Richard Poisson

Macron : quelques pistes de solution à long terme

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Billet de blog 16 mars 2022

Richard Poisson

Macron : quelques pistes de solution à long terme

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Un jour il y aura des comptes à rendre

Analyse des événements qui ont amené à la guerre Russo-ukrainienne

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Macron : quelques pistes de solution à long terme

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En guise d’introduction une envie d’écrire à la suite de cette guerre qui amène avec elle une situation d’une injustice insupportable au vu de la situation des populations concernées, quelle qu’elles soient, en premier lieu Ukrainienne bien entendu mais aussi toutes les autres, Russe inclue, qui vivent angoisse[i], colère et conditions économiques difficiles.

Tout d’abord rappel historique qui montre le fonctionnement totalement dégradé de notre système monde.

Période 1990-2010

En 1990, Les deux Allemagnes, la Russie (encore URSS à l’époque), les EU, La France et le Royaume Uni signent le traité de Moscou[ii] qui offre des garanties sur la sécurité de la Russie et sur le non-développement vers l’Est de l’OTAN. Ensuite survient la guerre de Yougoslavie entre 1991 et 2001, au cours de laquelle l’OTAN intervient, dans des conditions peu claires[iii]. Entre 2000 et 2010, les relations Occident Russie sont elles aussi peu claires avec des tentatives de pacte de sécurité européen, motivées par la guerre de Géorgie en particulier[iv] [v]. L’extension de l’OTAN[vi] est significative en contradiction avec le premier point ici.

L’accession au pouvoir de Vladimir Poutine date de 2000 et il règne sur la Russie depuis[vii] cette date.

Concernant l’Ukraine, la révolution Orange a lieu en 2004 et amène l'annulation par la Cour suprême du scrutin présidentiel précédent et l'organisation d'un nouveau vote en 2004 qui voit la victoire de Viktor Iouchtchenko, qui réunit 52 % des voix contre 44 % pour son rival Viktor Ianoukovytch et marque un rapprochement de l'Ukraine avec l'OTAN et avec l'Union européenne.

Il faut aussi mentionner en 2006 l’assassinat des opposants au régime de Vladimir Poutine qui sont Alexandre Litvinenko, et Anna Politkovskaïa, dans des conditions sordides, et dans les deux cas avec l’implication de Vladimir poutine. Aussi, la même année, Gerard Schroeder, qui avait perdu les élections en Allemagne face à Angela Merkel, devient président du North-European Gas Pipeline[viii].

Plus anecdotique la création du « golden visa » en UK en 2008. Il permet aux riches investisseurs de bénéficier rapidement de la nationalité Britannique, moyennant investissements. Plus de 14000 Russes ont bénéficié de ce système, peut être en cours d’arrêt maintenant.

Période 2010-2020

Cette décennie consacre une prise de position de plus en plus belliqueuse de l’OTAN vis-à-vis de la Russie. Ceci culmine en 2019 avec la présentation du plan OTAN 2030 qui met en avant la "menace Russe", menace utile pour les Etats Unis en particulier vis-à-vis de la Chine.

Suspension de la Russie de toute coopération au sein du COR (Conseil OTAN-Russie) fin 2013.

La révolution de Maïdan en Ukraine en 2014, qui fait suite a une prise de position pro russe (ou anti européenne) du président Viktor Iouchtchenko, et qui aboutira d’une part a sa destitution et d’autre part à l’annexion de la Crimée[ix] par la Russie et la création des républiques séparatistes de Donesk et de Lougansk, elles aussi soutenues par la Russie.

Action Russe en Syrie avec le bombardement plus que soutenu d’Alep en 2015.

Quelques constats 

  • La situation est compliquée avec une Ukraine qui dérive lentement vers l’Ouest, une Russie nostalgique ou plus, une Europe fragmentée, une OTAN qui reste belliqueuse et des Etats Unis qui ont un agenda stratégique plus large que ce conflit seul.
    • Ukraine qui dérive lentement vers l’Ouest

Nul doute que l’état d’esprit en Ukraine est dynamique avec une poussée nationaliste qui tend à faire diminuer la taille du clan pro Russe qui existe dans le pays[x] [xi].

