWDe/ Les spectateurs et les membres d'association, Maylis Bouffartigue, fondatrice de l'événement, les régisseurs Yarol Stuber-Ponsot et Iker Garay, les bénévoles, se sont retrouvés sur scène dans un beau moment fraternel, plein d'effusion, arborant un drapeau algérien. Sur place, une exposition de l'association marseillaise Images Plurielles d'Abed Abidat a souligné (et pour toute la durée de l'événement) ce propos, renforcé par l'actualité. https://www.imagesplurielles.com/fr/

Associations mémorielles Ariègeoises

L'après-midi, ce fut le tour des associations Ariègeoises. Fernando Sanchez, trésorier de l'Amicale du camp de concentration du Vernet et Raymond Cubells ont présenté quatre portraits d'internés déportés considérés comme des "étrangers indésirables": Sandor Garaï, déporté le 22 mars 1941 vers Djelfa en Algérie, Sacha Schapiro, déporté le 19 août 1942 vers Auschwitz-Birkenau, en Pologne (Son portrait orne l'affiche de l'événement), Carlos Duchatellier, déporté le 27 mai 1944 vers Aurigny en Angleterre et enfin José Rella, déporté le 30 juin 1944 vers Dachau  en Allemagne. https://www.campduvernet.eu/

Au titre de l'association Mémoire et résistance en Ariège solidarité transfrontalière, Olivier et Suzel Nadouce ont exposé au Mas-d'Azil des dizaines de portraits de Varilhois-es réalisés dans le cadre du 80ème anniversaire de la Libération: des morts au combat,résistants-es,déportés-es, réfractaires au Service du travail obligatoire (STO)

Trois de ces portraits:

-Jean Benazet

 C'est lui qui le plus long itinéraire dans le combat antifasciste.

Dès 1939, lors de la Retirada,il va à la frontière espagnole du Perthus prendre en charge des Républicains espagnols. Il assurera ensuite avec Francisco Ponzan, antifasciste, réfugié en France, des dizaines de missions au départ de Varilhes.

Dès 1940, ce mécanicien fait passer la frontière vers l'Andorre ou l'Espagne à des patriotes ou des militaires grâce à sa Prima 4 Renault équipée au gazogène.

En 1942, il sert de passeur à des Juifs fichés par Vichy, qui échappent ainsi à la déportation. L'année suivante, il fait surtout passer des réfractaires au STO.

Mais le 13 juin 1943, le groupe que conduit Jean est surpris en montagne par des gardes frontières allemands. Il parvient avec sic jeunes à s'échapper. 12 autres sont pris et la plupart seront déportés.

Identifié par la Gestapo, Jean et sa famille quittent Varilhes le 1er octobre 1943. Jean s'engage avec ses camarades cheminots FTP dans la résistance toulousaine .Il retournera à Varilhes à la Libération. En 1945, présenté par le Parti communiste français, il sera élu conseiller général.

 -Jean-Marie Claustre, du Mas d'Azil:

Au printemps 1943, Jean Marie, jeune berger de 14 ans près de Massat, reçoit de son père et d'autres bergers la" mission " de monter au Mont Ceint pour surveiller les patrouilles allemandes du secteur. Il ne sait pas qu'il sécurise ainsi les passages de la nuit suivante de... Jean Bénazet. Il ne l'apprendra que beaucoup plus tard!

En 1995, Jean-Marie décide de planter un piquet au sommet du mont Ceint et d'accrocher un panneau avec l'inscription suivante:"Claustre Jean Marie-1943-14 ans-berger, je montais au mont Ceint pour surveiller les patrouilles allemandes pour aider le passeur Piston vers le pic des 3 Comtes". Dans une boîte, il place un carnet pour inviter les randonneurs à écrire leurs réactions. Des dizaines  de carnets seront remplis. Il va les changer régulièrement...

Suzel et Olivier Nadouce ont publié une brochure qui regroupe les "petits mots" des randonneurs. Cette brochure est disponible au syndicat d'initiatives du Mas-d'Azil. Francis Fontès, de son côté  a réalisé un magnifique documentaire:"Piston passeur de liberté" (consultable sur Internet) https://youtu.be/1D5qF0NrE64?si=neZBHyufPfqfCdj-

-Marie Jeanne Portet. Elle habite à Varilhes en 1943. Elle a 15 ans et veut devenir couturière. Elle va donc habiter à Argein, dans le Couserans, chez une tante qui lui apprend ce métier. Son oncle fait partie d'un réseau de passage vers la frontière espagnole. Il lui propose d'accompagner des "candidats" aux passages .

Le témoignage de Marie-Jeanne Portet a été  recueilli  par Olivier Nadouce en 2005. Extrait:

"J'ai accepté car dans ma famille on n'aimait pas les "boches" et les miliciens de Varilhes n'étaient pas nos amis. Mon rôle consistait à prendre le car de Seintein, mon vélo étant hissé sur la galerie pour le retour. Je devais descendre du car au niveau de la vallée d'Orle et les jeunes candidats aux passages avaient la consigne de descendre au même arrêt, en même temps qu'une jeune fille portant une robe de telle ou telle couleur. Nous faisions connaissance à ce moment-là. Je les accompagnais sur 3 km en direction de la montagne et quelqu'un d'autre prenait le relais. Nous avons eu bien peur une fois car nous avons croisé une patrouille allemande. Nous nous sommes mis à chanter comme des jeunes qui vont se promener. Ils ne nous ont pas contrôlés. Il ne me restait plus qu'à rentrer à Argein en vélo. J'ai ainsi effectué quatre passages. Nous étions contents quand mon oncle recevait quelques jours après un message indiquant que les jeunes avaient bien passé la frontière. J'ai précieusement gardé le petit cadeau (une paire de lunettes de soleil) offert par un jeune Parisien quand je les ai quittés au dernier passage..."

Pour plus d'informations sur ́le travail de l'association 

https://memoire-resistance-ariege.fr/

Cette belle journée s'est conclue par la diffusion d'un documentaire "Contre nous de la tyrannie" (2018) Gilbert Lazaroo, maire de Biert, président des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation d'Ariège et Danick Florentin sur le voyage à Auschwitz-Birkenau de collégiens de Couserans à Saint-Girons.

Pour prendre connaissance de la programmation à venir c'est par ici: https://rencontretheatraleducarlabayle.wordpress.com/histoires-de-se-rencontrer-5eme-edition/

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