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Billet de blog 3 février 2024

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Infolettre du Réseau Eco Syndicaliste -N°spécial mouvement paysan 2024

Infolettre du réseau éco syndicaliste, numéro spécial mouvement paysan. 6 communiqués syndicaux de soutien au mouvement paysan: édito du RES, collectifs et associations, conf paysanne, CGT, Solidaires, Sud rural Territoires

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Infos Réseau Ecosyndicaliste N°spécial mouvement paysan 2024 :

Cette lettre est la lettre d’information du Réseau Ecosyndicaliste. Nous souhaitons donner des informations utiles dans et hors des entreprises Pour qu‘elle vive, elle a besoin de correspondants sur le terrain. Le Réseau a été créé́ en décembre 2021 sur la base d’un appel lancé par plus d’une centaine de militants syndicaux de différents métiers et confédérations. À retrouver sur la page Facebook.

Pour tout renseignement ou signature de l’Appel : eco-syndicalistes@riseup.net
ou Réseau éco-syndicaliste, EDMP, 8 impasse Crozatier 75012 PARIS. 

1. EDITO DU RES : POUR LE RESPECT DE LA TERRE ET DES HOMMES, LE RESEAU ECO SYNDICALISTE SOUTIENT LE MOUVEMENT PAYSAN

Depuis une semaine le mouvement des paysans secoue le pays. De la Belgique à l’Espagne, en passant par la Pologne, l’Europe entière voit les agriculteurs de soulever pour une exigence commune : le droit de vivre dignement.

Pour le droit à vivre dignement de son travail

Comme dans de nombreux secteurs professionnels, les travailleuses et travailleurs de la terre subissent l’inflation galopante. Alors que cette semaine 300 euros mensuels viennent d’être alloués aux députés, et 700 euros aux sénateurs pour faire face à l’inflation beaucoup d’agriculteurs voient leurs revenus réduits à peau de chagrin pour un labeur toujours plus important.

Si le salariat existe dans ce secteur, nombreuses et nombreux sont indépendants ; leurs revenus sont soumis aux aléas climatiques, aux cours du marché qui fait des fortunes sur les matières premières, aux traités de libres échange signés par les grands patrons comme l’actuel président de la FNSEA, aux supermarchés qui définissent les prix – parfois en dessous du prix de revient de la production, au contexte géopolitique, aux exigences réglementaires qui ne prennent pas en compte la diversité des métiers et des situations. C’est pourquoi , il faut sortir des accords de libre échange qui mettent en péril l’agriculture paysanne et assurer un revenu permettant aux payasan-nes de vivre dignement de leur travail, tout en répondant aux enjeux écologiques. Les paysan- nes et les travailleu-s-es a-gricoles subissent le manque de reconnaissance institutionnelle et sociale, et souvent, doivent supporter l’isolement lié à la concentration des exploitations agricoles, à la désertification des campagnes et à la caractéristique de ce métier du vivant qui ne permet pas de partir en vacances sans se faire remplacer..

Comme pour l’ensemble du monde du travail, les paysannes et les paysans, quel que soit leur statut, doivent pouvoir bénéficier d’un revenu digne, de congés payés, du respect et de la sécurité. Ils sont en première ligne face aux aléas géopolitiques et climatiques qui risquent de se multiplier avec la catastrophe écologique et le retour des régimes autoritaires en Europe. La revendication de la FNSEA, de s’attaquer aux normes environnementales, par exemple en en facilitant la création de méga bassines serait une fuite en avant destructrice, pour la santé publique, l’environnement et le revenu des paysan⋅nes.. L’agriculture ne peut et ne doit pas être un business comme les autres soumis aux pressions de la financiarisation. Pour en finir avec l’agrobusiness, il faut :

  • Relocaliser les productions agricoles sur le modèle d’une agriculture paysanne,

  • Instaurer de prix minimum d’entrée sur le territoire national,

  • Réguler les marchés (dont interdiction d’achat de produits agricoles en dessous de leur prix de production),

  • Lutter contre la spéculation et toutes les formes d’accaparement du foncier,

  • Partager équitablement  les ressources nécessaires à l’agriculture (eau, terres,…), 

  • Créer de nouveaux droits sociaux pour les agricultrices et agriculteurs (droit au repos,…)

Paysannes et paysans, travailleurs du vivant

Forcés de s’endetter pour augmenter la production, la taille des exploitations et la productivité, de nombreux paysans se retrouvent dans un cercle vicieux qui met en danger leur santé physique et mentale, en même temps qu’il détruit l’écosystème.

