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Billet de blog 11 octobre 2015

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CLIQUER POUR ECOUTER L'INTERVENTION DE BARBARA CASSIN

C’est parce que Barbara Cassinse laisse enseigner par la langue qu’elle est à même de nous transmettre quelque chose de pertinent de son voyage, de son travail, dans les concepts et les mots. C’est aussi en tenant compte de la puissance de la langue, qu’elle peut éclairer et rend lisible notre monde actuel, ici avec le binaire évaluation/jugement. Cela s’appelle le bien-dire.

Dans son intervention qui dure quelques minutes, claire et concise, l’auditeur, l’internaute sera retenu par son développement sur le terme de performance. Cela pose nous la question du pouvoir des mots. Certes, ce pouvoir est opérant dès l’enfance, et même avant, dans ce bain de langage qui préside à la naissance d’un sujet, et c’est un élément majeur de la question. Mais celle-ci à notre sens le déborde lorsqu’on entend comment Barbara Cassin traverse le pouvoir hypnotique du terme performance. Par contre-coup, elle nous indique comment ce pouvoir hypnotique vaut comme ravissement, obéissance, asservissement, docilité, assujetti, pour celui qui écoute ce terme sans en traverser l’épaisseur. Jacques Lacan aborde cette question de l’obéissance, et ce point nous permet de formuler une hypothèse quant à ce pouvoir. Il fait valoir que lorsque quelqu’un s’adresse, parle à un autre, cette parole commande l’écoute de ce dernier et donc lui intime obéissance et donc que, d’entrer dans son audience, l’audience de cette parole,  « le sujet tombe sous le coup d’une suggestion à laquelle il n’échappe qu’à réduire l’autre à n’être que le porte-parole d’un discours qui n’est pas de lui ou d’une intention qu’il y tient en réserve ».

Or à suivre ce texte (Préliminaire à tout traitement de la psychose, Ecrits, Paris, Seuil, p.533), c’est la voix incluse dans la parole qui engendre cet effet hypnotique. Dans ce même texte, Lacan est aussi amené à formuler que toute chaîne signifiante produit une voix. Il nous suffit par exemple de penser à l’activité de lire, pour s’apercevoir que nous lisons intérieurement en attribuant une voix aux phrases que nous lisons en pensée, et non plus à haute voix comme autrefois. Nous en déduisons quant à nous que ce qui fait lien hypnotique de celui qui écoute, avec  des mots comme celui de « performance », mais aussi avec tous les mots,  est la voix dont au présent il le charge, sans y penser plus avant, auquel s’ajoute la confiance aveugle de celui qui abandonne à l’autre, le soin de réfléchir pour lui, et dont nous ferons l’hypothèse qu’elle provient d’une mésestime de soi.

Vous pouvez également écouter les interventions de la journée du Formum Psy qui s’est déroulé sous le titre : L’évaluation tue.

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