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Billet de blog 31 janvier 2025

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La lecture

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

À propos d’un des Récits de la Kolyma de Varlam Chalamov

Quand j’eus achevé la lecture de cette histoire, je restai un moment le dos immobile appuyé sur mon oreiller, pensif. Comme si un résultat, une conséquence, une vérité allait parachever cette lecture et en quelque sorte me combler à la mesure de ce que je ressentais.

C’était une histoire qui avait la simplicité d’une gorgée d’air qu’on respire, parfumée d’hiver glacial, au goût de vie subtile et délicieuse comme ces baies gelées d’airelles ou d’églantier décrites dans leur couleur et leur saveur, et tout en même temps aussi cruelle qu’un croc rapide et violent qui déchire, et sans cesser de s’offrir, c’était une histoire qui avait le poids d’un pied d’éléphant à deux centimètres de vous écraser.

Je l’avais lue en quelques minutes, elle était énorme et légère. La récolte-pensée que je me préparais à accueillir ne viendrait pas. Elle avait déjà eu lieu : C’est la lecture elle-même.

Si bien que chaque récit devient une composition créée avec le réel du temps et de l’espace et possède leurs sens réunis comme une essence aux couleurs et aux valeurs particulières, qui les contient toutes sous des apparences variées, renouvelées, réapparaissant, comme un rêve nous redonne la réalité du monde, intacte mais réorganisée, et redimensionnée à la taille véritablement symbolique d’un conte, et je crois que c’est ce que voulait Chalamov.

Photo Nicole Resche de Miribel

https://renethibaud.com/

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