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Billet de blog 22 mars 2025

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Histoire-s de se rencontrer, dernière journée

Ce 22 mars, c'était la dernière ligne droite d'Histoire-s de se rencontrer. Voici quelques uns des temps forts.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La journée a commencé dès 9h30 avec un atelier sur l'eau, dans la mezzanine du cinéma, un échange nourri entre Riccardo Petrella et Cyril Nandy, bénévole et membre actif d'Histoire-s de se rencontrer. L'objectif était de recueillir des idées à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau le 22 mars.

Puis, Laurent Petit, est venu présenter son spectacle "L'énergie sur le divan" sous la forme d'une "conférence désopilante et salutaire" sur l'énergie. Affublé de sa blouse blanche, il a représenté l'agence nationale de psychanalyse urbaine (ANPU) Devant un public rendu hilare par ses jeux de mots et ses anglicismes approximatifs. Muni de son balai, face à un écran vide, Laurent Petit-qui est venu une édition précédente avec "L'inconscient colonial français sur le divan"-a délivré son monologue caustique.

https://www.anpu.fr/L-agence-1.html

Identités plurielles et anticolonialisme

L'après-midi fut ensuite résolument placée sous le signe du colonialisme français et de sa dénonciation.

Nadège de Vaulx, franco-algérienne, originaire de Vaulx-en-Velin, en région lyonnaise, a animé une conférence gesticulée intitulée "J'aurais du m'appeler Aïcha". Se définissant comme Algérienne de sang et Française de sol" Nadège-Aïcha (prénom de sa grand-mère) nous donne à réfléchir sur les identités plurielles et sur une histoire coloniale trop longtemps passée sous silence. 

https://conferences-gesticulees.net/conferences/jaurais-mappeler-aicha/

Ensuite, Olivier Le Cour Grandmaison, enseignant en sciences politiques à l'université d'Évry Val-d'Essonne, a présenté deux conférences, avec notamment dans le public Danick Florentin et Gilbert Lazaroo, Hugues et Annie Vergé, membres des associations mémorielles Ariègeoises.

La première intervention d'Olivier Le Cour Grandmaison portait sur son livre "De l'indigénat Anatomie d'un monstre juridique. Le droit colonial en Algérie et dans l'empire français"  La Découverte 2010 https://www.editionsladecouverte.fr/de_l_indigenat-9782355220050 et l'autre sur Racismes d'état et états racistes, Une brève histoire", Amsterdam, 2024. http://www.editionsamsterdam.fr/racismes-detat-etats-racistes/

Maylis Bouffartigue a rappelé au public que ce dernier a été associé à l'écriture de la pièce de la compagnie Monsieur Madame "La mise en procès contradictoire du code noir, du code de l'indigénat et du code des étrangers." Olivier Le Cour Grandmaison a accompagné des représentations de ce spectacle en République du Congo et au Rwanda.

Le 25 février 2025, l'éditorialiste Jean-Michel Apathie a déclenché une levée de boucliers sur RTL en affirmant que pendant la conquête coloniale française des "centaines d'Oradour-sur-Glane ont été commis en Algérie." La comparaison entre les massacres de la colonisation et ceux, postérieurs, de la Seconde Guerre mondiale est-elle probante? Dans l'introduction de l'ouvrage "Le 17 octobre 1961, un crime d'État à Paris" paru en 2001 à La Dispute,  et dont il a assuré la direction, Olivier Le Cour Grandmaison pointait déjà:  "Un autre massacre oublié, celui perpétré le 8 mai 1945 contre la population civile de Sétif en témoigne puisque le jour même où les habitants de la métropole fêtaient dans la joie et l'allégresse leur Libération, des milliers d'algériens, hommes, femmes et enfants furent assassinés par l'armée, aidée dans cette tâche par l'aviation qui se livra, en cette occasion, à ce qui s'apparente à un Guernica aux couleurs de la France. "

Laval, le collabo qui cache la forêt?

Enfin, à 20h30, en partenariat avec l'Estive, scène nationale de Foix, le film "Les secrets de Josée Laval' (2015) https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/48301_0 de Paule Muxel et Bertrand de Solliers a été diffusé devant les spectateurs ariégeois. Découpé en deux parties, cette œuvre dérangeante entrecoupée de séquences avec le comédien Jacques Bonnaffé, reprend une partie de la correspondance de la fille de l'ancien Président du conseil de Vichy Pierre Laval, jusqu'au décès de cette dernière. C'est l'historien Yves Pourcher, auteur notamment de "L'exil des collabos" 1944-1989, Le Cerf, 2023, qui les a exhumés. Document parfois malaisant dans ce qu'il nous montre la banalité du mal, le film a suscité un débat avec Paule Muxel, Bertrand de Solliers et Yves Pourcher. La discussion a été parfois vive mais passionnante avec les spectateurs ariégeois. L'un d'eux ne comprenait pas pourquoi donner de l'écho à la voix de cette amie de Jean-Marie Le Pen ou René Bousquet. Pour les réalisateurs, ces carnets ont une valeur de témoignage sur une époque. À l'issue de ce débat, Maylis Bouffartigue a remercié les partenaires et l'équipe du festival. Elle a été ainsi aidée dans la réalisation de ce beau pari d'Histoire-s de se rencontrer, celui de susciter des rencontres dans une période troublée et anxiogène.

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