Le Monde consacre aujourd'hui un article à cette "gauche intellectuelle" qui "se déchirerait" sur le soutien au Nouveau Front populaire.
Comment ça marche en fait "être de gauche" ? Ça s'appuie un peu sur du concret, sur des positions et des actes ou c'est uniquement déclaratif ? Si, par exemple, je sais pas, demain c'est Pascal Praud et Jean Messiha qui interviennent dans un débat en tant que "hommes de gauche", fera t-on un article pour dire que la gauche est divisée sur la peine de mort ?
Par ce que faire un papier entier, à deux jours d'une élection de tous les dangers, sur une gauche soit disant tiraillée quand à la participation à l'union en s'appuyant sur Enthoven, Cazeneuve et Manuel Valls, ce n'est pas très honnête.
Que pour d'obscures raisons historiques, psychologiques ou de survie médiatique les trois bougs aient un besoin irréprésible de se proclamer "de gauche", c'est une chose. Mais la rigueur journalistique devrait inciter à étudier les positions politiques concrètes des personnes pour les situer sur l'arc politique plutôt que de les suivre gentiment dans leur délire. Et même si on adore les faire exister, il conviendrait quand même de prendre en compte leur importance, pour le moins relative, dans le débat "intellectuel" au regard du nombres de prises de positions en soutien au front populaire qui se multiplient dans le monde de la Recherche.
On ne fera pas l'affront à la journaliste Ivanne Trippenbach de penser que sa relation assez intime avec le gouvernement actuel (son compagnon travaillant au cabinet d'Attal), pourrait la pousser à surévaluer cette soi disant opposition "de gauche".
On ne relèvera pas non plus la manière dont l'antisémitisme de LFI devient dans ces lignes un fait indiscutable, laissant planer l'accusation infâme selon laquelle le reste du groupe s'en accommoderait, et confortant cette idée suicidaire selon laquelle les arrières pensées attribuées aux uns relativiseraient la nécessité de s'opposer à l'idéologie clairement raciste et antisémite des autres.
On rappellera juste que de François Hollande (c'est dire...) à Philippe Poutou en passant par Lionel Jospin, on a un éventail assez exhaustif d'une gauche institutionnelle qui s'est unie face à un danger fasciste plus pressant que jamais, et s'est entendue sur un programme qui, bien que restant assez social démocrate (et sujet à éventuelles trahisons) annonce une série de ruptures importantes avec le néo-libéralisme ambiant.
C'est sûr, c'est pas gagné, et une foire d'empoigne n'est vraiment pas à exclure. Mais, pour une fois, pendant ces quelques jours au moins, il n'y a aucun doute, la gauche, votante en tout cas, et dans ses nombreuses nuances : c'est là qu'elle est !
article du Monde : https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/26/la-gauche-intellectuelle-se-dechire-sur-le-nouveau-front-populaire_6243895_823448.html