  • Russie nostalgique ou plus

La tendance nationaliste en Russie n’est pas à sous-estimer.

Une dictature avec un dictateur sans pitié

  • Europe fragmentée

Intérêts divergents entre Allemagne[xii] (approvisionnement en gaz[xiii]), France ( ?[xiv]), UK (investissements russes), les autres.

Dirigeants très laxistes avec un pouvoir Russe devenu au cours des années de plus en plus lisible.

  • OTAN belliqueuse[xv]

Cf Etats Unis.

Extension soutenue vers l’Est de l’Europe.

  • Etats Unis

Suprématie

Embrigadement des Européens contre une entreprise de domination planétaire de la Chine, en échange de la protection américaine de l’Europe contre la menace russe qui pèserait sur elle.

Souhait d’exporter leur gaz de schiste.

Contexte de l’affrontement Est/ouest encore tenace.

Armement.

  • Les dirigeants européens ont sous-estimé le danger représenté par Poutine et ont continué leurs échanges malgré des nombreuses incartades preuves claires de sa philosophie et état d’esprit (Géorgie, assassinats d’opposants, Syrie, Ukraine et Crimée, dictature). Il semble par ailleurs difficile de comprendre que malgré un G17 et un G20 annuels cette guerre soit une surprise.

Conclusion

Il y eu défaillance de toutes les composantes de l’information et de l’analyse en Europe sur ce qui était en train de se produire. Les grands Allemagne et France doivent s’en expliquer. Les bureaux de l’Union Européenne aussi. En effet, compte tenu de l’évolution « Poutinienne », une action conjuguée et solennelle du couple Franco-Allemand engagée il y longtemps aurait sans doute permis d’éviter le drame actuel.

[i] Première menace de guerre nucléaire

[ii] Il est confirmé, cf site de l’IRIS, la promesse faite par l’occident (au sens large, Etats Unis inclus)  « de ne pas étendre les limites de l’OTAN en direction de l’URSS, elle ne figurait pas dans le traité lui-même, mais de manière implicite (et c’est tout le problème) dans plusieurs « mémorandums »

[iii] Démonstration truquée de nettoyage ethnique, sur un territoire sensible.

[iv] Guerre au cours de laquelle deux républiques indépendantes pro russe sont créées.

[v] Intervention sur ce sujet de Nicolas Sarkozy.

[vi] Adhésion en 1999 de la Pologne, de la Hongrie et de la Tchéquie, en 2002 de la Bulgarie, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie puis en 2009 de l’Albanie et de la Croatie. En 2008 décision de faire adhérer un jour Ukraine et Géorgie. Certains disent que ces adhésions étaient à la demande des pays, mais l’OTAN n’est elle pas assez mature pour comprendre les conséquences de ces adhésions en cascade.

[vii] Sauf la période 2008-2012 ou il « laisse » la présidence à Medvedev.

[viii] Aussi appelé Nordstream 2, reliant la Russie à l’Europe et aujourd’hui arrêté. Les Etats Unis ont toujours luté contre ce projet car concurrençant leur production, avec des menaces de sanction (à l’encontre des sociétés participantes) culminant en 2020.

[ix] Dont l’histoire avec la Russie est bien peu lisible

[x] Phénomène négligé par Poutine dans sa décision d’attaquer l’Ukraine ?

[xi] A ce sujet, l’histoire de l’Ukraine et de la Russie est à examiner en détail.

[xii] Le comportement d’Angela Merkel avec la Russie serait sans doute à analyser. Elle a largement soutenu Poutine.

[xiii] La question est soulevé de la validité d’une forte dépendance énergétique auprès de ce seul fournisseur peu fiable

[xiv] Le comportement de Sarkozy en Géorgie, les atermoiements d’Hollande (Mistral) et les courbettes de Macron à Vladimir Poutine (Versailles 2017 puis Bregançon).

[xv] Cf analyse du général Diamantidis

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