Depuis une semaine le mouvement des paysans secoue le pays. De la Belgique à l’Espagne, en passant par la Pologne, l’Europe entière voit les agriculteurs de soulever pour une exigence commune : le droit de vivre dignement.
Pour le droit à vivre dignement de son travail
Comme dans de nombreux secteurs professionnels, les travailleuses et travailleurs de la terre subissent l’inflation galopante. Alors que cette semaine 300 euros mensuels viennent d’être alloués aux députés, et 700 euros aux sénateurs pour faire face à l’inflation beaucoup d’agriculteurs voient leurs revenus réduits à peau de chagrin pour un labeur toujours plus important.
Si le salariat existe dans ce secteur, nombreuses et nombreux sont indépendants ; leurs revenus sont soumis aux aléas climatiques, aux cours du marché qui fait des fortunes sur les matières premières, aux traités de libres échange signés par les grands patrons comme l’actuel président de la FNSEA, aux supermarchés qui définissent les prix – parfois en dessous du prix de revient de la production, au contexte géopolitique, aux exigences réglementaires qui ne prennent pas en compte la diversité des métiers et des situations. C’est pourquoi , il faut sortir des accords de libre échange qui mettent en péril l’agriculture paysanne et assurer un revenu permettant aux payasan-nes de vivre dignement de leur travail, tout en répondant aux enjeux écologiques. Les paysan- nes et les travailleu-s-es a-gricoles subissent le manque de reconnaissance institutionnelle et sociale, et souvent, doivent supporter l’isolement lié à la concentration des exploitations agricoles, à la désertification des campagnes et à la caractéristique de ce métier du vivant qui ne permet pas de partir en vacances sans se faire remplacer..
Comme pour l’ensemble du monde du travail, les paysannes et les paysans, quel que soit leur statut, doivent pouvoir bénéficier d’un revenu digne, de congés payés, du respect et de la sécurité. Ils sont en première ligne face aux aléas géopolitiques et climatiques qui risquent de se multiplier avec la catastrophe écologique et le retour des régimes autoritaires en Europe. La revendication de la FNSEA, de s’attaquer aux normes environnementales, par exemple en en facilitant la création de méga bassines serait une fuite en avant destructrice, pour la santé publique, l’environnement et le revenu des paysan⋅nes.. L’agriculture ne peut et ne doit pas être un business comme les autres soumis aux pressions de la financiarisation. Pour en finir avec l’agrobusiness, il faut :
Relocaliser les productions agricoles sur le modèle d’une agriculture paysanne,
Instaurer de prix minimum d’entrée sur le territoire national,
Réguler les marchés (dont interdiction d’achat de produits agricoles en dessous de leur prix de production),
Lutter contre la spéculation et toutes les formes d’accaparement du foncier,
Partager équitablement les ressources nécessaires à l’agriculture (eau, terres,…),
Créer de nouveaux droits sociaux pour les agricultrices et agriculteurs (droit au repos,…);
Paysannes et paysans, travailleurs du vivant
Forcés de s’endetter pour augmenter la production, la taille des exploitations et la productivité, de nombreux paysans se retrouvent dans un cercle vicieux qui met en danger leur santé physique et mentale, en même temps qu’il détruit l’écosystème.
Sur le fil, nombre d’agriculteurs ne peuvent pas se reposer, ni laisser reposer la terre en jachère. Contraints au productivisme, beaucoup utilisent des produits phyto sanitaires dont ils sont les premières victimes : les cancers de la vessie sont sur représentés. Le productivisme tue la terre, le vivant et ceux qui y travaillent.
Face à un système néolibéral qui « marche sur la tête », pour que chacun d’entre nous puisse vivre dignement, en bonne santé, dans un environnement sain, il est nécessaire que le monde du travail se fédère autour de la cause paysanne. C’est une cause sociale écologique. Il est temps d’exiger la fin de ce modèle mortifère et la mise en place d’une agriculture durable, paysanne et agro écologique, qui collabore avec la nature, au bénéfice de tous.
En défendant les travailleurs de la terre, nous défendons l’ensemble du monde du travail face aux exploiteurs qui s’accaparent l’ensemble des richesses produites au détriment de tous. Nous soutenons aussi le droit de tous les habitants à la santé, à l’alimentation saine et accessible, au respect du vivant. Nous exigeons de décider ensemble, main dans la main avec les paysans de nos besoins agricoles et alimentaires, et de la meilleure façon de les produire.
Comme Pierre Perret le disait dans une comptine :« Á vous tous mes loulous qui vous caillez les meules sur vos gros tracteurs une comptine du matin pour vous réchauffer : Nos braves sénateurs Nos braves députés Tous seuls ils s'augmentent Leurs petites rentrées Moralité: Mieux vaut rire à l'assemblée que pleurer à l'usine ou dans un champ de blé! »
Les éco-syndicalistes se tiendront au côté des paysans travailleurs en lutte pour leur droit à une juste rémunération et à leur dignité.
Le Comité d’animation du Réseau Eco-Syndicaliste
Le 1er février 2024