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Association contre l'intrumentalisation liberticide et anti-démocratique de "la guerre au terrorisme"

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Billet de blog 1 juillet 2012

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Le Chantage du 11 Septembre, la gauche en ligne de mire

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« Chaque pays, dans chaque région, doit maintenant prendre une décision.

Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes avec les terroristes »

George W. Bush, le 20 septembre 2001.


 Depuis de nombreuses années en France, la remise en cause des explications officielles sur les attentats du 11 septembre 2001 est devenue un sujet tabou et assure à celui qui l’aborde de se faire cataloguer à l’extrême droite tant l’accusation, ajoutée à celle d’antisémitisme, a régulièrement servi dans les médias à empêcher un réel débat d’avoir lieu. Ce genre de cliché vient de valoir à René Balme, maire de Grigny et membre du Parti de gauche, de se faire traiter de conspirationniste rouge-brun dans une poussée de maccarthysme de Rue89 à la veille des élections législatives. Outre son déroulement, c’est la place de cet événement dans la politique néolibérale dont l’analyse a été évacuée par ce chantage. Le film The Crisis of Civilization de l’activiste britannique Dean Puckett vient donc donner de l’altitude à ce débat en replaçant la guerre au terrorisme dans son contexte global, au milieu des différentes crises générées par le capitalisme néolibéral, qu’elles soient énergétiques, écologiques ou économiques.

La juste part des choses

« Je ne sais pas si je peux supporter d’assister à une autre audition [de la Commission du 11/9]

qui ne va pas au cœur du sujet. Mais si nous n’y allons pas, qui regarde ? »

Mindy Kleinberg, veuve d’Alan Kleinberg décédé dans la tour Nord

du World Trade Center le 11 septembre 2001.


Il est très difficile de parler du 11 Septembre. Chaque fois que l’on aborde le sujet pour la première fois avec quelqu’un, on se demande pour qui on va passer. On s’en abstient souvent d’ailleurs. Et si on est rapidement rangé dans la case conspirationniste à laquelle on peut s’habituer à contrecœur avec le temps, il est en revanche plus dérangeant de passer pour un militant d’extrême droite ou un antisémite. Certes, on peut considérer qu’une certaine partie de ceux qui contestent la version officielle du 11 Septembre mérite le qualificatif de conspirationniste ; il s’agit en général de personnes qui ont rarement fait plus d’efforts à comprendre le sujet que la plupart des journalistes ou qui sont plongées comme eux dans leurs convictions malgré tout ce qui s’y oppose. Si d’ailleurs certains aspects controversés restent encore sujets à débat, les différents partis pris exprimés relèvent plus souvent d’une croyance personnelle que d’une réelle capacité d’analyse. 

Cela dit, il existe des faits indéniables qui posent des questions significatives sur ce qui s’est passé le 11 Septembre et sur la commission chargée de l’expliquer. Le documentaire 9/11 : Press for Truth qui donne principalement la parole aux familles de victimes en fournit un bon aperçu [1]. Ce sont elles qui se sont battues pour obtenir une commission d’enquête, et ce sont également elles qui ont été les premières à dénoncer le rapport final [2]. On y découvre également Paul Thompson, un informaticien de San José, dont le travail participatif initié sur le site History Commons(*) constitue à ce jour la base d’information thématique et chronologique la plus complète sur le 11 Septembre [3]. Cette chronologie du 11 Septembre (9/11 Timeline) est une véritable bible pour tous ceux qui s’intéressent vraiment au sujet. Le journaliste d’investigation américain Peter Lance, primé par cinq Emmy Awards au long de sa carrière, déclara même dans son livre Cover Up qu’ « avec quasiment aucun budget et un simple accès à l’Internet, Thompson a réalisé ce que la Commission du 11/9 a été incapable de faire, achever l’intention du Congrès de "rendre un compte-rendu complet des circonstances entourant les attaques" » [4]. Noam Chomsky, bien que ne militant pas pour une nouvelle enquête, se dit également insatisfait des conclusions de l'enquête « parce que ce sont les conclusions d'une commission gouvernementale. Prenez n'importe quelle commission gouvernementale sur n'importe quel sujet, elle ne dira tout simplement jamais la vérité », affirme t-il [5]. Ces différentes personnalités, tout comme les proches de victimes insatisfaites du rapport d'enquête, n'ont évidemment rien à voir avec l’extrême droite ou l’antisémitisme. Pourtant, en dépit de ce simple constat nourri par l’évidence des faits, certains journalistes et intellectuels français avaient fermement décidé d’empêcher une discussion raisonnable d’avoir lieu. 