Sur le fil, nombre d’agriculteurs ne peuvent pas se reposer, ni laisser reposer la terre en jachère. Contraints au productivisme, beaucoup utilisent des produits phyto sanitaires dont ils sont les premières victimes : les cancers de la vessie sont sur représentés. Le productivisme tue la terre, le vivant et ceux qui y travaillent.

Face à un système néolibéral qui « marche sur la tête », pour que chacun d’entre nous puisse vivre dignement, en bonne santé, dans un environnement sain, il est nécessaire que le monde du travail se fédère autour de la cause paysanne. C’est une cause sociale écologique. Il est temps d’exiger la fin de ce modèle mortifère et la mise en place d’une agriculture durable, paysanne et agro écologique, qui collabore avec la nature, au bénéfice de tous.

En défendant les travailleurs de la terre, nous défendons l’ensemble du monde du travail face aux exploiteurs qui s’accaparent l’ensemble des richesses produites au détriment de tous. Nous soutenons aussi le droit de tous les habitants à la santé, à l’alimentation saine et accessible, au respect du vivant. Nous exigeons de décider ensemble, main dans la main avec les paysans de nos besoins agricoles et alimentaires, et de la meilleure façon de les produire.

Comme Pierre Perret le disait dans une comptine :« Á vous tous mes loulous qui vous caillez les meules sur vos gros tracteurs une comptine du matin pour vous réchauffer : Nos braves sénateurs Nos braves députés Tous seuls ils s'augmentent Leurs petites rentrées Moralité: Mieux vaut rire à l'assemblée que pleurer à l'usine ou dans un champ de blé! »

Les éco-syndicalistes se tiendront au côté des paysans travailleurs en lutte pour leur droit à une juste rémunération et à leur dignité.

2. AGRICULTEURS ET ECOLOS, NOUS REFUSONS D ETRE CATALOGUES COMME ENNEMIS

Avec cette tribune nous nous adressons à tous les agriculteurs et agricultrices ayant manifesté leur colère ces derniers jours, mais aussi à toutes celles et ceux qui hésiteraient encore à les rejoindre. Nous, organisations écologistes, paysan-nes et militant-e-s pour un autre modèle agricole depuis des décennies partageons cette colère, et refusons le discours dominant qui voudrait faire de nous vos ennemis. 

 Nous sommes en colère parce que nous savons que la destruction des conditions de vie des paysan-ne-s comme la destruction des écosystèmes profitent aux mêmes personnes, et que ce ne sont ni vous ni nous.

Depuis les tout débuts des mouvements écologistes, nous nous sommes toujours mobilisés avec détermination sur la question du modèle agricole et des conditions de travail et de vie des agriculteurs. Parce que nous savons l’importance considérable de l’agriculture sur l’environnement : ainsi la qualité de la terre, de l’air, de l’eau, de ce que nous mangeons, et bien sûr le climat, dépendent de ce que nous cultivons et élevons et de la manière dont nous le faisons.

 Nous avons lutté contre les traités de libre-échange, pour la souveraineté alimentaire et pour que chaque pays – et chaque paysan-ne – puisse vivre de son agriculture et la faire vivre plutôt que de la soumettre à la concurrence internationale. Nous avons manifesté main dans la main avec les agriculteurs contre la grande braderie du monde paysan à la finance, contre le Tafta, le Ceta, le Mercosur, maintenant les traités de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande, le Chili et le Kenya soutenus par le gouvernement Macron (2).

Nous avons en tant que consommateurs et militant-e-s soutenu l’agriculture paysanne, créé et promu les Amaps, les circuits courts, l’agriculture bio, nous avons mis la main à la pâte jusqu’à mettre de l’épargne au service de nouvelles installation. Nous appelons depuis longtemps à ce qu’il y ait au moins un million de paysan-ne-s en France, et nous savons l’urgence qu’il y a à trouver des repreneurs, car dans moins de 10 ans maintenant la moitié des agriculteurs du pays partiront à la retraite.. Et même si c’est loin d’être assez, ce sont déjà des milliers de militant-e-s écologistes qui ont entrepris des reconversions en agriculture pour s’y mettre concrètement.

