Oh! Inutile de pointer du doigt tel ou tel politique, à l'exception bien sûr de tous ces libéraux éhontés dont l'idéologie est une idéologie de dépouillement de l'autre à leur propre bénéfice. Pour ma part, je ne me suis jamais inscrit sur les listes électorales, estimant qu'il s'agit - jusqu'à quand ?-, d'un dispositif de déresponsabilisation, idée qui n'a cessé de gagner en pertinence pour moi, depuis mon adolescence passée dans l'extrême gauche.
Pertinente encore aujourd'hui, car tous les candidats se disant progressistes ou non (extrême droite, droite, gauche,centre, tous amalgamés) basent leur programme et leur projet sur un aveuglement et une surdités partagés, Macron, Mélanchon et Hamon y compris. Depuis les années 1960, les cabinets de consultants importés des Etats-unis ont distillé, infusé leur idéologie managériale dont la dite modernité a séduit tous les grands groupes internationaux français, l'établishment politique et maintenant tout le domaine des organismes publics. Au point que la Haute Autorité en Santé est en train d'introduire le Lean management dans les hôpitaux. Vous souvenez vous de France Télecom? 60 suicides. Le propulseur et premier responsable du plan Next et de son volet RH Act était l'ancien patron France du cabinet AT Kearney. Il n'a jamais vraiment été inquiété, ou des broutilles, avec l'"homme sans qualités" qu'était le PDG.
Petite rétro-action en s'aidant de l'info sur internet :
Fondé en 1926 à Chicago, A.T Kearney est, à ses débuts, un cabinet de conseil spécialisé dans l’optimisation opérationnelle et la logistique. A partir des années 1960, la société s’internationalise, s’installant en Europe en 1964, en Asie en 1972, et en Amérique Latine en 1994 » C’est dans ces mêmes années soixante, que les entreprises américaines franchissent leurs frontières, en direction du marché européen. Les service providers, et notamment les activités de conseil en stratégie, suivront le mouvement.
Comme ce dernier, les cabinets comme McKinsey ou Boston Consulting Group qui s’exportent sont les porteurs symboliques d'un modèle qui représente dans les années 60 la modernité, le développement économique, la richesse potentielle. Ce vaste mouvement fut rendu possible notamment par la construction européenne et la création d’un espace économique unifié qui font miroiter aux investisseurs le potentiel de ce nouveau marché. À la fin des années soixante, la CECA devient la Communauté européenne. Les grandes écoles comme l’ESSEC ou HEC prennent conscience des changements qui s’opèrent. D’écoles de commerce ou de comptabilité, elles deviennent des business schools à l’américaine et entreprennent de former les nouvelles élites. Les entreprises en provenance des États-Unis arrivent en masse sur le territoire, afin de profiter de l’espace d’opportunité créé par le traité de Rome. Entre 1960 et 1973, les investissements directs en provenance des États-Unis sont multipliés par trois. Le nombre de filiales d’entreprises américaines passe de 150 à la moitié du XXe siècle, à plus de 1 500 au début des années soixante-dix. À leur suite, les cabinets de comptabilité, les firmes d’audit, les banques s’exportent. Le conseil en stratégie se lance aussi dans l’aventure. En 1969, McKinsey a déjà ouvert six cabinets sur le territoire européen, qui représente 35 % de ses recettes mondiales.
Aujourd’hui AT Kearney qui est de la même veine, et c’est 60 bureaux dans 40 Pays.
Alors poser la bonne question, celle de savoir comment nous en sommes arrivés là, c'est regarder vers la culture d'entreprise qui envahit les lieux de travail et qui baillônne les salariés et les calibre à l'extérieur en consommateurs. Leur expression est déjà confisquée avant même qu'ils atteignent les urnes. Elle est confisquée et c'est le ressentiment, l'humiliation, la rancoeur, la rancune qui s'y substituent, et empoisonne aussi leur vie privée. Il n'ont plus d'autre alternative que d'exprimer leur dignité au rabais : passage à l'acte, vote extrême, actes désespérés pour la plupart.
Demandez à Stéphanie Gibaud, lanceur d'alerte pour la fraude fiscale d'UBS comment le gouvernement dit de gauche est intervenu pour elle, l'a défendue, l'a protégée ! Une vaste rigolade ! Mais pas pour cette femme !
Emmanuel Macron n'était pas encore né dans les années 1960 et sa formation s'est faite dans les plus hautes sphéres du capital. Tant mieux, ( .........me dis-je....) ainsi les connaît il bien, ces sphères, et en discerne t-il le moindre détail.
Qui a bouleversé l'URSS, équivalent du totalitarisme feutré d'aujourd'hui dans les grands groupes, et du coup contribué à abattre le mur de Berlin ? Ce ne fut pas le peuple ou les divers révoltés ( comme en Pologne) , mais une personne formée dans les plus hauts appareils de l'état communiste : Gorbatchev.
Il n'y a plus qu'à parier qu'une fois au pouvoir, Emmanuel Macron ne déclenche pas lui aussi son petit délire comme les autres. Délirer, c'est ici au sens très modeste de sortir du sillon, le sien propre. Car il y a une clinique de l'élu. Avant et après, on peut n'avoir plus à faire à la même personne.
Quand on se dit à soi même : je suis contre cette économie libérale qui pulvérise toute civilité, enrichit les plus riches, appauvrit les plus pauvres, (précision : alors que toute la gauche réunie n'a pas su voter une loi, une seule ! Pour freiner le capitalisme financier)
Très bien, ok
Seulement aujourd'hui, on a pas à être pour ou contre l'économie libérale ! C'est un pur non sens Elle est là depuis un demi siècle et serre tous les verrous un peu plus chaque jour. C'est elle en fait qui est pour nous, ou contre nous. L'initiative de nous éjecter ou pas est de son côté. Essayez pour voir, là où vous travaillez de vous poser contre : l'entretien indivuel manipulé quand les choses ne tournent pas bien économiquement, les séminaires infantilisants, la discours désaffecté qui est plus un discours de premier communiant qu'une communication respectueuse de l'autre et un tant soit peu adulte.
Alors quel peut être le sens de ce cri, par ailleurs légitime, j'en conviens, qui en appelle aux valeurs ? Quand il faut démonter patiemment l'existant de cette machine mortifère.
Or personne n'a pas même commencé à donner le moindre début d'idée, dans son programme, de comment il allait s'y prendre pour démanteler ce réseau empoisonnant, au delà de proclamer ses valeurs. Parce que cette question ne rentre dans aucun angle de vision de quelque projet que ce soit. Dans ce cas, Emmanuel Macron, oui, me semble--il, est le moins pire. Compte tenu de l'aveuglement et de la surdité dont il a été fait état ici et sur lesquels il campe d'ailleurs lui même. C'est un pari que l'on peut faire.