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Depuis plus d'une décennie, la République démocratique du Congo (RDC) souffre aux mains de groupes rebelles armés, dont le Mouvement du 23 mars (M23) est l’un des plus notoires. L’ONU et plusieurs institutions internationales ont produit des rapports détaillant l’implication du Rwanda dans l’alimentation de ces conflits, mais à maintes reprises, ces conclusions n’ont abouti à aucune conséquence significative. Au lieu de tenir le Rwanda responsable, le cycle se répète : les rapports sont publiés, les condamnations fusent, mais aucune action décisive n’est prise. En conséquence, le Rwanda poursuit ses interventions en RDC en toute impunité, encouragé par l’absence de sanctions.
Chacun de ces rapports représentait une occasion d’intervenir et d’arrêter la déstabilisation de la région, mais l’inaction internationale a de facto donné carte blanche au Rwanda pour continuer. Le "Rapport Mapping" de l’ONU en 2010 a minutieusement documenté de graves violations des droits humains en RDC entre 1993 et 2003, impliquant les forces rwandaises dans des atrocités de masse. Malgré de fortes recommandations en faveur de la justice, aucune action internationale n’a suivi. Les rapports ultérieurs du Groupe d'experts de l’ONU ont continué à fournir des preuves du soutien militaire direct du Rwanda au M23, y compris des livraisons d’armes, un soutien logistique et une participation de hauts responsables militaires rwandais à la chaîne de commandement.
Le rapport de 2012 identifiait les hauts responsables militaires rwandais comme des facilitateurs clés des opérations du M23, mais aucune sanction n’a été imposée. En 2013, des preuves de l’incursion de troupes rwandaises en RDC pour aider le M23 n’ont pas conduit à des mesures internationales significatives. En 2014, l’ONU a révélé des tentatives de réarmement des combattants du M23 malgré leur supposée défaite. Les conclusions ont été ignorées au-delà de simples condamnations verbales. Les rapports de 2015 et 2016 ont mis en évidence l’exploitation financière du conflit par le Rwanda, avec la contrebande d’or et de coltan finançant davantage d’instabilité. Même lorsque les rapports de 2017 à 2019 ont démontré le soutien continu du Rwanda aux factions armées et au commerce illicite, aucune action n’a été prise.
En 2020, les rapports de l’ONU ont continué à fournir des preuves claires que le Rwanda apportait toujours un soutien logistique et en armement aux groupes rebelles. Le rapport de 2021 a impliqué le Rwanda dans l’exportation illégale d’or extrait en RDC, permettant aux réseaux criminels de prospérer tandis que des millions de personnes continuaient de souffrir. Le rapport de 2022 était l’un des plus accablants, révélant que les Forces de défense rwandaises avaient activement participé à des attaques contre l’armée congolaise tout en fournissant un équipement militaire avancé au M23.
Le rapport de 2024 a encore renforcé ces conclusions, mettant en lumière une présence militaire rwandaise encore plus marquée en RDC. Il a révélé que 3 000 à 4 000 soldats rwandais étaient déployés en territoire congolais, soutenant activement les opérations du M23. Ce rapport a également détaillé l’implication directe des forces rwandaises dans des attaques ciblées contre les positions des Forces armées de la RDC (FARDC), ainsi que dans le contrôle stratégique de certaines régions riches en ressources. En outre, il a mis en évidence l'utilisation de drones et d'armements sophistiqués fournis par le Rwanda pour renforcer les capacités offensives du M23. Ces nouvelles preuves accablantes ont une fois de plus été accueillies par de simples déclarations de condamnation de la part de la communauté internationale, mais aucune action concrète n’a été mise en place pour stopper l’implication du Rwanda dans ce conflit.
Ces derniers mois, le M23 a intensifié ses attaques dans l’est de la RDC, s’emparant de plusieurs villes du Nord et du Sud-Kivu, dont Goma et Bukavu. L’ONU estime que les affrontements récents ont causé près de 3 000 morts. Les rapports confirment que les forces rwandaises fournissent un soutien direct, et pourtant, encore une fois, la réponse internationale se limite à des déclarations de préoccupation et à des condamnations sans mesures punitives concrètes. L’Union européenne, l’ONU et la SADC ont toutes publié des déclarations dénonçant les actions du Rwanda, mais aucune conséquence réelle n’a suivi. Certains députés européens ont proposé de suspendre l’aide financière au Rwanda jusqu’à ce qu’il cesse son soutien aux groupes armés, mais la mise en œuvre reste incertaine. Pendant ce temps, la violence continue, les civils souffrent, et le Rwanda agit en toute impunité.
Chacun de ces rapports, depuis 2010, représentait une occasion de tenir le Rwanda responsable. Si les institutions internationales avaient pris des mesures décisives, comme des sanctions économiques, des interdictions de voyage pour les responsables impliqués ou des poursuites judiciaires, la capacité du Rwanda à soutenir le M23 aurait été sévèrement limitée. Au lieu de cela, l’inaction a renforcé la confiance du Rwanda dans le fait qu’il pouvait poursuivre ses interventions sans en payer le prix. Le schéma est clair : un rapport expose l’implication du Rwanda, les organismes internationaux publient des condamnations, mais sans mécanismes d’application, le Rwanda reprend ses activités sans entrave. L’absence de responsabilité a efficacement donné au Rwanda un permis pour alimenter les conflits, déstabiliser la RDC et causer d’immenses souffrances humaines.
Pour briser ce cycle, la communauté internationale doit passer des paroles aux actes. Cela inclut l’imposition de sanctions ciblées contre les responsables rwandais impliqués dans le soutien au M23, le lancement d’enquêtes indépendantes sur les crimes de guerre présumés et la réévaluation des relations diplomatiques et économiques avec le Rwanda. La RDC a enduré des décennies de guerre et de souffrance, et le rôle du Rwanda dans la perpétuation de ce conflit est bien documenté. Pourtant, chaque rapport exposant ces actions a été suivi d’inaction, permettant au Rwanda de continuer sans être inquiété. L’incapacité de la communauté internationale à faire respecter des conséquences a encouragé le Rwanda et prolongé la souffrance de millions de personnes. Il est temps de mettre fin à ce cycle d’impunité et d’agir de manière décisive avant qu’un autre rapport ne soit rédigé, une autre condamnation ne soit prononcée et qu’un autre massacre n’ait lieu en RDC.