 C’est encore pour cela que nous sommes nombreuses et nombreux à défendre désormais le principe d’une sécurité sociale de l’alimentation, un système de solidarité entre consommateurs et producteurs qui permette à ces derniers de vivre décemment de leur travail et de reprendre la main sur notre alimentation.

 Dans le domaine de l’agriculture comme dans d’autres nous discernons bien aussi toute l’ambiguïté des normes. Certaines peuvent bel et bien protéger la santé des travailleurs, la fertilité des terres, les ressources en eau…Mais sous des prétextes vertueux, elles sont parfois aussi conçues pour impliquer des contraintes techniques, pratiques et une aseptisation du métier telles qu’elles vont dans le sens de la disparition des petites fermes au profit de ceux qui peuvent s’industrialiser et s’endetter plus encore. Il n’y a pas lieu de s’attaquer sans discriminations aux normes environnementales mais de les financer de manière à maintenir les revenus et d’en rendre l’application compatible avec la pratique paysanne. 

Alors nous sommes nombreux à avoir soutenu et proposé sans succès une autre PAC (1), qui aide réellement aux reconversions et pour ne pas vous abandonner face à des normes environnementales imposées sans aucune contrepartie derrière pour les appliquer concrètement et de manière juste. Même et surtout quand nous nous battons contre des projets agricoles, contre des méga bassines, ou des élevages industriels aux proportions absurdes : nous le faisons systématiquement avec des agriculteurs, et pour le monde paysan. Parce qu’il est injuste et hypocrite que quelques agriculteurs s’accaparent l’eau au détriment de ceux qui cherchent à produire autrement. Parce que les fermes-usines contre lesquelles nous nous battons détruisent de l’emploi paysan et mettent une pression déloyale sur les petits éleveurs qui sont contraints de s’aligner ou de mettre la clef sous la porte. Et tout ça au bénéfice de grands groupes qui les poussent à des élevages toujours plus grands pour leur racheter leurs produits à des prix dérisoires – c’est par exemple la stratégie du groupe Duc révélée par une enquête de Médiapart (3). Stopper ces projets, c’est défendre un modèle agricole qui protège le vivant mais surtout qui permet au reste du monde paysan de vivre dignement d’un travail de qualité.

 Car, qui est à l’origine de la chute du nombre de paysan-ne-s à moins de 500 000 (4) en France ? A l’origine des suicides d’agriculteurs chaque jour, des montagnes de dettes ? A l’origine des obligations de rendements toujours plus importantes, de la concentration toujours plus forte des terres dans les mains de quelques uns, des prix toujours plus bas de ce que vous produisez ? Les prix agricoles ont baissé de 10% en moyenne rien que l’année écoulée (5), tandis que l’inflation bondissait et les bénéfices des grands groupes agro-industriels et de la grande distribution également.

Cet échec et ce drame, ce sont ceux d’un modèle productiviste, poussé par la grande distribution et des gouvernements successifs depuis des décennies, contre lesquels nous alertons depuis tout ce temps. Le modèle agricole que nous défendons se bat précisément contre les causes de ces drames. Mais aussi contre l’autoritarisme qui s’offre comme une solution alors qu’en excluant plus qu’en rassemblant jamais l’extrême droite n’a été du côté des travailleurs.

 Depuis toujours, nous sommes les alliés des paysans. Et contrairement à ce que racontent la propagande du gouvernement ou les discours autoritaires qui attisent la haine entre nous pour mieux s’engraisser sur nos vies : nous continuerons à être vos alliés, parce que c’est une question de survie.

Alors c’est en tant qu’alliés que nous appelons à vous rejoindre sur le pavé et dans vos actions les jours qui viennent pour porter ce message, et pour défendre le monde paysan.

Nous serons là avec différents points fixes pour discuter avec tous les agriculteurs qui le veulent, et ensemble rappeler que les véritables responsables de la crise que vit la profession ne sont ni les consommateurs ni les écolos – mais bien la lâcheté des gouvernements successifs, la grande distribution et l’agro-business qui s’engraissent pendant que tant d’entre vous se tuent à la tâche.

Nous refusons de laisser des industriels possédant des milliers d’hectares, le gouvernement ou encore les éditorialistes de Cnews bien au chaud dans leurs bureaux parisiens nous traiter comme la cause de la crise que subit le monde paysan depuis si longtemps.

