Dans le sommeil s'est recomposée la vie. C'est comme ça qu'il apprend qu'elle s'était décomposée. Maintenant que le sommeil s'en va, laissant cette impression douce de nid d'araignée, de chaleur tissée, brouillonne, qui ne peut résider qu'au cœur d'une vie. La vie peut donc se refaire ! Mais dans quoi était-il tout le long de ces jours, de ces semaines, de ces nuits qui ressemblaient aux jours, où l'on pouvait penser, imaginer, compter, construire, essayer par divers dérivatifs d'échapper à l'ennui ou à l'impuissance ou à l'adversité des contraintes — où on regardait le temps défiler sans comprendre comment l'horloge pouvait revenir toujours sur les mêmes heures, le calendrier sur les mêmes dates, les années s'ajoutant, des morts se retranchant, les espèces de la planète disparaissant, la population humaine allant en augmentant, en se ressemblant tout en s'éparpillant, s'émiettant comme dans un renoncement inévitable.
Et maintenant la vie prouvait le contraire — une sorte de vie intime qui se logeait dans le corps sorti du sommeil. Avec la puissance d'un mythe, dans une langue ancienne pas encore déchiffrée mais déjà informée de tout ce qu'il avait pu connaître, un mythe des origines, énigmatique et beau, naissant dans un souffle.
Billet de blog 3 novembre 2020
Nid
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