Je trouve heureux de pouvoir lire, écouter, regarder un témoignage comme celui d'Anne Marie Dujarier. Et j'ai apprécié sa référence à Canguilhem autant qu'à celle de Foucault. Depuis les livres de Christophe Dejours " Souffrance en France", et celui de Marie France Hirigoyen " Le harcèlement moral", puis Vincent de Gaujelac, Danielle Linhart...et d'autres, ces analyses conjointes à des recueils de témoignages se multiplient, et c'est tant mieux pour l'éclairage du grand public. Il y a bien sûr un mais qui est relevé par les protagonistes de cet atelier, c'est que cela n'empêche en rien la prolifération de ces dispositifs et leur extension à tous les secteurs de travail. En passant, je recommande également l'excellent livre de Bruno Trentin, La cité du Travail, avec la non moins excellente préface d'Alain Supiot, qui nous remémore comment la gauche a fait l'impasse sur le travail taylorisé puis le fordisme, ceci étant à l'origine de l'impasse où elle se trouve elle-même actuellement.
Pour ma part, ayant à faire à ce type de dispositif, j'ai aussi imaginé que ceux qui y étaient confrontés dans leur environnement professionnel devaient pouvoir eux aussi communiquer leur témoignage et sortir de leur isolement, de leur solitude, à défaut d'avoir accès aux grands médias, comme les intellectuels. Car la pire solitude est de ne pouvoir le dire et le faire savoir.
C'est pourquoi le site de Détresses Au Travail est à notre disposition : http://www.detressesautravail.org/
Merci encore à Anne Marie Dujarier pour son analyse et son témoignage. J'ajouterai que ce qu'il y a de terrifiant pour celui qui a à faire à cet environnement, c'est qu'à force d'agir malgré ce qu'il pense, il finit par penser comme il agit, c'est à dire par penser comme un autre.
RENE FIORI