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Billet de blog 4 août 2023

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Adieu Françafrique

Françafrique. On peut compter sur le génie de la langue pour rendre visible l'intention cachée sous les mots : collée comme une ventouse, la France comptait-elle absorber l'afrique ?

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A cette image véritablement monstrueuse de la barbarie de "la France", m'apparaît répondre par contraste la subtilité et la poésie (puisque le terme dans son origine grecque suppose une forme de réalisation) des communautés de l'Afrique de l'ouest, particulièrement des pays voltaïques, telles qu'explorées dans son ouvrage La Souveraineté de la Terre, Une leçon africaine sur l'habiter par l’ethnologue Danouta Liberski-Bagnoud.
On y comprend comment les rites, aujourd'hui comme hier, tiennent le rôle central dans la relation de la communauté humaine à la Terre. Et il est bon de retrouver le temps de la lecture, de l'étude ethnographique et de l'anthropologie quand l'écriture est aussi belle. Un extrait, p. 294-96 :

Il faut se tourner vers les plexus du rite et du mythe pour saisir que la Terre n'est pas, dans les sociétés voltaïques, cette divinité faite "d'une seule pièce" que l'Occident moderne fantasme sous les traits de la Mère du monde. Sous une appellation unique, elle se montre sous plusieurs aspects, sous différentes figures qui, comme dans les sociétés antiques, renvoient aux différentes fonctions qu'elle remplit et que les hommes sollicitent par leurs prières et leurs actes. Selon une représentation qui nous est familière, elle est ce qui fait germer la graine, et tous les rites qui entourent les travaux des champs ont pour enjeu de veiller à ce que rien ne vienne entraver cette fonction. Lorsque le temps est venu, il revient au gardien de la Terre de déclencher la fonction gestante de la Terre, ainsi que de la suspendre, à la fin de la saison des cultures. Premier à "blesser la Terre", en creusant les premiers poquets dans son champ et à semer, il doit être le dernier à moissonner. Toute récolte encore sur pied est vouée à dépérir après cet acte de clôture. Mais la Terre est, également, celle qui avale les morts comme tout ce qui n'a plus d'attache dans le monde des vivants, tout ce qui est délié de toute généalogie. Épaves, troupeaux divaguant dont on ne connaît pas le propriétaire, masques ou autres objets enchantés dont le mode d'emploi s'est perdu ont pour destin d'être renvoyés vers la Terre. Les animaux perdus seront sacrifiés sur place par le responsable rituel de la terre où ils ont été trouvés, les épaves sont rapportées au gardien de la Terre qui les déposera soit sur le tas des cendres ménagères devant la cour, soit en un lieu du territoire identifié comme "le lieu où la Terre respire". Autrefois, les vagabonds, les anciens captifs, les enfants perdus dont on ignore l'origine faisaient l'objet d'une procédure rituelle qui les rattachait à la Terre. Figure de Janus, l'une de ses faces donne la vie, l'autre ouvre une grande bouche qui engloutit tout ce qui a achevé son parcours ici-bas. Lire la suite : https://butinrenethibaud.blogspot.com/

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