Faux idiots et vrais fachos sur les écrans des mômes

Il y a de très nombreuses raisons, je pense, pour lesquelles mettre un smartphone dans les mains d'un gosse de 12 ans n'est pas une bonne idée. Et, parmi ces raisons, lui éviter d'être surexposé à des contenus masculinistes et fachos me semble déjà en être une assez valable.

La journaliste Pauline Ferrari, qui a bien étudié le sujet, s'est amusé à créer des profils fictifs de jeunes garçons sur Tiktok. D'abord, en indiquant des centres d'intérêts bien « virils » puis en renseignant simplement l'âge et le sexe de l'utilisateur sans aucune autre précision.

Elle s'est rendue compte à quel point, même avec ces seules informations basiques, les contenus masculinistes étaient surreprésentés parmi les propositions de vidéos.

On se rend compte, jour après jour, à quel point l'extrême droite monopolise désormais le débat public. Comment ses idées, qui sont au cœur des deux principales chaines « d'information » française, irradient largement dans les autres médias, comme dans le champ politique. Mais on a parfois tendance à négliger l'importance de ces « contenus » dans les algos de recommandations des smartphones de nos mômes.

Pourtant, il me semble difficile de penser que ceux ci ne participent pas aussi de ce regain d'attrait pour l'extrême droite et pour les positions très anti-féministes que des enquêtes documentent chez les jeunes garçons.

Dans le genre, Usul et sa collègue ont réalisé un petit sujet assez édifiant sur « l'influenceur » star des cours de collège : Tibo in shape.

Peut être, bienheureux que vous êtes, n'avez vous jamais entendu parler de lui ? Dans le cas contraire, c'est sans doute plus l'image de Tibo l'idiot que celle de Tibo le facho qui vous vient spontanément en tête ? Pourtant, derrière l'image d'un monsieur gonflette décérébré il y a le porte voix en mode « cool », d'une idéologie bien droitarde derrière les oreilles.

Le capitalisme technologique est arrivé à nous faire considérer les smartphone de nos enfants comme leur intimité absolue qui ne nous regarde pas.

Au contraire, je crois que ça vaut le coup de s'intéresser un peu à ce qu'ils matent et d'en causer.