 Nous préférons construire ensemble un modèle qui profite aux agriculteurs, aux consommateurs et à la vie, comme il aurait toujours dû l’être. Et nous serons ensemble dans la rue pour en discuter et manifester, car oui, il est bien possible d’être militant à la fois pour l’environnement et pour l’agriculture de demain.

1. https://pouruneautrepac.eu/

2. https://reporterre.net/L-Europe-choisit-le-libre-echange-avec-la-Nouvelle-Zelande-au-detriment-du-climat

3. https://www.mediapart.fr/journal/economie/101022/autour-de-chailley-dans-l-yonne-les-megapoulaillers-continuent-de-pousser

4.https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/disaron/Pri2213/detail/

5. https://www.insee.fr/fr/statistiques/7709124

Premier-e-s signataires


Helene Binet, porte-parole de Make Sense, Alix Brun, pour les Youth for Climate, Lou Chesné, co-porte parole de Attac France, Enora Chopard, porte-parole de La Déroute des routes, Simon Duteil et Murielle Guilbert, co-porte–paroles de l’Union Syndicale Solidaires, Khaled Gaiji, président des Amis de la Terre

Antoine Gatet, président de France Nature Environnement, Chloé Gerbier, co-coordinatrice de Terres de Luttes

Thibaut Godin, porte-parole de ANV-COP21, Sixtine Guellec, co-présidente de Climates

Hanzo, pour Extinction Rebellion, Christine Lemarteleur, co-présidente de l’Offensive, Axel Lopez, pour la coalition Résistance aux Fermes-Usines, Dominique Masset, co-président de Secrets Toxiques

Gilbert Mitterrand, président de la Fondation Danielle Mitterrand, Laura Morosini, directrice Europe du Mouvement Laudato Si, Lotta Nouki, porte parole des Soulèvements de la terre :Sandy Olivar Calvo, Chargée de campagne Agriculture et Alimentation chez Greenpeace France, Tarier Pâtre, porte parole des Naturalistes des Terres, Pierre-Michel Périnaud, Médecin, Président d’Alerte des médecins sur les pesticides

Priscille de Poncins, Secrétaire de Chrétiens unis pour la terre, Alice pour le collectif Riposte Alimentaire

Jérémie Suissa, délégué général de Notre Affaire à Tous, Emma Tosini, porte-parole de Alternatiba

Kim Vo Dinh, Co-président de Combat Monsanto, Mouvement Utopia

Collectifs locaux et autre organisations : 

Aeri, Action Environnement Boulogne Billancourt, Alerte Pesticides Haute Gironde, Alternatiba Marseille, Alternatiba Paris, Amap Paz Solidaire, Amis de la terre Midi-Pyrénées, ANV COP21 Vienne 38

Association Culture & Climat Montpellier, Association Bretagne Vivante, Bascule argoat – coordination du tiers lieu, Bio Consom’Acteurs, Biocal du Lomont, Collectif La Voie est Libre (contre l’A69), Collectif Non à la ligne 18, Collectif Non A133-A134,Collectif Citoyens Lotois Vigilance Méthanisation, Collectif Puylaurens sans bitume, Collectif Stoppons l’extension d’Avel Vor, Collectif Non à la Zac du Rivel – Baziège

Confédération Paysanne du Morbihan, Coopération des luttes locales centre, Coordination Stoppons l’extension de la porcherie Avel Vor, Collectif St Germain sans bitume, Eau Secours 31-, Elzeard Lure en résistance, Environnement 93, Ferme des Olé-ânes, France Nature Environnement Paris, France Nature Environnement Val de Marne, FNE Île-de-France, GNSA Les Lilas, Groupe local de Greenpeace Brest, Groupe local de Greenpeace Toulouse, GYBN France, Non au Pont d’Achères (A104Bis), NOUS SOMMES VIVANTS, collectif de transition écologique, Irène Nenner, président d’environnement 92, Karim Lahiani, pour le projet Une autre voie face à l’A69, Rigoulet Sans Bitume , Romo citoyenne, St Germain Sans Bitume, St Quentin en Yvelines en Transition, ,Tiers lieu paysan de la Martiniere, PEPS (Pour une écologie populaire et sociale), UPNET (Union Pour la Nature et l’Environnement du Tarn), Vigilance OGM 21Vivre et agir en MaurienneYonne Nature Environnement, Youth For Climate Saint-BrieucZAD de la Crèm’arbre

Des syndicats prennent position pour soutenir l’action des agricultrices et agriculteurs, et aussi exprimer leurs positions.

