Micron, dérivé de μικρός, pour désigner quelque chose de très petit et résonner avec le nom de notre fringant président qui " a fendu le système", comme il le disait de Jean d'Arc. Et Réel pour désigner quoi ? Cà, c'est plus compliqué même si le réseau français de la movida Zadig ( Zero Abjection Democratic International Group) crée par Jacques Alain Miller se nomme Le Réel de la vie. ( Le N° 1 de la revue vient de paraître avec une superbe photo en couverture d'une œuvre de Pablo Reinoso)
Le Réel, désigne donc une dimension, un registre, un milieu même où peuvent se trouver plongés les objets, les mots, le savoir , le discours, aux mille allures, invariant sous toutes ces variantes, mais devenu - s'agissant du point qui nous concerne ici- par érosion du temps et des discours invisible, inaudible, insaisissable, immergé qu'il est dans le story telling du marketing du discours maître.
Un exemple, un seul : " L'ouvrier n'a pas conscience de gagner sa vie en faisant acte de producteur; simplement l'entreprise l'asservit chaque jour durant de longues heures, et lui octroie chaque semaine une somme d'argent qui lui donne le pouvoir magique de susciter en un instant ces produits tout fabriqués, exactement comme le font les riches".
Eh bien cet extrait du livre de Simone Weil (p140), Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale, nous prouve que la philosophe avait elle le sens du Réel. Car cet " En un instant" qui lui saute aux yeux au moment où elle écrit (1934), passe aujourd'hui entièrement inaperçu pour les hypnotisés que nous sommes, à proportion de la diffusion de ces objets. Hypnotisés, c'est aussi ainsi que l'on pourrait qualifier la "gauche" en général. Celle-ci dans son ensemble n'a fait aucun aggiormento au regard de ce que nous décrit Simone Weil dans le livre que nous venons de citer, comme dans La condition ouvrière ou L'enracinement. Le réel, Simone Weil nous le pointe tout autant dans le travail mort qui asservit le travail vivant. Il faudrait en faire une lecture précise. Elle est le témoignage vivant de la prise en masse du discours capitaliste et du discours de la science, telle que n'a cessé de la formaliser Jacques Lacan. Simone Weil s'est montrée une clinicienne de la foule. En quoi elle nous montre aussi, en nous transportant jusqu'à aujourd'hui, qu'un petit stage de certains philosophes dans le monde de l'entreprise d'aujourd'hui, pourrait s'avérer fécond pour eux comme pour tous.
Cet Aggiornamento, la "gauche, le pouvait elle, le peut elle, le pourra t elle ? Non, mais ce non est aujourd'hui clarifié en long et en large. Et le pourquoi de cette réponse est aussi dans ces trois livres de Simone Weil. On la trouve autrement formulée par Jacques Lacan dans ses Ecrits : " Nous pensons à cette communication affective, essentielle au groupement social et qui se manifeste assez immédiatement en ces faits que c'est son semblable que l'homme exploite, que c'est en lui qu'il se reconnaît, que c'est à lui qu'il est attaché par le lien psychique indélibile qui perpétue la misère vitale, vraiment spécifique de ses premières années" ( Ecrits, p.87).
Ce qu'on nomme monde globalisé désigne ce qui est aujourd'hui devenu une entreprise. L'entreprise, ce n'est plus ce collectif de travail localisé dans un milieu confiné entre des murs. Nous avons à faire à une vaste entreprise qui s'est prolongé hors les murs. Simone Weil, encore une fois en avait rendu lisible les grandes lignes. Emmanuel Macron est donc maintenant le manager ( averti? Et de quoi? ) de la portion française de ce monde.
C'est là la nouveauté. Etait-elle souhaitable ? En tous cas, elle est advenue. Il fallait qu'un monde politique qui lui soit synchrone accouche.
Dans le même temps, extrême gauche et extrême droite sont à leur place dans l'hémicycle où il nous parlerons la langue d'autrefois. Nous aurons ainsi aussi à disposition, cerise sur le gâteau, un petit musée de la politique.
La pulsion de mort entrant elle, dans le champ de concernement du mouvement analytique.
( à suivre ou à préciser)