Le Mardi 28 novembre s’est tenue une assemblée des étudiant.e.s s’opposant à la loi Vidal (documentations filmiques et débats), assemblée à laquelle ont participé également des enseignant.e.s-chercheurs.
L’assemblée a décidé d’occuper l’amphi A1 afin d’impliquer et de sensibiliser les étudiant.e.s de Lille 3, les personnel.le.s Biatos et les enseignant.e.s à la réorganisation néolibérale de l’université proposée par le gouvernement.
Malgré les propos du vice-président de l’Université se déclarant opposé à toute intervention de la police, à 22h15, les forces de l’ordre sont intervenues et ont expulsé les étudiant.e.s qui volontairement n’ont opposé aucune résistance.
Cela s’était déjà produit la semaine précédente à l’Université de Lille 2, alors que dans d’autres Universités françaises (Nantes et Lyon) des occupations contre la loi Vidal, impliquant aussi l’accueil de migrant.e.s mineur.e.s sont maintenues.
Nous, enseignant.e.s-chercheurs et doctorant.e.s, soutenons l’engagement des étudiant.e.s de l’AG qui se mobilisent contre l’indifférence générale face à la politique de contrôle et de tri des populations, politique dont font partie aussi bien la sélection hypocrite des étudiant.e.s par la loi Vidal que la discrimination des migrant.e.s (voir la situation inhumaine des exilés à Calais aujourd’hui).
La Présidence motive sa décision de faire appel aux forces de l’ordre par son souci « de garantir la sécurité des lieux et surtout des personnes ». Elle écrit, dans un message adressé à tout le personnel, que cette « intrusion aurait par ailleurs mobilisé au-delà de ce qui est soutenable pour nos équipes de sécurité », et constate "l’impossibilité d’établir un dialogue ».
Nous ne comprenons pas ce langage, les étudiant.e.s n’étant pas des intrus, mais des acteurs de la vie universitaire capables de veiller à la sécurité du lieu qui est le leur aussi, et prêt.e.s à un dialogue constructif avec des enseignant.e.s-chercheurs dont la première vocation doit rester celle d’une pédagogie, en sciences humaines, nécessairement critique du sens commun dominant.
L’intervention de la police, à Lille 2 et à Lille 3, est un fait très grave symptomatique de ce qu’est la fausse autonomie de l’Université, en réalité dépendante non seulement de l’esprit entrepreneurial et de l’idéologie de la compétitivité, mais aussi des décisions préfectorales.
Nous sommes solidaires de l’engagement généreux des étudiant.e.s expulsé.e.s, lesquel.le.s sont tout sauf des provocateurs à criminaliser. Comme elles et eux, nous aussi nous œuvrons pour construire une réelle autonomie de l’université, critique et créatrice, ouverte à toutes celles et tous ceux qui, sans distinction de parcours et de provenance sociale, désirent y étudier.
Premièr.e.s signataires :
- Saverio Ansaldi, Maître de Conférences HDR en Philosophie, Université de Reims
- Carlo Arcuri, Maître de Conférences en Littérature comparée, UFR de Lettres modernes, Université de Picardie Jules Verne
- Michel Barthélémy, sociologue, Cnrs
- Christophe Baticle, Socio-anthropologue, Université Jules Verne, Amiens
- Pierre Bonnevalle, Doctorant en science politique à l'Université Lille 2
- Fanny Bugeja-Bloch, Maitresse de conférences à l'université Paris Nanterre, Cresppa-GTM
- Brigitte Boulier, retraitée de l'Éducation Nationale
- Marie-Christine Callet, retraitée
- Michele Carini, contractuel d'enseignement, Université Lille 3
- Marie Chebli, doctorante et chargée de cours, Université Lille 3
- Christophe Clavert, citoyen, Paris
- Flora Collombet, opératrice cinéma, Lille
- Jean-Baptiste Comby, Maître de conférences, sociologue, Université Paris 2
- Andrea D'Urso, doctorant et lecteur, Université Lille 3
- Émilie Deleuze, cinéaste
- Fanny Deleuze
- Claire Flecher, docteure en sociologie
- Cathy Fourez, Maître de Conférences, Université Lille 3
- Nadia Garnoussi, MCF en sociologie, Lille 3
- Lou-Anne Garsmeur, enseignante, Lille
- Jean-Luc Gautero, Maître de conférences, Université de Nice Sophia Antipolis
- Anne Gorouben, artiste peintre, Paris
- Caroline Guibet Lafaye, CNRS – Centre Émile Durkheim, Département Sciences Humaines et Sociales
- Michèle Guillemont, Professeur, Université Lille 3
- Samuel Hayat, chercheur CNRS et enseignant à l'Université de Lille (CERAPS)
- Geoffroy de Lasganerie, philosophe et sociologue
- Martine Legris, ingénieur de recherche
- Denis Leroux, doctorant, Université Paris 1
- Yves Macchi, enseignant, Université Lille 3
- Jean-Paul Manganaro, Professeur émérite, Lille
- Jacques-Henri Michot, ex-enseignant à l'Université de Lille III, écrivain
- Christophe Mileschi, Professeur des universités, études italiennes, Université Paris Nanterre
- Marie Morisset, doctorante et ATER, Lille 3
- Séverin Muller, enseignant-chercheur, Université de Lille
- Julien O'Miel, Maître de conférence en science politique, CERAPS (Université de Lille / UMR CNRS 8026), CHERPA (IEP d'Aix-en-Provence / EA 4261)
- Antonio Negri, philosophe
- Alain Parrau, chargé de cours de littérature française à l'Université Paris 7
- Giorgio Passerone, Professeur Civilisation et Littérature italiennes, Lille 3
- Josep Rafanell i Orra, psychologue, Paris
- Antoine Rodriguez, Maître de Conférences , Faculté LLCE/ Espagnol, Université Lille 3
- Sarah Sajn, doctorante, CHERPA, Sciences-po Aix
- Luca Salza, Maître de Conférences, Université Lille 3
- Oreste Scalzone, écrivain
- René Schérer, Professeur émérite en philosophie à l'Université de Paris 8-Vincennes à Saint Denis
- Francesca Irene Sensini, Maître de Conférences, Université de Nice Sophia Antipolis
- Alessandro Stella, Directeur de recherche au CNRS/EHESS Paris
- Julien Talpin, chargé de recherche en science politique au CNRS, CERAPS/Université Lille 2
- Françoise Toulze, Maître de Conférences retraitée, université de Lille 3
- Fanny Vincent, sociologue
- Claudia Zudini, Maître de Conférences, Université Rennes 2
Lire aussi : Nouvelle intervention policière à Lille 3 - jeudi 7 décembre 2017.