3. LA CONFEDERATION PAYSANNE APPELLE A SE MOBILISER POUR DES PAYSANNES ET DES PAYSANS MIEUX REMUNERES

Le Comité National de la Confédération paysanne réuni aujourd’hui affirme sa pleine solidarité avec les mouvements d’agricultrices et d’agriculteurs en France. Le constat est partagé : la colère exprimée est légitime, tant le problème de la rémunération du travail paysan est profond. Il y a 25 ans, la Confédération paysanne dénonçait déjà les conséquences du libéralisme, du Larzac à Seattle. Par contre, sur les solutions proposées, l’agriculture française tourne en rond depuis des décennies derrière la sacro-sainte « compétitivité » chère à l’agrobusiness et aux marchés mondialisés. Résultat : un plan de licenciement massif dramatique qui tue nos campagnes.

La Confédération paysanne nationale a aujourd’hui pris la décision d’appeler l’ensemble des structures départementales à exprimer leur solidarité au mouvement, à se mobiliser et à porter des solutions durables de sortie de crise et de système. Nos mobilisations prendront diverses formes, en fonction du contexte local. Le mot d’ordre commun de la Confédération paysanne est clair : « Un revenu digne pour tous les paysans et paysannes » et « Rompre avec le libre-échange ». ,Alors que plusieurs Confédération paysanne départementales étaient déjà mobilisées sur le terrain, la décision de notre Comité National va amplifier cette mobilisation. Plusieurs dizaines de départements ont ainsi déjà prévu de se mobiliser pour obtenir des solutions concrètes pour tous les paysans et paysannes. Demain, les Confédération paysanne du Rhône, de Loire-Atlantique et du Var manifesteront, vendredi dans les Pyrénées orientales, ce week-end en Bretagne et dans le Calvados…

Nous souhaitons collectivement apporter de véritables solutions de fond au malaise agricole. Nous demandons donc d’urgence une loi interdisant tout prix agricole en-dessous de nos prix de revient et la fin immédiate des négociations d’accord de libre-échange.

Les gouvernements successifs et la FNSEA* ont mené conjointement l’agriculture dans l’impasse actuelle d’un système économique ultralibéral, inéquitable et destructeur. Nous alerterons nos collègues sur le mirage de la « suppression des normes » et celui du « complément de revenu » par la production d’énergies.

Certes, une simplification administrative est nécessaire car beaucoup de procédures administratives et de normes sanitaires sont inadaptées à la réalité de nos fermes. Mais ne nous trompons pas de cible. La demande de la majorité des agriculteurs et agricultrices qui manifestent est bien celle de vivre dignement de leur métier, pas de nier les enjeux de santé et de climat ou de rogner encore davantage sur nos maigres droits sociaux.

Ce n’est pas, comme le font les dirigeants de la FNSEA*, en demandant à pouvoir détruire des haies, en instrumentalisant le sujet des jachères, en éludant la question du partage équitable des terres et de l’eau, en négociant des avantages pour la production d’agrocarburants, que nous résoudrons en profondeur les problématiques de notre métier de paysan, producteur d’alimentation pour nos concitoyen·nes.

Nous lutterons sur le terrain contre toute forme de récupération de nos colères pour attiser le chaos, encourager le repli sur soi et in fine poursuivre la fuite en avant d’un système qui nous met en concurrence les uns contre les autres. Nous appelons également à des mobilisations pacifiques respectueuses des personnes, des biens publics et exemptes de racisme, sexisme ou toute autre forme de discrimination.

Ce dont nous avons besoin, c’est de s’attaquer aux racines du problème en offrant plus de protection sociale et économique aux agricultrices et agriculteurs.

Instauration de prix garantis pour nos produits agricoles, mise en place de prix minimum d’entrée sur le territoire national, accompagnement économique à la transition agroécologique à la hauteur des enjeux, priorité à l’installation face à l’agrandissement, arrêt de l’artificialisation des terres agricoles : rassemblons-nous sur des solutions d’avenir pour transformer positivement cette colère et sortir du marasme dans lequel est plongé le monde agricole depuis trop longtemps.

