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Billet de blog 5 novembre 2025

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Le Parlement européen en rébellion sur le budget : von der Leyen en position fragile

Le prochain budget de plusieurs milliers de milliards d’euros de l’Union européenne a déclenché une véritable rébellion au Parlement européen — et cette fois, la contestation vient de la propre famille politique d’Ursula von der Leyen. Alors que ses alliés de coalition et ses rivaux s’unissent dans la protestation, la présidente de la Commission traverse le moment le plus fragile de son mandat.

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Le prochain budget pluriannuel de l’Union européenne, chiffré à plusieurs milliers de milliards d’euros, a déclenché une véritable rébellion au Parlement européen — et cette fois, la fronde vient de la propre famille politique d’Ursula von der Leyen. Alors que ses alliés et rivaux de coalition s’unissent dans la contestation, la présidente de la Commission fait face au moment le plus précaire de son mandat.

Le Parlement européen est en révolte ouverte contre le projet de cadre financier pluriannuel (CFP) — le budget à long terme de l’UE pour la période 2028-2034, évalué à environ 2 000 milliards d’euros. Ce cadre définit les plafonds de dépenses de l’Union et la répartition des fonds entre politiques agricoles, de cohésion régionale, d’innovation ou de défense.

Après des mois de tensions, le conflit s’est transformé en une guerre civile au sein du centre-droit européen, menée par le Parti populaire européen (PPE) d’Ursula von der Leyen. Les eurodéputés de tous bords — y compris socialistes et libéraux — dénoncent leur mise à l’écart et menacent de rejeter la proposition actuelle, qu’ils jugent défavorable aux régions et aux agriculteurs.

Le président du PPE, Manfred Weber, a défendu la fronde que son groupe voulait s’assurer que le budget « réponde aux besoins des Européens » et qu’il fallait « donner le ton dès le départ pour que nos revendications clés soient entendues dans des discussions constructives avec la Commission ».

Weber a énuméré trois priorités non négociables : « un rôle fort pour nos régions, une politique agricole commune qui montre que nous avons entendu les agriculteurs, et des garanties sur le rôle et les pouvoirs du Parlement européen ». Son négociateur, Siegfried Mureșan, a averti que la proposition actuelle « affaiblit la politique de cohésion et l’agriculture, qui représentent des millions d’emplois ruraux et une question essentielle de sécurité alimentaire ».

Du côté de la Commission, on affirme être « à l’écoute » et vouloir dialoguer « de manière constructive », mais en interne, la colère gronde. Plusieurs fonctionnaires redoutent que la position inflexible du Parlement ne fasse dérailler les principaux plans d’investissement et n’oblige von der Leyen à chercher des appuis à l’extrême droite.

Le commissaire au budget, Piotr Serafin, doit rencontrer ce soir les principaux responsables du Parlement et de la Commission pour tenter de débloquer la situation avant qu’une résolution parlementaire ne soit soumise le 12 novembre, visant à rejeter plusieurs points clés du CFP.

La présidente du groupe socialiste, Iratxe García Pérez, a déclaré que son groupe est prêt à rejeter le projet tant qu’il n’abordera pas « la reconversion des travailleurs, la protection face aux chocs économiques et la baisse du coût du logement ».
Pendant ce temps, les partis d’extrême droite se plaignent d’avoir été exclus de la supervision des discussions, dénonçant une « atteinte à l’intégrité » du processus.

Alors que les négociations s’ouvrent, Ursula von der Leyen fait face à l’une des épreuves politiques les plus risquées de son mandat : une rébellion venue de ses propres rangs, qui pourrait décider à la fois de son héritage et de l’orientation du prochain budget européen.

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