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Billet de blog 14 janvier 2025

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Illustration 1

Après avoir jeté la clé de son appartement dans un égout, ce n’est pas une bonne idée mais tout le monde ne le fait pas heureusement pour la protection de l’environnement, je sais que ces grilles qu’il y a sur la voie publique, les trottoirs, au pied des arbres, sont très tentants pour lui, comme les barreaux rouillés des vieilles murailles, ça titille son goût du risque, et du rythme aussi, je l’entends encore passer une clé ou un bâton tout le long des grilles des portails, il l’a peut-être perdue cette clé, il n’en désenrevient pas. C’est, me dit-il, à la suite d’un rêve mais tout de même, un rêve c’est finalement une maladie d’Alzheimer ni plus ni moins. Il ne voulait surtout pas finir ainsi.
Mais voilà que je me suis laissé adopter par cet homme qui rêve plus que de raison. Il n’y a que des vieux qui m’adoptent c’est amusant et même touchant, ils ont des délicatesses et véritablement des audaces, leur vie se passe dans un petit périmètre de leur quartier et là ils sont imprévisibles comme des papillons – pour moi, bien sûr, parce que vu de l’extérieur on ne peut pas dire que ce soit très varié, entre la rue Étienne Dolet, le square Henry Moore, l’avenue Gutenberg où il passe le nez en l’air dans les platanes, la rivière, surtout la rivière qu’il scrute et en nourrit les berges de ses petits déchets alimentaires, le Central à la belle saison…
Mais d’où je suis, moi qui le vois de l’intérieur, ça tient du magic circus et de l’opéra baroque, sinon du conte de fées quand il s’emberlificote dans le marché de la place aux Herbes ou les chemins pavés de la vieille ville. Il n’est jamais plus sûr et direct que lorsqu’il est égaré. Ce n’est pas facile, monsieur Temps, de vivre à deux, me dit-il. Je veux bien le croire. Deux c’est un chiffre assez exclusif. Ou autoritaire. Mais comment s’en débarrasser ?

Illustration provenant du bestiaire baroque (il bestiaro barocco ), un recueil de 156 images presque entièrement réalisées à partir de plumes d’oiseaux et augmentées de morceaux de peau, de pattes et de becs d’oiseaux. Elles ont été créées entre 1616 et 1618 par Dionisio Minaggio, le jardinier en chef du duché de Milan et étaient à l’origine reliées dans un livre. La majorité des images du livre sont des oiseaux indigènes de la région de Lombardie en Italie, mais il contenait également d’autres images représentant des chasseurs, des commerçants, des musiciens et des personnages de la commedia dell’arte.

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