4. LA CGT APPELLE SES MILITANT.ES A ALLER RENCONTRER LES TRAVAILLEUSES, TRAVAILLEURS AGRICOLES, AGRICULTRICES ET AGRICULTEURS 

Depuis plusieurs jours, les agriculteurs se mobilisent pour dénoncer leur faible rémunération. Les inégalités sont énormes dans l’agriculture avec 80% des aides captées par 20% des agriculteurs. La dérégulation du marché au niveau européen, avec la fin des quotas laitiers et sucriers, a favorisé la spéculation sur les matières premières et l’agrobusiness. Le libre-échange organise le dumping social, pousse au gigantisme et fait exploser les émissions de gaz à effet de serre liées à l’agriculture.

Comme les travailleuses et les travailleurs, notamment agricoles, de plus en plus de paysans ne vivent plus de leur travail. Dans le même temps, les prix de l’alimentation explosent et de plus en plus de salariés sont en difficulté pour manger correctement. Pourquoi ? Parce que les richesses sont captées par les multinationales de l’agroalimentaire et par la grande distribution dont les marges atteignent des records. Les salariés de l’agriculture comme de l’industrie agroalimentaire, du commerce, du transport et de la logistique, ne voient pas la couleur de ces profits.
Au contraire, la course au gigantisme, le développement de fermes usines, de mega abattoirs, suppriment des emplois et dégradent encore les conditions de travail d’une main d’œuvre ultra précarisée. Premiers confrontés aux conséquences du dérèglement climatique, les paysans sont aussi les premiers perdants du manque d’accompagnement pour la transition environnementale de l’agriculture.

Pour épargner le capital, patronat et gouvernement répondent, à chaque crise, par la remise en cause des normes environnementales et par des subventions ponctuelles aussitôt captées par les plus grosses exploitations. Pour exonérer les puissants, l’Extrême droite organise les mises en opposition sexistes, racistes et homophobes.
Au contraire, c’est l’ensemble du modèle agricole qu’il faut repenser pour bien produire, bien manger et bien vivre de son travail. Ce sont les salaires qu’il faut augmenter pour permettre aux travailleuses et aux travailleurs de s’acheter une nourriture de qualité, produite localement.

À rebours de la course au gigantisme, le défi environnemental exige de revoir en profondeur le modèle agricole pour produire localement dans le respect de l’environnement et garantir aux paysans la juste rémunération de leur travail.

La CGT appelle ses militantes et militants, partout où c’est possible, à créer les conditions permettant de faire converger les revendications des salarié·es, des travailleuses et des travailleurs agricoles et des agricultrices et des agriculteurs. Nos échanges doivent permettre d’élargir la mobilisation et de créer des convergences sur les moyens de bien vivre de son travail, de bien manger, tout en protégeant notre santé et celle de la planète. D’ores et déjà, la CGT a pris contact avec la Confédération paysanne et le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef).

Montreuil, le 25 janvier 2024

5. SOUTIEN A L AGRICULTURE PAYSANNE

Les actions et blocages en cours sur une partie du territoire révèlent le malaise profond qui traverse le monde agricole. Il est principalement lié aux difficultés qu’ont les agricultrices et agriculteurs à vivre décemment de leur travail. Comment cela est-il possible alors que les prix en magasin des produits alimentaires ont augmenté fortement ces dernières années, prenant toujours plus de part de nos salaires, surtout pour les bas revenus ?

Cette situation est la conséquence directe  du  modèle de développement ultra-libéral mené par la France et l’Union Européenne centré sur l’industrie agro-alimentaire et la grande distribution qui dégagent de grosses marges et accentuent  l’inflation. Et ce sont les agricultrices et agriculteurs,captifs et captives de ce système concurrentiel, qui doivent produire toujours plus pour survivre en remboursant les emprunts de financement (matériel, terres…) dans un cercle infernal qui mène de trop nombreuses fois au suicide. Cela renforce la pression sur l’utilisation de produits chimiques. Tout cela accélère également la diminution du nombre d’exploitations agricoles et l’accaparement des terres, notamment par de grands groupes et multinationales tels que LVMH.La production agricole est dès lors  vue comme un “business comme un autre ». Dans ce modèle inégalitaire, des gros patrons et des actionnaires se gavent, en particulier de subventions, pendant que des petits triment et meurent . En France, les gouvernements se suivent et renforcent ce système qui marche sur la tête : la destruction et l’appauvrissement ici provoque la destruction de l’agriculture dans les pays les plus pauvres accélérant exodes ruraux et migrations par le jeu des exportations dans le monde entier de produits à bas coûts, car subventionnés.

