René Thibaud (avatar)

René Thibaud

Abonné·e de Mediapart

248 Billets

0 Édition

Billet de blog 22 mars 2020

René Thibaud (avatar)

René Thibaud

Abonné·e de Mediapart

Motif de printemps

Je regarde le soleil.

René Thibaud (avatar)

René Thibaud

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je regarde le soleil un peu voilé de cette fin d'après-midi — boule flamboyante, qui est pour nous le père et le maître de tout, resplendit à travers la filoche voluptueuse des nuages. Pour autant que l'idée ou l'envie d'un père et maître nous effleure. Le temps qu'il passe, il abandonne pour nous chaleur, lumière, énergie. Et bonheur, pour moi, ce mot simple et bleu que j'aime bien, toujours. Le temps s'étire en langues de nuages, blonds et gris jaune ou bleuté, lapés dans le lait d'azur pâle, le temps sera long encore avant la nuit, long et silencieux, il s'éfile par le travers de la fenêtre, lavis de couleurs, glissant tendre, pastel fondant. Des grandes plumes d'oiseaux imaginaires encrent nonchalamment la voûte élargie, extatique du ciel. Mille milliards de fois j'ai revu la scène, unique et jamais la même, redonnée sans compter, jour après jour du monde. Je suis à l'intérieur, comme dans l’œil d'un cyclone peut-être, ou comme à l'extérieur, inexplicablement invité au spectacle... et au festin... gavé, privé, dégoûté, c'est selon. Avide, fuyant, emportant ma part furtivement dans mon trou. Ou partageant, nourrissant mes enfants, risquant pour eux. Je me suis revu sortant de mon refuge, enfant peureux, naissant. J'entends maintenant les oiseaux du soir, faufilant le printemps. Cette vie est un tissage, une broderie. L'aiguille passe à travers, laisse des gouttes de sang, crée des motifs inouïs.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.