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Une fois sur terre vous avez explosé, comme fait la sensitive si on la touche l’été quand elle est mûre.
Vous avez projeté des milliers de petites graines comme des billes d’énergie pure allant chercher leur place, partout dans les corps.
Bientôt j’ai senti, dans le mien, que vous envisagiez où, comment, vous pourriez vous loger, qu’est-ce qu’il vous faudrait avaler comme place, celle de l’estomac sûrement, trop avide, trop gourmand, qui ne sait attendre, qui se maltraite et vous alliez l’aider, en même temps que vous m’aideriez.
Mais je crois aussi que vous serez partout comme chez vous, sur cette terre, pour donner à quiconque son meilleur rythme.
Déjà, mon exercice de ce fameux extrait de la cantate BWV 147 s’approche d’une tâtonnante prière, me laisse deviner la musique, l’espace radieux où demeure la joie.
Monsieur Temps, vous semblez en bonne compagnie parmi les particules du corps, poursuivant votre exploration, étendant autour de vous une douce ivresse. Cela met des petites légèretés de papillons dans mes doigts, que je n’aurais jamais pu imaginer. Je me découvre aussi des fleurs dans les bras, des lianes, de cette lenteur végétale qui avance à pas précis, dont la beauté est fragile. Tous ces détails que vous ne pouviez pas encore me signifier lorsque vous vous teniez debout derrière moi.
Et l’architecture, qui est encore autre chose que la mathématique, me prévient-il, est bien là, pour bientôt, au programme. Jusque dans les nuages, pour faire tomber la pluie. Tu joueras, mais tu ne seras pas même un insecte, car tu t’es voulu touche-à-tout. Tu seras un peu de tout. Un peu de la petite araignée, un peu de l’ours qui bouscule la cabane.
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Photographie de Thami Benkirane, Meymac, Corrèze, le dimanche 6 juillet 2025