À cause du soleil

Le printemps me travaille. Ça pousse entre mes cotylédons, ma vieille peau de rat se fripe.
N'auras-tu tenu qu'une saison dans cette dépouille ?
Ratine ne répond pas. Il n'a jamais été fort pour parler. Ce fut un jouisseur, un planqué.
Je sens que je vais mettre le nez dehors —  retrouver peut-être mes arbres.
Oiseau, deviendrai-je ?

Ainsi celui qui est seul dans son confinement jouait au jeu de société, tour à tour il était tous les personnages, toutes les situations.
Puis le soleil l'endormait, plus sûrement que la nuit. La nuit réveillait les inquiétudes — il n'entendait plus les tourterelles, ni les corbeaux, il vivait dans le peuple des humains.
Rien de ce qui est humain ne lui était étranger et pourtant... étranger je le sentais pour la première fois (mais comment savoir si c'était vraiment sa première) proche de ce Camus-là. Et même de cet autre, à imaginer Sisyphe heureux. C'était sans doute à cause du soleil.