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Billet de blog 3 octobre 2025

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#Metoo syndical : un procès historique contre la parole de femmes syndicalistes

Nous, militantes syndicalistes et féministes, en appelons à votre solidarité et à votre soutien pour notre camarade Christine, qui passe en procès pour diffamation les 16 et 17 octobre 2025 à Paris. Un rassemblement aura lieu le 16 octobre à midi devant le tribunal.

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Appel à la solidarité syndicaliste et féministe

Nous, militantes syndicalistes et féministes, en appelons à votre solidarité et à votre soutien pour notre camarade Christine, qui passe en procès pour diffamation les 16 et 17 octobre à Paris.

En décembre 2016, une syndicaliste CGT Ville de Paris du secteur de la Petite enfance dénonçait une agression physique au sein de la Bourse du travail parisienne par un syndicaliste CGT du secteur du nettoiement.

Ses camarades ont soutenu la victime afin qu'elle puisse retourner militer au sein de la Bourse et pour que ce type de violences machistes, trop courantes, cessent au sein du syndicat.

Elles et ils ont interpellé toutes les instances possibles : l'Union Départementale, la Fédération des Services Publics, la Confédération mais aussi la ville de Paris en tant qu'employeur.

La cellule de veille de la confédération CGT va mener une enquête sur les faits, la première en matière de VSS, qui conclura quelques mois plus tard à la nécessité d'une sanction contre le syndicaliste. Mais celui-ci n'est pas inquiété dans son syndicat.

Pour en savoir plus : https://www.mediapart.fr/journal/france/270618/violences-et-agissements-sexistes-l-affaire-que-la-cgt-etouffee

Les camarades en lutte vont alors créer un collectif femmes/mixité pour élargir la mobilisation : organisation de formations en interne dans la lutte contre les VSS, interventions à différents congrès de la CGT, montée en compétences dans ce combat au bénéfice des agent.es de la ville victimes dans le cadre de leur travail, etc.

C'est la lecture du bilan des 3 années de ce collectif par l'une des membres, Christine, lors du congrès de l'UD CGT Paris début 2020, qui est à l'origine de ce procès en diffamation cinq ans après.

La Confédération CGT est elle aussi poursuivie en la personne de Philippe Martinez, alors secrétaire général, pour le travail d’enquête mené par la cellule de veille confédérale contre les violences sexuelles.

Ce procès en diffamation est une première dans l'histoire de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles au sein d'un syndicat.

Ce procès en diffamation est une démarche patriarcale de musellement de la parole des femmes et de leurs soutiens dans nos structures syndicales. Cette procédure-bâillon vise à punir celles qui ont parlé et exercer une pression telle, que le découragement l'emporte.

Christine ne doit pas être condamnée pour diffamation. Si elle l'était, la possibilité même de dénoncer et de combattre les violences sexuelles, dans les organisations syndicales et partout ailleurs, serait remise en cause.

Si la CGT (au travers de P. Martinez) était condamnée pour le travail de la cellule de veille, ce serait un très mauvais message pour toutes les OS qui tentent de faire sanctionner les militants machistes. L'ensemble des organisations syndicales est en effet confronté aujourd’hui à leur responsabilité pour prévenir, protéger les victimes et sanctionner les violences sexuelles perpétrées en interne (Voir les articles sur CFDT, FO, Solidaires, CFTC : https://www.mediapart.fr/journal/france/dossier/violences-sexuelles-les-syndicats-aussi)

Quel soutien des OS à Christine ?

Christine a été forcée de quitter la CGT, où elle militait depuis vingt ans, suite à cette affaire. Elle est aujourd’hui contrainte de se lancer dans des démarches juridiques coûteuses pour se défendre, alors qu'elle a été avec le collectif Femmes Mixité de l'US CGT Ville de Paris, une lanceuse d'alerte, pour obtenir de son organisation syndicale qu'elle assure la sécurité des syndiquées.

Les faits de violences sexistes commises contre les victimes directes remontent à 2016, soit plus de 8 ans. Chaque nouvelle attaque est une résurgence violente du traumatisme vécu, pour Christine comme pour toutes les victimes. S'attaquer à notre camarade, c'est s'attaquer à toutes les femmes de la CGT, comme de tous les syndicats, qui ont été, sont victimes ou soutiens de victimes de violences sexistes et sexuelles.

Comme nous l'exigeons auprès de nos employeurs, notre camarade devrait bénéficier d'une prise en charge globale et solidaire de tous les frais afférents à cette attaque en justice. La camarade ne doit pas, comme cela s'est déjà passé à FO récemment, payer les préjudices financiers et humains de violences qui n'auraient jamais dû exister. (cf article AVFT : https://www.avft.org/2024/04/30/lettre-ouverte-a-la-confederation-force-ouvriere/).

Le procès se tiendra au Tribunal correctionnel de Paris - Parvis du tribunal, 75017 Paris - les 16 et 17 octobre à 14h. Nous appelons à un rassemblement à 12h devant le tribunal le 16 octobre.

Pour assurer une présence solidaire, nous appelons les OS à consacrer des moyens syndicaux pour participer à ce procès historique et formateur pour nos luttes. Toutes les organisations syndicales, avec en tête la CGT dont elle était membre, doivent la soutenir.

Exprimons notre soutien syndicalo-féministe à notre camarade et notre détermination à combattre les violences sexistes et sexuelles dans nos organisations, en nous retrouvant sur place. Rejoignez- nous pour en savoir plus : resyfem@riseup.net 

Résyfem, un réseau de militantes de la Cgt, de la Fsu, de Solidaires, de Fo, du syndicat de la magistrature, du syndicat des avocats de France.

Paris, le 02 octobre 2025

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