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Billet de blog 30 janvier 2013

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l'autostop

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’autostop

Les congés, c’est comme des notes de musiques,  il y en a de toutes sortes, rangées en bon ordre dans le code pas si facile à mirer du travail. Comme c’était pas facile de se dire qu’on était obligé de travailler, il fallait certainement inventer un code au travail, alors on l’a fait.

                Il peut pleuvoir des cordes, depuis que des gens ont fait des pieds et des mains pour éviter que mourir au boulot ne soit la seule règle convenable, même sans tambours ni trempettes, les congés fusent et, même sous la pluie,  leur mélodie ne lasse pas de ne pas en finir.

Qu’ils soient  payés, de maladie, de récupération d’heures supplémentaires, de jours fériés, même sans solde ou encore sabbatique, ils sonnent aux oreilles d’une égalable beauté, d’un lyrisme qui transporte.

Régalade des sens, j’en passe et des meilleurs, j’y pense et j’en oublie tellement il  yen a, j’en passe et j’en ressasse tellement ça fait du bien par ou qu’ ça s’passe et qu’ça repasse.

Alors quand la pluie des congés et du ciel tombent à l’unisson, il me prend l’irrépressible envie de m’évanouir dans le paysage, de quitter tant de lieux communs, tants d’encombrements qui font des bouchons kilométriques et qui tordent les boyaux sans avoir pour autant la flagrance et l’effet euphorique escompté de l’eau de vie.

Dans les villages, quels sont ces visages accrochés aux nuages ? Ce ne sont que lugubres gargouilles qui dégoulinent jusqu’au pavés trempés.

Au bord de la route, dans la buée du pare brise, deux doigts levés j’aperçois tout là–bas. Jusqu‘au bout j’y crois et puis à deux pas, ce sont les cornes d’un escargot que voilà. Nouvelle déception…

A force de rouler, rouler encore et toujours, le joli mois de mai s’est évanoui dans la pluie, s’est dilué comme une goutte d’eau dans l’aquatique été. Rien à l’horizon que l’humidité automnale et ses tendres promesses d’abondantes averses.

Et c’est bientôt Noel, le décor de la route s’enrichit encore: voilà qu’en plus maintenant il pousse au coin des rues des villages et villes, sur les ronds points, des sapins, des paquets cadeaux en veux-tu en voilà, des guirlandes lumineuses.

Il y a même le père Noel ! Enfin presque, il est tellement démultiplié que s’enfilant quelques verres de plus derrière la cravate ne rime plus à rien puisqu’il n’est pas seulement double mais partout…

On se croirait au pays des nains de jardin, manque plus que Blanche Neige et, tandis que je demeure tapi au volant, la route devient tapis volant. Après la pluie, le mauvais temps et la voilà qui tombe la blanche neige. Elle tombe pas dans mes bras, elle tombe en flocons, j’ai les guiboles en coton.

Congés congelés, les essuie glace sont gelés, figés sur le pare bise amoureux du vent qui vient embrasser et caresser doucement sa chevelure filament. Et je file, amant désormais bourré d’incertitude, désespéré de ne trouver sur ces routes enneigées le pouce tendu tant attendu.

Je file sous les pluies de mon ciel et de ses tourments, prenant congé d’une année embrumée pour prendre la route d’un an plus jeune,  pluvieux.et sans panne des sens.

Daniel BOT, La Chapelle Saint-André, mai 2012 à janvier 2013.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.