VIOLER ET ASSASSINER UNE FEMME AU MAROC, UN DELIT MINEUR ?
Le viol et l’assassinat de Philippine (19 ans) commis par Taha O. (22 ans), ressortissant marocain déjà condamné à 7 années de prison pour viol, sont à l’évidence des crimes monstrueux. Pour autant, la relation établie par les pouvoirs publics et démesurément relayée par les médias entre ces faits et son statut de sans-papiers sous obligation de quitter le territoire (OQTF) est inadmissible.
Taha O. est un criminel. La véritable question -si elle a une réponse—aurait dû être de savoir comment l’empêcher de récidiver. Ramener le problème, comme le font tant d’articles et tant de politiques, au fait qu’il n’ait pas été expulsé est un non-sens.
S’il avait été renvoyé au Maroc et y avait violé et assassiné une femme, les faits auraient-ils été plus acceptables ? De même, aurait-il été moins grave que Philippine ait été violée et assassinée par un « français de souche » ?
Ce fait divers tragique a permis à l’extrême-droite –largement relayée par la droite voire une partie de la gauche—de déclencher une campagne démagogique sur l’insuffisante exécution des OQTF. Les préfets en délivrent environ 100 000 chaque année et « seulement » 20% d’entre elles auraient abouti à une expulsion ces dix dernières années.
C’est poser le problème à l’envers ! La véritable question est que, comme Sarkozy l’avait revendiqué publiquement en 2008, les préfets ont des objectifs --des « quotas » ! -- à atteindre, en particulier sur le nombre d’OQTF à délivrer au prétexte de « lutter contre la vague migratoire ». Le véritable problème n’est pas le pourcentage « trop réduit » d’expulsions mais bien le nombre trop élevé d’OQTF délivrées. L’avocat Stéphane Maugendre assure ainsi qu’il parvient à faire annuler par la justice 99% des OQTF qu’il conteste et cela alors que le droit des étrangers est plus dur qu’il ne l’a jamais été !
Taha O. violeur et assassin évidemment, devient, en plus, la caution d’une campagne raciste ! Inadmissible !
Richard Moyon,
Militant du Réseau Education sans frontières (RESF)