On le savait déjà, la république islamiste n'est pas un pays où les droits de l'homme et surtout ceux de la femme ont une quelconque importance. On sait bien que la soi-disant « révolution islamiste », largement applaudie en Occident, a trainé son interminable cortège de cadavres et son renvoi à une loi du septième siècle qui n'était pas le septième ciel pourtant.
Il suffisait cependant lire en 1979 le « petit livre vert » de l'imam Khomeiny pour comprendre l'absurdité d'un islam de lettre prôné par ce vieillard plein de rancœur, de la loi agraire qui retirait au clergé ses terres au profit des paysans et à l'islam du sens. Bien sûr cet islam là, celui de la haine, prêché par les obscurantistes, n'est pas la cause unique du drame iranien mais c'est lui qui en a profité et fait peser tout son joug sur les Iraniens. Je ne sais pas si le pays allait de l'avant mais je suis sûr qu'il a fait un grand saut en arrière.
L'Iran d'aujourd'hui peut bien revendiquer la grandeur des Mèdes, des Achéménides, des Séleucides, des Parthes et des Sassanides voire même des Abbassides mais il en est à des années lumières ; il est entré dans le siècle des obscurités.
Les femmes n'y sont plus des êtres libres, elles sont possessions des hommes, couvertes de voiles noirs qui ne prennent que le vent de la mort. Comme souvent dans de tels cas, c'est parmi les esclaves elles-mêmes que sont recrutées les surveillantes les plus barbares, des Kapo, une histoire banale des tréfonds noirs de l'âme humaine. L'Iran fol n'est pas à ça près dans ce monde théocratique sans place pour les humains ; il n'y a place que pour une épouvantable idée de Dieu dont certains malades sourds sont sûr d'être les portes parole. Des idées farsi de l'horreur des hommes enturbannés et en robe noire. On se souvient de la répression des manifestations contre les élections truquées qui, il y a un an, a rougi le sol du pays du sang de ses enfants et de ses étudiantes.
Dans ce monde-là, une femme, veuve depuis de nombreuses années, tente de survivre. Vous savez, un bipède avec deux bras, deux yeux et un cœur en deuil probablement, car je ne sais rien du mariage de celle-là. Peut-être aimait-elle son époux, peut-être avait-elle été privée d'amour au pays des grands poètes d'autrefois et avait-elle été vendue par son père ou ses frères. Dans tous les cas, un jour on la jette en prison, aucune plainte n'avait été déposée. La machine incompréhensible est en marche pour écraser Sakineh. La veuve est accusée d'adultère !! N'est-ce pas une stupidité ? Un adultère à sa liberté dans un pays où les femmes ne sont jamais libres.
Elle nie puis, sous la torture, avoue et enfin se rétracte. La torture en Iran doit avoir la même valeur qu'à l'époque médiévale en Europe. Elle reçoit 99 coups de fouet (pourquoi 99 ?) et survit. La peine de mort par lapidation est prononcée.
Lapidation ! Pouvoir islamiste, t'es au rang des barbares. Des hommes peinent à creuser dans un lieu public un trou profond sous le soleil de plomb ; on y glissera la victime, ne laissant hors du trou qu'on rebouche autour d'elle que son visage de madone effrayée. Une grande publicité est lancée pour que le spectacle soit un succès. Alors une meute, car c'est ainsi que certains animaux sauvages se réunissent, s'agglutine pour mettre à mort et jette, sur la tête éplorée qui dépasse, des pierres choisies acérées. A la première, on entendra un cri persan de l'Iranienne martyrisée. Elle est une véritable martyre, pas les assassins qui se font sauter au nom d'un Dieu qui méconnaîtrait l'Homme, sa créature disent-ils, pas non plus les enfants envoyés par Khomeiny pour déminer le terrain face à Saddam, eux furent des victimes de la folie des meurtriers. Il n'y a pas de clé pour le paradis ni pour l'avenir hors la justice.
Miracle ? Sakineh Mohammadi Ashtiani, 43 ans, veuve, mère arrachée à ses deux enfants en 2006 ne sera pas lapidée. Est-ce les effets d'une campagne internationale lancée justement par ses enfants ? Les Fous de Téhéran deviendraient-ils sensibles aux appels du reste du monde qu'ils vouent à une disparition prochaine ? Non, ils ont pris le mot lapidation en se souvenant d'un moratoire qu'ils auraient prononcé ; l'honneur est sauf : on la pendra. On pendra une veuve accusée d'un adultère nié qui se serait passé bien des années après le décès de son époux, sans qu'une plainte n'ait été déposée et que la longue et violente complainte de ses deux enfants ne soit entendue au cours des cinq années de détention à Tabriz. Ils ne peuvent qu'attendre la Naqba, la mise à mort de leur mère.
Son avocat, Mohammad Mostafavi, militant des droits de l'Homme, a indiqué il ya quelques jours ne pas avoir été informé d'un arrêt de l'application de la peine et que sa cliente se trouve toujours en prison. Rebondissement : selon le site d'opposition Rahesabz, Mohammad Mostafavi est porté disparu. La police iranienne, munie d'un mandat d'arrêt, s'est rendue samedi à son domicile, mais il n'y était pas. Sa femme et son beau-frère ont été interpellés. Il aurait déjà été convoqué à deux reprises pour interrogatoire ces derniers jours.
Que la justice est belle au pays de Khamenei et Ahmanidedjad.
Il faut être aussi sourd que les khomeynistes pour ne pas voir qu'il s'agit d'un choc des civilisations entre les tenants des idées de Liberté et ceux qui veulent que la moitié féminine de l'Humanité soit enfermée et la moitié masculine soumise à leur vision d'un Dieu qui ne leur parle pas mais qu'ils pensent incarner. Pauvre Sakineh et pauvre Michel Germaneau dans les mailles finalement d'un même filet de terreur.
Richard Rossin