La mobilisation actuelle, qui existe également en Europe (Pologne, Allemagne, Pays-Bas…) et qui va peut-être s’étendre, révèle l’impasse de ce mode de production capitaliste. Si le gouvernement a peur et laisse totalement faire les blocages et dégradations, là où les militant.es des mouvement sociaux et écologistes sont habituellement violemment réprimés, c’est pour la place particulière des paysan.nes dans notre société, par le poids des lobbys patronaux comme la FNSEA et la construction de clientèles électorales. Les réponses populistes qui risquent d’être apportées contre “les normes environnementales” par exemple, du gouvernement à l’extrême-droite, ne feraient qu’accentuer la fuite en avant.

Au contraire, il faut prendre des mesures pour que les paysan.nes puissent vivre correctement :  aucun produit agricole ne doit pouvoir être acheté en dessous de son prix de production. La façon dont est élaborée la nourriture, l’impact sur les populations et sur l’environnement doit être pris en compte. Il est même possible de créer de nouveaux droits.. Notre Union questionnera la sécurité sociale de l’accès à l’alimentation pour la population lors de son prochain congrès.

Pour l’Union syndicale Solidaires il faut sortir des traités internationaux de libre échange qui détruisent l’agriculture paysanne. C’est l’enjeu de la relocalisation en France des productions agricoles avec le maintien d’une agriculture paysanne plus sobre en transport et intrants. Nous pouvons changer de modèle et aller vers la création de centaines de milliers d’emplois dans le monde paysan, tout en répondant aux enjeux environnementaux majeurs.

Avec l’Alliance Écologique et Sociale, Solidaires porte notamment l’idée de construire une véritable démocratie agricole et alimentaire transparente, de gagner le même droit pour tou-te-s à une alimentation saine et de qualité tout en renforçant la souveraineté alimentaire. Dans cette mobilisation, nous sommes aux côtés de la Confédération paysanne. Ces questions nous concernent toutes et tous : la production de nourriture et de produits alimentaires est essentielle à nos vies !

6. COMMUNIQUE DE SUD RURAL TERRITOIRES 

Réuni le jeudi 25 janvier 2024 à Paris, le Bureau National de SUD Rural Territoires (représentant les agent·e·s du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire et de celui de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires) entend manifester son soutien aux paysan·ne·s et salarié·e·s du monde agricole.

Depuis plusieurs décennies, l’agriculture française est mise en concurrence sur un marché agricole mondialisé. Des firmes multinationales, notamment dans les secteurs de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution, tirent des profits énormes du travail de millions de paysan·ne·s et de salarié·e·s dans le monde. Cette situation est désormais aggravée par le changement climatique, lequel s’est accéléré du fait de politiques néolibérales, plus soucieuses de profits immédiats que de questions environnementales. Les conséquences, nous le savons, sont catastrophiques. Disparition de fermes, diminution du nombre de paysan·ne·s à un rythme effréné, revenus du travail et pensions de misère pour beaucoup, augmentation des charges, maladies professionnelles, épuisement et découragement, suicides. Nous connaissons les coupables : des multinationales avides qui recherchent les profits maximum sur le dos de celles et ceux qui travaillent la terre ; des gouvernements complices qui promeuvent des politiques de destruction massive du monde agricole en toute connaissance de cause, pour servir les intérêts des premières ; des pseudo-syndicalistes agricoles, « représentant » la profession (mais surtout leurs intérêts personnels), à l’image de certains dirigeants de gros syndicats qui peuvent être à la tête de plusieurs entreprises multinationales de l'agro-alimentaire.

Paysan·ne·s, salarié·e·s agricoles, votre combat est le nôtre, vos ennemi·e·s sont les nôtres. Nous appelons donc nos militant·e·s, là où c’est possible, à se rapprocher de vous, pour une convergence des luttes et des revendications.

Un autre monde est possible. Vigilance et Résistance !

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