Il y a de quoi rester perplexe devant les réflexions menées en aval du problème que constitue le Burn-Out et de toute détresse au travail vécue par le salarié. En amont, n'est-ce pas un peu le Blak-out ? Notamment concernant l'Entretien Annuel de Développement Personnel ( voir http://www.detressesautravail.org/index.php/souffrance-et-suicide-du-sujet-par-l-eadp) qui maintenant a lieu deux fois l'année. Cet entretien qui vient comme une doublure du contrat de travail reste à l'écart des réflexions. Pourtant il est un des instrument essentiel du management. Il exploite de manière éhontée l'assymétrie, la non réciprocité entre l'entreprise et le salarié pour extorquer une confiance qui ne peut être qu'unilatérale, puisque n'apparaît pour l'autre partie aucun engagement similaire sur ce même document. On pourra juger par le lien hypertexte ci-dessus du nombre de rubriques qui se multiplient et de la contrainte qu'elles instaurent, nous dirons de la pression. Christophe Dejours et d'autres ont bien relevé ce point. Cette question de la liberté est amplement abordée dans le livre de Bruno Trentin, La cité du travail, qui revient à ce propos sur les écrits de Simone Weil. Cette question pourrit la vie politique de notre moment. Un délégué syndical FO a pu me dire récemment combien il mettait certains salariés en situation de souffrance. Car il y a une conséquence à cela que nous exprimerons ainsi : A force d'agir malgré ce que l'on pense, on finit par penser comme on agit, c'est à dire comme un autre qui vous est étranger.Les citoyens disparaissent pour laisser place à des supporters d'objectifs de leur entreprise, et cela vaut aussi pour le temps hors travail. Ici c'est Guy Debord, La société du spectacle, qu'il faudrait relire, ou même Philippe Sollers qui d'une certaine manière s'inscrit dans sa continuité. Cette pression majorée par l'EADP parce qu'il prend dans sa nasse l'ensemble des comportements du salarié, désarrime toujours un peu plus ce dernier de son statut de citoyen pour ne plus reconnaître que sa subordination aux objectifs de l'entreprise, et ce quoiqu'il arrive. C'est ce qui ouvre aussi à la possibilité que s'instaure, à bas bruit, une criminalité blanche, ce qu'aborde Jean de Maillard dans son livre L'avenir du crime (Ed Flammarion). L'entretien avec Stéphanie Gibaud, lanceur d'alerte, (http://www.detressesautravail.org/index.php/les-entretiens-de-dat) et son livre La femme qui en savait trop en donne un exemple, qui a déclenchée l'affaire UBS. Nous avons connu pour notre part des salariés qui avaient été destitués de leur fonction pour n'avoir pas obtempéré au remaniement de documents comptables qui leur avait été demandé. Mais l'EADP n'est pas bien sûr le seul paramètre en cause dans la question du Burn-out. Les multiples réunions et points d'équipe qui excitent l'émulation des participants au delà de toute proportion en sont aussi un autre paramètres. Il ne s'agit pas ici de la bonne ambiance, nécessaire à la réalisation de l'activité. Mais de l'exigence d'une participation plus intime, jusqu'à instaurer des paramètres qui s'assurent de l'authencité de cette implication, comme ces ignobles points d'humeur. Si vous n'appelle pas cela "totalitarisme", alors vous l'appelez comment ?
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Billet de blog 11 juil. 2015