 Les maîtres chanteurs

« Ce sont des purs criminels ! Ce sont évidemment des purs paranoïaques,

c’est tout ce qu’on veut, mais en attendant ce sont des criminels,

car leurs idées ne sont pas neutres, elles ont un but. »

Philippe Val

Le 13 avril 2004, avant même que la Commission d’enquête sur le 11 Septembre n’ait rendu ses conclusions, une émission de Daniel Leconte sur Arte, largement décriée par Acrimed, sera l’avant-poste d’une propagande visant à contenir l'opinion dissidente en la disqualifiant [6]. D’un côté, ceux qui soutiennent la version officielle et les guerres justes des États-Unis contre le terrorisme. De l'autre, tous ces salauds qui en contestant cette version des faits se voient rangés dans le panier de l’extrême droite et des « sergents recruteurs d’Al-Qaïda » pour reprendre les propos de Philippe Val. Pour ce dernier, les doutes revendiqués ne sont que l’expression d’une « haine de la démocratie » qui « rejoint directement très vite la haine du juif » [7]. Pour accréditer cette idée qui ne manque pas d’audace, la soirée était agrémentée de deux documentaires d’Antoine Vitkine qui laissèrent une large place à ses amis du Cercle de l’Oratoire, un groupe de réflexion dont Eric Aeschimann fit un portrait très révélateur dans un article de Libération en 2006. Créé par Michel Taubman dans la foulée du 11 Septembre, ce « groupe informel d’intellectuels et de journalistes, souvent issus de la gauche » déclare partager des idées communes avec les néoconservateurs américains et prôna un soutien inconditionnel aux invasions d’Afghanistan et d’Irak [8].

Dans le sillage de leur atlantisme débridé, le concept de « choc des civilisations » inspira plus d’un journaliste de gauche. Ainsi, des anciens de Charlie Hebdo — Philippe Val, Caroline Fourest ou Bénédicte Charles — jusqu’au Nouvel Observateur de Laurent Joffrin, la défense aveugle de la version officielle prit dès lors un sens tout à fait logique dans l’affrontement qui opposait la « plus grande démocratie du monde » au mythe du fascisme islamique [9]. Aucune critique ou nuance ne fut admise, tous les amalgames furent utilisés. Une véritable police de la pensée marqua l’opinion au fer rouge avec des mots tels que conspirationniste, révisionniste, négationniste ou antisémite afin de disqualifier et rendre coupable l’expression de tout avis divergent. La liberté d’expression venait d’atteindre la limite du droit d’être informé comme l’a brillamment exprimé Viktor Dedaj du journal Le Grand Soir dans un entretien à Maghreb Magazine [10].

Nombre de journalistes peu scrupuleux ont participé à cette chasse aux sorcières, en ne s'embarrassant d'aucun travail de vérification élémentaire. Un exemple parfaitement criant de manipulation médiatique acheva de décider les indécis dans l’émission Jeudi Investigationsur Canal Plus en avril 2008. Lors de cette émission fut diffusée une enquête du journaliste Stéphane Malterre qui s’évertua à convaincre du caractère manipulateur et de la nature antisémite du Mouvement pour la Vérité sur le 11 Septembre [11]. Mais comme la grande majorité de ses collègues, le journaliste évita soigneusement de parler des familles de victimes, des rescapés ou des témoins qui contestent la version officielle et réclament l'ouverture d’une nouvelle enquête. Pire, son reportage est lui-même un magnifique exemple de manipulation décrypté par ReOpen911 dans le web-documentaire Jeudi Noir de l’Information [12].

Bien que d'une malhonnêteté flagrante, cette enquête sera qualifiée « d’utilité publique » par le journaliste Vincent Hugueux de L’Express et servira de référence à certains journalistes afin de renforcer l'idée que ce mouvement de contestation est issu de la « pire droite américaine antisémite » pour reprendre les propos tenus par Frédéric Bonnaud sur Europe 1 [13] ! Ces journalistes n’ont malheureusement pas le bon sens de leur confrère Jean-Jacques Jespers, ancien présentateur de la RTBF et actuel directeur du département des sciences de l’information et de la communication à l’Université libre de Bruxelles. Interviewé par Olivier Taymans pour son documentaire Epouvantails, autruches et perroquets, il résuma très bien les véritables intentions du reportage de Stéphane Malterre : « Il est facile de discréditer une thèse en prenant ceux qui la défendent d’un point de vue tout à fait extrême. Il est facile de discréditer l’islam à partir des islamistes. Il est facile de discréditer l’altermondialisme à partir des casseurs qui cassent tout chaque fois qu’il y a un sommet du G20. Voilà, c’est un peu le même raisonnement qui était à l’œuvre, je crois, dans ce reportage » [14].

Dans un contexte de consensus obtenu grâce à la violence des accusations et en l’absence de toute critique rationnelle, rares furent les ouvertures médiatiques sur ce terrain. Au contraire, la brutalité médiatique n’a fait que s’amplifier comme en septembre 2009 lors de l’émission animée par Franz-Olivier Giesbert qui opposa Eric Raynaud à Mohamed Sifaoui, un autre proche de la bande de Charlie Hebdoplus célèbre pour ses reportages frauduleux que pour son talent d’investigateur [15]. Quelques jours plus tard, ce fut au tour de Mathieu Kassovitz de subir les foudres des médias après les propos qu’il avait tenus sur le plateau de Frédéric Taddéï, lui-même accusé d’avoir été complaisant en le laissant s’exprimer [16]. Durant le jugement du procès qu’il intenta en 2011 aux journalistes qu’il estimait l’avoir publiquement insulté, Mathieu Kassovitz déclara qu’il aurait été encore plus difficile pour lui de se défendre s’il n’avait pas été juif. En effet, dans le cas contraire, qui sait s’il n’aurait pas été soupçonné à son tour d’antisémitisme… 

Lire la suite de cet article sur le site de l'association ReOpen911 : Le chantage du 11 Septembre, la gauche en ligne de mire

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