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Billet de blog 24 octobre 2015

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DU RPS A L'HERPES

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Comme sa prononciation le laisse entendre, il y a de grands risques que le sigle RPS (Risques Psycho-Sociaux), martelé par les grands cabinets de consultants cognitivo-comportementalistes, vous donne des boutons. Aussi nous conseillons-vous d'éviter de l'employer. Comme beaucoup d'autres sigles et appellations qui parasitent notre parole, et par lesquels nous sommes en fait parlés, il nous donne l'impression que d'immenses équipes de psychologues cognitivo-comportementalistes se sont penchées des nuits entières à tenter de résoudre l'équation suivante: comment ne pas nommer absolument ce dont il est pourtant impossible de ne pas tenir compte, tant est forte et présente, la pression de l'auditoire ou du lectorat qui entendra ou lira le propos qui devra traiter de ce point. Ici en l'occurrence, comment dérober, escamoter, évaporer, radier, invisibiliser, dissiper, diluer, désagréger, volatiser enfin, ce dont il s'agit : la souffrance psychique ? Et bien nous livrons ici un autre de ces sigles, que nous avons construit ironiquement à votre intention, et qui à notre sens pourrait prétendre au même succès : le RDC. Autrement dit le " Risque de "Dissonance cognitive". On en trouvait la mention dans un document officiel : La note d'analyse, N°239 de septembre 2011, publication du Centre d'analyse stratégique. Où l'on peut mesurer comme la  langue cognitiviste inocule les discours en général, mais aussi où l'on soupèse sa fonction qui est celle de désagréger le moindre atome de subjectivité qui percerait ici et là dans le langage. Le Risque de Dissonance Cognitive, nous explique-t-on, est tension psychologique issue d'un conflit entre les valeurs de l'entreprise et les valeurs individuelles. On en arrive ainsi à transcrire un profond désaccord d'ordre moral ou éthique en une note musicale dysharmonique, transfusant l'émotion de l'un à l'autre, et dévoyant encore un peu plus ce qui relève du lien social. 

Plus sérieusement, on peut lire dans ce même document que la cour de cassation, dans l'arrêt dit "Mornay" du 28 novembre 2007 établit un lien entre "l'entretien d'évaluation et la santé mentale, soumettant ainsi la mise en place de cet entretien à la consultation du Comité d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail". Il y a à cela, à ce qu'il nous semble, une logique d'ensemble. L'entreprise privée ou publique- où s'incluent aujourd'hui les organismes publiques qui la copient, la prennent pour modèle- est un dispositif qui, déjà de nature, mais plus encore aujourd'hui, mets les individus sous tension. Cela l'est plus aujourd'hui, car systématisée, étayée par da technologie informatique à laquelle s'est ajoutée une exacerbation de l'idéologie libérale, et dont on voudrait réduire la révolte qu'elle pourrait susciter, pourquoi pas, à une dissonance cognitive. Cette tension est aujourd'hui plus insidieuse et ravageante du fait qu'elle soit psychique en s'immisçant par le biais de la pression comportementale. Il faut bien constater que ces nouveaux modes de pression sont toxiques pour la subjectivité- Or, par une disposition retorse d'une certaine conception du management, c'est au sujet lui même qu'on demande de se tenir comptable de cette tension. Et s'il y a bien un vecteur caractérisé de cette pression à prendre sur soi de manière culpabilisante cette tension, c'est bien l'entretien d'évaluation.

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