L’effarante allocution présidentielle d’hier soir me fait revenir sur la distinction entre Auctoritas et Potestas qui était au cœur de l’idéologie politique romaine, et qui, d’une certaine façon, du haut moyen âge à aujourd’hui, a continué à imprégner notre vision du politique et du pouvoir.
Potestas désignait le pouvoir de commandement, civil et militaire, cet « imperium » qui, par la loi et/ou la contrainte, ordonnait et maintenait la vie de la Cité.
Le sens d’Auctoritas est bien plus complexe. « Autorité » certes, mais pas au sens précédent. Il s’agit ici, pour l’homme ou le groupe qui en étaient investis, d’une évidente prééminence d’excellence, d’un prestige moral, d’une capacité de choix et d’action garantissant la légitimité et l’efficience du politique.
Notre Histoire est emplie de personnages qui, à tort ou à raison, ont cru porter et joindre en eux les deux définitions, pour le meilleur et pour le pire.
Il ne semble pas que notre actualité offre, en ce qui concerne ceux qui nous gouvernent, la moindre once d’Auctoritas.
On pourrait s’en féliciter en arguant de la « normalité » de celui qui mène la barque, et de ses rameurs : normalité qui nous garantirait de la mégalomanie et du pouvoir personnel.
Las, l’avalisation et l’intériorisation de notre Constitution aidant, il semble bien au contraire que le tenant de la normalité, notre Président, constitutionnellement pourvu de Potestas, s’imagine dorénavant investi de cette Auctoritas qui fait les grands hommes.
Quelle tristesse…
L’extra terrestre incolore et insipide que nous avons vu hier soir déclarer la guerre sociale ( sous couvert de BA à répétition et de patriotisme hors sol), a cru prendre une posture historique d’Auctoritas, quand il n’a pu arguer que de sa Podestas pour penser imposer sa loi à des millions de citoyens indignés...
À quels périls expose-t-il ainsi notre malheureuse nation ?
Billet de blog 1 janvier 2020
Au lendemain des vœux présidentiels : Auctoritas et Potestas
N'est pas grand homme qui veut
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